Gjon Mili (1904-1984) photographe américain d’origine Albanaise, né à Korçë, dans le sud de l'Albanie, il grandit en Roumanie jusqu'en 1920, il poursuit ses études à Bucarest. En 1923, il émigre aux États-Unis et prend la nationalité américaine. Il suit des études d'ingénieur en électricité à Cambridge, au « Massachusetts Institute of Technology » jusqu'en 1927 qui l’amène à rencontrer Harold Edgerton, inventeur du flash électronique et photographe devenu célèbre par ses décompositions du mouvement dans les hautes vitesses.
Dans les années 1930, il devient le pionnier en utilisant des photoflash pour capturer une séquence d'actions dans ses images, il est le premier à utiliser un flash électronique ainsi que de la lumière stroboscopique afin de pouvoir créer des photographies qui ont plus d'intérêt scientifique. Il travaille avec les appareils photos à lentille ouverte pendant plusieurs secondes, au 1/100 000. Il est réputé pour l’intérêt scientifique que présente son art, notamment pour sa capacité d’enregistrer et d'expliquer les mouvements photographiés.
Jusqu'en 1938, il travaille pour la firme Westinghouse, parallèlement poursuit des recherches technologiques, il met au point une nouvelle lampe au tungstène pour la photographie couleur.
À partir de 1939, sa photographie prend de plus en plus d'importance dans sa vie, tout en se passionnant pour la technique et en restant fidèlement attaché à un statut de photographe indépendant. Il collabore au sein du magazine Life, il effectue une photographie du champion de tennis Bobby Riggs en pleine action publiée dans la a revue, il commence une longue collaboration et travaille régulièrement au sein de l'équipe photographique du magazine ainsi que pour d'autres magazines prestigieux.
En 1944, il commence à utiliser le cinéma, tout en poursuivant ses recherches sur le mouvement, il s'attache au monde de la danse et de l'opéra qui lui fournit la matière dans laquelle couleur, jeu d'espaces et de temps lui permettent de mener à bien une expression originale.
Au cours de sa carrière, il reçoit de nombreuses et prestigieuses récompenses, à la fin de sa vie, tout en publiant, en exposant ses œuvres, il devient enseignant. De manière cocasse, Milli photographe aux portrait si peu conventionnels, affiche dans son studio new-yorkais cette maxime, « All the world’s a camera look pleasant, please ».
Autodidacte, il est l’inventeur de la discipline artistique du « Space- writing » (écrire avec la lumière), une rencontre de deux modes d’écriture, la photo et le graffiti afin de pouvoir dessiner un nouvel espace lumineux, un nouvel espace de création. Ses photographies sur la danse, l'athlétisme, la musique et les représentations théâtrales révèlent la complexité belle et gracieuse d’un flux de circulation trop rapide ou trop complexe pour que l'œil humain puisse le discerner. Ses portraits d'artistes, musiciens et autres stars de l’époque sont tout aussi magistrale.
Le trait le plus frappant de son travail reste la cohérence de ses centres d'intérêt, tous marqués d'une passion sans borne pour les mystères du temps et de son déroulement, le jazz lui fournit l'occasion de morceaux de bravoure allant du portrait, de la décomposition des mouvements de danse jusqu'à un film émouvant.
Il fait jouer devant son objectif des artistes comme Pablo Picasso, Raoul Dufy ou Salvador Dali, sa passion pour le classicisme grec se matérialise en un grand essai publié par le magazine Life. Dans toutes ses photographies, il s'attache à montrer, avec une tendresse humaniste, ses découvertes, transfigurées par une étonnante maîtrise technique. Un chat ou un jouet, Alfred Hitchcock faisant le pitre en mouvement décomposé, une salle de répétition habitée d'ombre deviennent de brefs moments de poésie. Son œuvre photographique est drôle et impressionnante, mais dans le même temps est un document unique, en trois minutes de film, il a une rare efficacité de montrer son ami Henri Cartier-Bresson au travail, en réalisant la plus belle analyse du maître de « l'instant décisif » en ludion voleur d'images.
« Le temps peut vraiment être arrêté. La texture peut être conservée malgré un mouvement violent et soudain. » Gjon Mili
Willa Mae Ricker and Leon James, Lindy Hop, 1943
Gene Kelly, Exposition Multiple, 1944
Pablo Picasso, Atelier de Poterie Madoura, Vallauris, 1949
Match de Basket, Madison Square Garden, New York, 1951