« Tout est dans la façon d'interpréter l'instant. »

Herb Ritts (1952-2002) photographe de mode américain né à Los Angeles. Fils d’une famille aisée , il passera son enfance entre le prestigieux palace familial à Beverly Hills et la demeure de vacances d’été à Santa Catalina Island où il avait comme voisins des stars du cinéma et du show-business dont Steve McQueenqui l'emmènera parfois faire un tour à moto dans le désert. Après son diplôme d’économie obtenu en 1974 au « Bard College » de New York, il deviendra représentant de l’entreprise familiale de meubles de ses parents. Parallèlement il commence à prendre des cours du soir en photographie comme un passe-temps parmi tant d'autres et c'est un peu par hasard qu'il commencera sa carrière de photographe. Il avait pour habitude de prendre son appareil photo afin de prendre quelques clichés quand les occasions se présentaient. C’est en photographiant son ami Richard Gere en 1978 dans une station service en plein désert, l’acteur en jean et tee shirt, deux ans avant le tournage de « Américan Gigolo ». La série de portraits alors réalisée sur l’acteur à peine connu arrivera sur un bureau du magazine Vogue américain, débutant ainsi sa carrière d’une manière fulgurante. Il décidera alors de se consacrer à l'art de la photographie à la fin des années 1970 en s'imposant dans le milieu de la photographie.

    • En 1981, Ritts réalisera les photos pour la couverture de l'album « Physical » d'Olivia Newton-John.

    • En 1983, il rencontrera la jeune star Madonna et commencera à travailler avec elle, en réalisant l'affiche du film « Recherche Susan désespérément », puis en 1986 la photo de la couverture de son troisième album « True Blue ». Plus tard à la demande de Madonna, il lui réalisera des clips musicaux comme celui du single « Cherish ».

    • En 1989, il effectuera des séries de photos de Cindy Crawford pour des numéros du magazine « Playboy ».

    • Au cours de ces années 1980 et 1990, Ritts travaillera pour les célèbres magazines tels que « Harper's Bazaar », « Rolling Stone », « Vanity Fair » et « Vogue » réalisant de nombreux portraits de célébrités et des photos artistiques de mode. Après les journalistes ce sont des couturiers comme Ralph Lauren et Versace qui vont s'intéresser à son art. Il devient un des photographes de mode le plus demandé du moment. Il travaillera et réalisera de nombreuses campagnes publicitaire de Calvin Klein à Chanel en passant par Gap, Armani, Levi's.

    • Les clichés de Ritts séduisissent par leurs styles épurés et lumineux. Soucieux de se construire une véritable identité photographique, il travaille avec acharnement. Ses domaines de prédilection sont ceux de la mode et des stars, et il n'hésite pas à mettre les personnalités dans des postures inédites. Glenn Close, Madonna, Jack Nicholson, Cindy Crawford, Christy Turlington, Naomi Campbell, Kofi Annan, Elizabeth Taylor, Mylène Farmer, Michael Jackson, Nancy Reagan, Tracy Chapman et même la main du dalaï-lama. Il réussira même à surprendre la malice de Louise Bourgeois, la splendeur sidérante de Robert Rauschenberg et les vieilles pantoufles de David Hockney. Mais aussi d'illustres inconnus à la plastique avantageuse, tous sont passés sous son objectif audacieux. Son travail photographique est particulièrement célèbre avec ses photos en noir et blanc et ses portraits inspirés de la sculpture grecque classique, ses nus d'homme et de femmes. Ses dernières photos publiées seront celles de l'acteur Ben Affleck dans le magazine « Vanity Fair ».

    • C'est avec beaucoup de cran qu'il publiera, en 1991, son troisième livre « Duo», roman-photo homo qui raconte deux hommes qui s'aiment, Bob Paris et Rod Jackson. « Il faut en finir avec la peur », dira-t-il à la sortie du livre édité par Twin Palms Publishers, ajoutant n'avoir jamais souffert de son homosexualité.

    • Il obtiendra également plusieurs succès en réalisant des clips vidéo. En 1991 il remportera le « MTV Video Music Awards » pour « Wicked Game » de Chris Isaak. Il co-réalisera la vidéo « In the Closet » de Michael Jackson avec la participation du top-model Naomi Campbell et des clips pour Mariah Carey, Britney Spears, Jennifer Lopez et Shakira.

