Miguel Rio Branco (1946) photographe brésilien, né à Las Palmas aux Canaries, issu d’une famille de diplomates brésiliens. Il passe son enfance d’un pays à l’autre. Il débute avec la peinture mais rapidement se consacre totalement à la photographie.

  • En 1976 il part vivre à New York ou il obtient son diplôme d’art et suit des cours de photographie au « New York Institute of Photography ».

  • En 1978 il étudie à la « Escola Superior de Desenho Industrial » de Rio de Janeiro. Il débute sa carrière dans les milieux cinématographiques, en travaillant en tant que photographe et directeur photographique. Il commence à collaborer pour l’agence Magnum Photos comme correspondant au Brésil. En 1980 il devient membre de Magnum.

  • Il participe à la première triennale de Sao Paulo, l’année suivante il remporte le prix de la meilleure photographie au festival cinématographique de Brasilia.

  • De nombreuses expositions lui sont consacrées, aux Etats-Unis, au Japon, en Amérique Latine et en l’Europe, en 2005 pour la première fois il est exposé en France, à La Maison Européenne de la photographie à Paris.

Il pratique, parallèlement la peinture à la photographie, c’est le noyau de son travail, qui structure sa création depuis le début. Au début de sa carrière, il réalise des huiles et utilise la technique du collage, c’est à cette époque qu’il commence à expérimenter la photographie et qu’il applique son univers pictural de peintre sur la gélatine afin de procurer une correspondance entre les deux, un va-et-vient entre peinture et photo qui donne l’impression que la photo surgit du tableau et inversement.

« Le peintre rencontre la photographie, le dessin rencontre le collage, la photographie rencontre le cinéma, la musique rencontre la poésie, la poésie rencontre le montage, toutes ces rencontres me permettent de me positionner et de m’exprimer par rapport au monde » Miguel Rio Branco

La définition de son travail, est avant tout la couleur, il s’inscrit dans la mouvance d’un pur coloriste tout en développant une vision, de plaisir et de douleur, de sensualité et de violence, de vie et de mort, comme un retour aux forces primitives. Ses images sont des télescopages permanents, quasi baroques de matières, des tulles transparents avec des photos cousues main, presque de la broderie, et puis à côté, des pare-brises de voitures criblés de balles, des tôles tordues, déchiquetées.

Dans les années 1970, Rio Branco réalise un travail sur les prostitués, dans lequel il cherche à évoquer les façades croulantes et les blessures sur la peau des hommes et des femmes, qui ne sont pas des traces du passé, mais bien des souffrances du présent.

« Je ne savais pas à quel point la situation du Brésil était difficile avant d’y retourner à la fin des années 1960. J’ai été choqué et j’y immédiatement éprouvé ce sentiment de rébellion et d’intolérance face à l’injustice » Miguel Rio Branco

Son regard attiré par des endroits obscurs, il scrute le quotidien amer de ces gens en marge de la société, il les photographie dans des situations de solitude extrême, de sexe, de plaisir, de pouvoir et de violence.

Ses images sont un dialogue avec une implication de règles de représentation et de perception, son travail tisse un jeu complexe avec différentes techniques d’expressions qu’il aime utiliser, avec un discours dense autour de ses photographies.

Ses photos sont faites de chair, de peau, de sang, de salive, de matières palpitantes, d’êtres ancrés dans la terre, mais elles sont aussi faites de couleur et de lumière, d’érotisme et de sensualité qu’il puisse dans la culture profonde du Brésil.

La lumière et la couleur lui permettent de composer un univers très personnel, baroque ou le rouge évoque le sang, la vie, la passion et la douleur, ce rouge est partout et se répand en tache autour de lui. Pour Rio Branco la couleur est de la matière, son utilisation est autant liée à la terre qu’à la peau, c’est pour lui le meilleur moyen d’instaurer dans sa photographie la relation brésilienne du métissage, avec des gammes de peaux qui se déclinent du clair au noir, la peau est aussi la ou se trouve se trouvent les cicatrices, les marques du temps.