Wim Wenders (1945) de son vrai nom Wilhelm Ernst Wenders, né à Düsseldorf en Allemagne. Il est à la fois un réalisateur, producteur, scénariste de cinéma et photographe. Il est l'un des représentants majeurs du Nouveau cinéma allemand des années 1960-70. Après avoir entamé des études de médecine puis de philosophie, Wim Wenders entre à l’école de cinéma de Munich. Parallèlement, il publie des critiques de films et des textes sur le rock dans les revues allemandes Kritik et Süddeuttsche. Durant ses années d’études, le jeune homme tourne six courts métrages. Son premier film « Summer in the City », récit d’une errance dans le milieu urbain, sort en 1970 et marque la fin de sa formation. En 1971, il crée, avec d'autres auteurs du nouveau cinéma allemand, le « Filmverlag der Autoren » regroupant des cinéastes s'associant pour produire et distribuer leurs films eux-mêmes. N'étant plus satisfait de ce type de production, Wenders crée, en 1974, sa propre société de production, la « Wim Wenders Produktion ». Les références à l’Amérique et le thème des obstacles à la communication préfigurent ses films suivants. Le cinéaste prouve ensuite la constance de son univers : ses films ne parlent pas du passé, mais du présent, de l'avenir et de la disparition du vieil humanisme européen. En 1984, « Paris, Texas », couronné à Cannes, recèle un potentiel émotif que son film suivant « Les Ailes du désir » confirme par son symbolisme. Tous les univers sont explorés et le réalisateur se penche sur les changements survenus après la chute du mur de Berlin en 1993 dans « Si loin si proche ». Cannes lui rouvre grand les bras quatre ans plus tard pour « The End of Violence », polémique dénonçant la violence aux Etats-Unis. Avec « Buena vista social club », il présente au public un documentaire sur la musique cubaine. Réalisateur engagé, Win Wenders signe « Land of Plent »', tourné en DV, sur les conséquences des attentats du 11 Septembre. Par la suite, il filme la musique blues dans 'The Blues Series : The Soul of a Man' et, en 2005, « Don't Come Knocking » est sur les écrans. Cinéaste engagé jusqu'au bout des ongles, Wim Wenders filme les controverses sans concession et toujours avec succès.

      • Wim Wenders photographe : Il n'est pas seulement le cinéaste reconnu que l'on connaît, il est également photographe. Au début, il photographie pour lui, pour satisfaire sa passion de l'image, qui ne touche pas seulement l'image animée de ses films. Il ne songe alors pas à montrer ses images réalisées en 24 x 36 au moyen d'un « Leica » qui ne le quitte jamais. Elles relèvent de sa sphère privée et ressortent uniquement du plaisir personnel.

      • Pendant l'été 1983, on lui dérobe son appareil photo. En quittant le Japon, où il venait de réaliser le documentaire « Tokyo-Ga », sur le cinéaste Yasujiro Ozu, il fait l'acquisition d'un appareil moyen-format « Plaubel » avec un objectif de 90mm (correspondant à un objectif de 45mm en petit format et proche de celui qu'il utilise dans ses films). À son retour de Tokyo, muni de ce matériel, qui convient parfaitement à son regard, il entreprend un voyage de deux-trois mois, au cours duquel il parcourt de long en large l'Ouest américain, en préparation de son film Paris, Texas. Il avait pris avec lui son appareil pour son plaisir personnel, et très vite, en photographiant ces paysages, cette lumière, il se rendit compte que c'était une autre manière de préparer son film, une autre forme de « recherche », pas tant pour trouver les sites de tournage que pour apprivoiser la lumière de l'Ouest : « Je n'avais jamais tourné dans ces paysages et j'espérais ainsi aiguiser ma capacité de compréhension et ma sensibilité envers cette lumière et ces paysages à travers la photographie ».

    • Wenders a publié en 1993 un ouvrage titré « Einmal » aux Edizione Socrates dans lequel il associe des photographies qu'il a prises aux quatre coins du monde à de petits textes de sa plume, chacun de ces textes commençant par la formule « Une fois... ».

    • Wenders et Hopper : Grand admirateur et passionné par l’œuvre d’Edward Hopper, Wenders n’a jamais fait secret de son adoration pour le peintre américain : « j’ai montré son travail à tous les amis, surtout à mon chef opérateur de l’époque, Robby Müller, et on a pris Hopper pour modèle ». Wenders a su retranscrire l’esthétique Hopper, il a surtout contribué à transmettre, par la photographie et le cinéma les thématiques de son œuvre. Il ne se contente pas de puiser dans l’iconographie du maître, sans véritablement entrer dans son cœur.

      • L’un des cinéastes à avoir perçu très tôt la pertinence des scènes de vie brossées par Hopper est Alfred Hitchcock. Il s’en inspire pour « Psychose » avec le tableau « House by the railroad (1925) » pour figurer la maison de Norman Bates et surtout pour « Fenêtre sur cour » avec la scène de la toile « Night windows (1928) ».

      • Mais parmi les cinéastes inconditionnels et convertis à l’art du peintre, Wim Wenders fait figure de favori. Hopper a influencé l’ensemble de l’œuvre du réalisateur, notamment dans « Paris, Texas » et « La fin de la violence ». Les toiles d’Edward Hopper ont été une véritable source d’inspiration pour le cinéaste aussi bien dans les décors que les scènes de ses films. Tant et si bien qu’en 1997, il lui rend un mémorable hommage dans « The End of Violence ». Il y recrée le dîner célèbre de « Nighthawks » et concrétise le fantasme absolu de tout amateur de cette toile : imaginer un contexte, créer un avant et un après. La magie de l’immobilisme de la peinture de Hopper avec ces personnages comme suspendus dans le temps, est traduite par Wenders en une séquence magnifique, le plus bel hommage que le cinéma puisse rendre à la peinture.

« Il me semble que c'est l'objectif le plus proche de l'œil humain, qui ne déforme pas la vision » Win Wenders

Entire Family, Las Vegas, New Mexico, 1983

Lounge painting #1, Gila Bend, Arizona, 1983

Joshua and John, Odessa, Texas, 1983

Beetle cemetery, Coober Pedy, South Australia, 1988