    • En 1994, il publie « Africa », un ouvrage dédié à l'Afrique, présentant paysages, hommes et animaux illuminés. Il a également collaboré au calendrier Pirelli, réputé pour son esthétique soignée.

    • Ritts fera également de nombreuses actions humanitaires et dons entre autres pour « The American Foundation for Aids Research », une fondation pour la recherche contre le sida ont il était atteint. Séropositif, il meurt à Los Angeles des complications d'une pneumonie, laissant derrière lui un riche héritage photographique.

    • En 2000, une rétrospective sera organisée à Paris à la Fondation Cartier. Plusieurs autres rétrospectives lui seront consacrées, rendant hommage à son travail original et consciencieux.

    • Herb Ritts et Madonna : Il se rencontre la première fois à New York en 1983 lors du tournage de « Recherche Susan désespérément ». En attendant l’arrivée de toute l’équipe du film, Herb va lui proposer de faire quelques photos, elle acceptera. Madonna adorant poser, depuis ce jour ils travailleront énormément ensemble, elle sera la personne que Ritts a le plus photographiée de sa carrière en suivant son évolution pendant plus de 15 ans. L’apogée de leur collaboration sera ce cliché réalisé à Hollywood en 1986, la couverture de l’album « True Blue ». Sur les conseils d’Herb Ritts, Madonna a réussi à se débarrasser du superflu et de son air ténébreux. A 28 ans, elle est déjà star et son troisième album se vend à plus de 20 millions d’exemplaire, un record sans précédent.

    • La photographie en est l’expression la plus aboutie, Herb Ritts saisit Madonna tout en y révélant une métamorphose à travers une pose minutieusement élaboré. Madonna change de peau, son blouson noir masculin, symbole du coté brutal de la vie, lui glisse sur l’épaule avec la délicatesse d’une robe du soir. Son corps émerge à la lumière du soleil californien comme une fleur. La pose est parfaite et impeccable, la tête légèrement en arrière, les cheveux sculptés, les yeux fermés et la bouche entrouverte. L’épaule rééquilibre la pointe du menton et le jeu d’ombre noire sur le mur en forme de pointe est sur le point d’inciser l’écorce d’un fruit défendu.

Les photographies de Herb Ritts sont naturelles, tel est son secret. Il sait regarder les femmes comme les hommes avec une égale attention, ses photos sont toujours un hommage à la splendeur des corps, son regard s’était formé sur l’exemple des classiques de la mode et de la séduction masculine de Horst à List, de Platt Lynes à Hoymingen-Huene. Plus à l'aise en extérieurs qu'en studio, cet autodidacte pendant quelques années, découvre Man Ray et Brancusi, tout en enchaînant des séances de pose. Il est scrupuleux sur le choix de ses modèles, à l'image du maître Helmut Newton, avec une attirance pour les femmes et les hommes de couleur, dont Naomi Campbell qui se prêtera à toutes les ambiances, à tous les rêves. Robert Mapplethorpe lui apportera un témoignage sur les homosexuels, les pratiques masochistes, tout cet univers où il évoluait.

L’œuvre photographique de Ritts est d’une extrême sensibilité, ses photographies ont un érotisme accessible, elles font coexister sensualité et érotisme ou il a su en dépouiller tout excès inutile. Face-à-face avec les célébrités il va trouva peaufiner son style, avec un noir et blanc d'une densité parfaite exprimant une beauté intérieure. Herb Ritts était un vrai fou de photographie. Il disait qu'être photographe était une chance.

« Par mes origines et mon éducation californiennes, j'ai toujours eu une attirance, un goût inné, pour la lumière, les matières, la chaleur. » Herb Ritts

Madonna, Hollywood, 1986

couverture de l'album True Blue

Cascade, Hollywood, 1989

Djimon avec un Poupe, Hollywood, 1989

Stéphanie Seymour, Cindy Crawford, Christy Turlington,

Tatjana Patiz et Naomi Campbell, Hollywood, 1989

Christy Turlington en blanc, Hollywood, 1990

Naomi Campbell, Voiles Versace, El Mirage, Californie, 1990