Hervé Gloaguen (1937) photographe français né à Rennes, à 20 ans il intègre les Beaux-arts de Rennes. Il n’y reste qu’une année et se rend à Paris en 1958 pour étudier à l’école de photographie « ETPC » de la rue de Vaugirard, qu’il quitte au bout de 6 mois, décidant de pratiquer la photographie en autodidacte. Il débute en photographiant les milieux du théâtraux parisien, tout en découvrant le jazz à la Nouvelle Orléans.

    • De septembre 1960 à septembre 1962, il effectue son service militaire dans la Marine.

    • En 1963, impressionné par ses photographies, le cinéaste Chris Maker le recommande au magazine « Réalités ». La même année, il devient l’assistant du photographe Gilles Ehrmann qui l’initie à la technique professionnelle, ainsi qu'aux théories esthétiques et philosophiques. Il reçoit dès lors des commandes pour des reportages industriels et des sujets plus journalistiques

    • En 1965, passionné de Jazz, il parcoure l'Europe et les États-Unis afin de réaliser des commandes et des reportages personnels, il photographie les plus grandes célébrités du monde du Jazz, Miles Davis, Louis Armstrong et Ray Charles, fasciné par l'Art Contemporain américain, il effectue des clichés du peintre Andy Warhol en 1966, du chorégraphe Merce Cunningham, du compositeur Karl Heinz Stochausen et réalise une série sur les plasticiens vivant à Paris dans les années 70, un reportage qui donne lieu à l’édition de son premier ouvrage « L’art actuel en France ».

    • En 1971, Hervé Gloaguen rejoint l’équipe de l’agence « VU ». Mais les « Éditions Rencontres » qui soutenaient l’agence se retirent, laissant un ensemble de photographes déçus.

    • En 1972, il est l'un des fondateurs de l’agence de presse « Viva », agence contestant et contestée dont la devise implicite est de « Faire des photographies personnelles sur des thèmes qui concernent tout le monde » à ses cotés on compte, Alain Dagbert, Claude Dityvon, Martine Frank, François Hers, Richard Kalvar, Jean Lattes et Guy Le Querrec. Il travaille au sein de l'agence pendant dix ans produisant des reportages d'actualité et des travaux de longue haleine, sur les Partis communistes européens (PCF, PCI, PCE), la Révolution des œillets au Portugal en 1974, la chute de Saïgon en 1975, les élections en Italie de 1976 et en Espagne de 1977, et parallèlement travaille sur la réalisation d'un ouvrage sur la ville de Lyon qui voit le jour en 1982.

    • A partir de 1980, il travaille à créer un langage photographique en couleurs, sans flash, contrôlé et systématique, axé sur les deux pôles qui font le reportage moderne, le réalisme du reportage et la subjectivité des images.

    • En 1975 il entreprend ce type de reportage nocturne sur Rome, qui s’achève en 1995 par un essai photographique, « Rome, la nuit ».

    • Depuis 1982, il est représenté par l’agence Rapho, signe plusieurs reportages en couleurs dans le magazine « GEO » et effectue de nombreuses publications. Il se rend à plusieurs reprises en Afrique pour le compte de l'Institut Mérieux de Lyon, ainsi que le Haut Commissariat aux Réfugiés de Genève. Il participe, comme photographe, de 1990 à 1998, aux raids aériens d’Air Solidarité qui lui permettent de survoler une grande partie de l’Afrique, puis réalise un reportage sur le commerce mondial du sang diffusé dans la presse internationale.

    • En 1997, il voyage au Pérou et en Bolivie. En 2002 il entame un essai photographique sur Londres.


Photoreporter et grand voyageur, Hervé Gloaguen commence par se glisser dans les salles de concert à la nuit tombée pour s'adonner au culte du jazz. Il joue de la trompette et de la batterie, mais après avoir manié le Rolleicord, son instrument préféré reste le Leica, signant une œuvre photographique avec des clichés hauts sur la partition, en noir et blanc ainsi qu’en couleur, son objectif peint l'avant-garde.

« Je ne cessais d’entendre répéter autour de moi qu’il ne se passait rien à Paris, dans le cadre de l’art contemporain. On citait New York, Londres, Dusseldorf, Cologne, Zurich, mais jamais Paris. J’ai fait œuvre de journaliste, je suis allé voir si c’était vrai. » Hervé Gloaguen

Il a la ferveur du jazz, et non le « délire du jazz », dit-il, au point de décharger des wagons en gare de Rennes pour se payer sa première trompette. À ses débuts, il lui suffit d'avoir un Burberry sur le dos et un appareil photo pour entrer à l'œil à Pleyel ou à l'Olympia.

« On arrivait tôt, quand la salle sentait encore le tabac froid, éclairée comme un navire à quai la nuit avec, sur scène, un piano Steinway, luisant et noir, campé sur ses pattes comme un taureau de combat qui attend son heure. De mon côté, je préparais mes films qu'il fallait ensuite pousser jusqu'à 1.000 Asa, faute de flash, tout en apercevant entre deux portes Ella Fitzgerald ou Sony Rollins ».

Louis Armstrong, Paris, 1965

Andy Warhol, New York, 1966