Irina Ionesco (1930) photographe française, née Irène Ionesco à Paris de parents immigrés roumains. Dès l'âge de quatre ans, elle rejoint la Roumanie où elle est élevée par sa grand-mère, dans la ville de Constanza.

  • En 1946, elle s’installe avec sa grand-mère en France à Paris pour fuir l'occupation russe. Irina se met à travailler la danse dans différentes troupes puis monte son propre spectacle de danseuse aux serpents. Pendant plusieurs années, elle se produit sur les scènes de toute l'Europe.

  • En 1958, contrainte à un séjour d'un an dans un sanatorium, elle abandonne toutes ses activités de danseuse et se tourne vers la peinture et réalise des toiles de lieux vides, où sont souvent représentés des objets féminins en signant ses œuvres picturales « Irène Ionesco ».

  • En 1964, à la Coupole à Paris, un soir elle rencontre un homme, l’artiste peintre d’avant-garde belge Corneille, fondateur du mouvement Cobra, bardé d'appareils photo qui lui offre un reflex Nikon et qui devient son compagnon durant dix ans.

  • En 1965, elle rencontre le modèle Anouk avec laquelle elle réalise sa première photographie intitulée « Chevelure Raphaëlite » Le jeu de l'univers Ionesco commence, elle comprend que les lieux vides doivent être habités par une femme qui serait le double d'elle-même. C’est à partir de cette date, qu’elle se passionne et utilise la photographie avec les femmes qu'elle rencontre ainsi que sa fille pubère, Eva, des clichés qui alimentent le débat international dans les années 70.

  • En 1974 elle réalise sa première exposition personnelle à la galerie Nikon de Paris et publie de son premier livre. Toute de suite elle devient une révélation pour le monde de l'Art ainsi que le grand public et marque le début d'une longue série d'expositions personnelles et de publications diverses en France et à l'étranger.

  • En 1978, elle photographie en couleur des icônes et effectue son premier reportage de mode dans « Mode International ».

  • En 1982, elle expose pour la première fois des images en couleur. En 1983 Irina travaille à son projet « Pour une Pyramide » un parcours psychanalytique illustré par des images, des empreintes des natures mortes, des textes, des récits de rêves et des « hasards objectifs ».

  • En 1984 la photographe travaille pendant un an sur « Whatever Happened To Baby Jane », en s'introduisant dans le film de Robert Aldrich par un jeu de superpositions.

  • En 1988 elle part en Égypte et découvre l'Orient. En 1989 elle répond à une commande de l'Unesco, sur les villes englouties par les sables en Mauritanie et les femmes qui y vivent.

  • En 1990 elle travaille à l'édition des « Immortelles ». Part en mission photographique en Tunisie sur l'invitation de Frédéric Mitterrand pour effectuer un reportage intitulé : « Les rituels et les jours » mettant en scène les mariages, la religion, les cérémonies de tatouages. En 1991 Elle obtient la bourse Léonard de Vinci, éprise par l’Orient, Irina Ionesco partage son temps entre Paris, le Caire, Alexandrie et les pays du Maghreb.

  • En 2004 elle publie le premier volet de son roman autobiographique « L’œil de la poupée » aux Éditions Des femmes.

  • De 2009 à 2010 elle expose au Brésil sur l'invitation de l'Ambassade de France à Brasilia, expositions à Brasilia, Sao Paulo et Rio de Janeiro.

  • En 2011, sa fille, Eva Ionesco engage à nouveau un procès contre sa mère pour atteinte au droit à l’image et à la vie privée de sa fille pour les photos prises durant les 1970. Irina en décembre 2012, est condamnée par le tribunal de grande instance de Paris à verser à sa fille 10 000 euros de dommages et intérêts au lieu des 200 000 euros demandés. En revanche, le TGI de Paris rejette la demande d’Eva de récupérer la propriété des négatifs de sa mère où elle figure et également celle de la destruction des négatifs relatifs à sa personne.

  • De 2000 à 2012 Irina collabore avec différents magazines pour la réalisation de photographies de mode, dont le magazine français Stiletto. Une importante nouvelle dimension de l'œuvre d'Irina Ionesco autour de la féminité est ici révélée sous un jour nouveau. Elle réalise dans ce nouveau domaine d'écriture photographique, en à peine plus de dix années, l'équivalent d'une œuvre artistique majeure qui rejoint l'Histoire de la photographie de mode.

Elle débute la photographie en autodidacte, en réalisant des clichés de ses amis et de leurs filles, utilisant des bougies pour l’éclairage, vidant les placards emplis de vêtements chics et de costumes de scène pour habiller ses modèles. Son travail est connu par ses théâtralisations de femmes savamment vêtues, parées de bijoux, gants, accompagnées d'objets symboliques, des foulards, des loups, utilisant aussi des symboles fétichistes, parvenant à des poses parfois provocante ou érotique. Ses modèles souvent dénudées sont présentés comme objets de possession sexuelle, sulfureux et qui semble déranger.

Dès le début, elle n’utilise que le noir et blanc en y restant fidèle, à partir de la fin des années 1970, elle se tourne vers la couleur, étape marquante dans sa carrière.

La réalité chez Ionesco, n’est pas moins érotique que des rêves anciens, la couleur de la chair, des cheveux, des lèvres, des ongles de la femme photographiée rend celle-ci proche et provocante. Elle est toujours à la recherche du temps perdu, elle traque le secret des visages, des corps jusqu’au fruit défendu. Ses modèles sont des créatures sortis des placards, d’elle-même.

Elle collabore au sein de nombreux magazines grands publics et artistiques comme « L’Œil », « Connaissances des arts », mais également dans certains autres érotiques ou pornographiques comme « Playboy », « Playmen » et « Penthouse ». Sous ses objectifs ont défilé des célébrités, Sylvia Kristel, Elisabeth Huppert pour l'édition française du magazine « Playboy » et d'autres modèles connus ou pas, mais qui ont contribué à l'essentiel du corpus de son œuvre photographique, Fafa, Natacha, Vivianne, Maroussia, Sacha entres autres.

« La photographie est pour moi un élément essentiellement poétique, je l'envisage comme une écriture théâtrale, où je fixe dans un déroulement obsessionnel et incessant tous mes fantasmes. Chaque séance, mise en scène, est conçue comme une séquence théâtrale, intègre la femme dans un univers de rêve, où elle-même est mythique, multiple, inventée, et revêt tour à tour les facettes des mille miroirs dans lesquels l'artiste se plonge. Je ne conçois l'érotisme qu'à travers une dimension métaphysique. J'aime l'excès, l'onirisme, l'insolite. Aussi, je fais mienne cette phrase de Baudelaire : Dans l'art, il n'y a que le bizarre qui soit beau. » Irina Ionesco

Elisabeth Huppert, 1980

Tessa, 1982

Dominique Laffin, 1982