Martine Barrat (1933) photographe française, née à Oran en Algérie, elle grandit à Paris.

  • En 1968, elle quitte la France et s’installe à New York. Elle débute une carrière artistique de photographe et de réalisatrice. Elle travaille dans les quartiers de Harlem et du South Bronx qui ne cesse de l’inspirer. En parallèle, elle coordonne un atelier de théâtre, de vidéo et de musique avec un groupe de jazz de Saint Louis.

  • De 1973 à 1978, elle réalise une série de vidéos intitulée « You Do the Crime, You Do the time » consacrée sur la vie des gangs du South Bronx dont elle réussit à se faire accepter. Ces vidéos la mobilisent pendant plusieurs années. Le film obtient le Prix du meilleur documentaire à Milan.

  • En 1977, elle débute un travail photographique sur les rues de Harlem qui restent son paysage de prédilection, elle y photographie les clubs de boxe, de jeux, les églises, toute la vie du quartier à l'époque menacée par les pressions immobilières.

  • En 1987, elle publie deux ouvrages « My Friends » et the « Do Die », un récit très intime sur les jeunes boxeurs, avec une préface du réalisateur, Martin Scorsese et une introduction du photographe Gordon Parks.

  • Son travail est exposé dans le monde entier, en Europe, au Japon, en Afrique et aux États-Unis au « Whitney Museum of American Art » de New YoCertains de ses clichés sont publiés dans de célèbres revues, « The New York Times Magazine », « Life », « Vanity Fair », « Vogue », « Paris Match », « Le Monde » et « Libération ».

  • En 2001 elle est élevée au grade de chevalier dans l’ordre des Arts et des Lettres.


C'est à Harlem, la capitale du monde noir, qu'elle consacre l'essentiel de sa vie. Elle retrace l'histoire au quotidien de ce territoire à part qu’est Harlem, la passion d'une femme de cœur. À travers ses photographies, Martine Barrat rend hommage aux habitants qu’elle côtoie depuis des années. Les héros de ses portraits sont aussi bien les hommes, les femmes, les vieillards, les musiciens, les enfants qui tous apparaissent tour à tour à la fois graves, sereins et joyeux. Dans son œil bienveillant elle témoigne de la véritable âme d’Harlem entre misère et flamboyance.

Dès son arrivée en 1968 à New York, elle descend tous les jours dans ce quartier avec son appareil photo, non pas pour faire un reportage, elle ne recherche pas une image en particulier.

« Depuis 1968, je me rends à Harlem tous les jours. Je suis fascinée par l'élégance des gens, leur humour, leur sophistication. Je ne vais pas y faire des photos, je photographie ma vie. Le Leica est le prolongement de mon cœur. Je ne me préoccupe pas de la couleur des gens. Je n'ai jamais peur. Il suffit d'être soi-même. Je suis encore amie avec les gangs que j'ai photographiés en 1973. Enfin, avec ceux qui ne sont pas morts ou en prison » Martine Barrat

« Pour démolir une communauté, il suffit de supprimer les lieux de convivialité. J'ai fait un reportage à Clichy-sous-Bois pour une revue américaine. J'ai eu l'impression d'être dans le South Bronx. L'humidité, les ascenseurs qui ne marchent pas, l'absence de lieu où les jeunes peuvent se retrouver. J'y ai rencontré des personnes merveilleuses, l'amitié, la solidarité. Il faut les écouter pour trouver comment répondre à leurs besoins » Martine Barrat

Le parcours de Martine Barrat est une histoire d’amour, d’amitié et de complicité entre une jeune parisienne et les habitants de Harlem. Dans les rues, on la surnomme « Picture Girl ».

« Il y a vingt ans, ils m'ont donné ce surnom et je l'ai gardé. Je redonne systématiquement leur image aux personnes que j'ai photographiées. Cela me ravit de voir mes clichés sur les buffets. Je réalise aussi de petits tirages pour leurs portefeuilles. J'en ai toujours un sur moi figurant un homme avec son bébé, car je ne les ai pas encore recroisés ».

« Je photographie ma vie et parfois je fais des photos, ce n’est pas la même chose, je connais tous ceux que je prends en photo, ce sont mes amis et je leur offre systématiquement un portrait d’eux. »

Son père adoptif, Gordon Parks parle d’elle en ces termes « Elle photographie la joie et la douleur avec la même honnêteté, prenant dans ses bras ceux qui ont été oubliés par le reste du monde »

Ses photos, sensibles et intimes, montrent le quotidien des enfants, des rues, elle ne pose jamais un regard voyeur, son Harlem respire la rue, c’est un lieu d’échange, d’élégance et de fraternité ou elle se sent chez elle depuis le premier jour.

Gleason Gym New York 1981

South Bronx, New York, 1983

Harlem, New York, 1985

Harlem, New York, 1990