Cecil Beaton (1904-1980) photographe anglais né Cecil Walter Hardy Beaton à Londres, fils d'un marchant de bois ayant repris l’affaire familiale, à ses heures perdues son père est acteur amateur ou il rencontre sa mère jouant le premier rôle dans une pièce de théâtre.

    • En 1916, à l’âge de 12 ans, il reçoit en cadeau un appareil photographique, réalise ses premières photos, celles de ses sœurs, Nancy et Barbara, développe lui même ses tirages dans le sous-sol de la maison familiale. Tout en continuant parallèlement la photographie, il étudie l’histoire, l’art et l’architecture au collège St John de Cambridge.

    • En 1925, il abandonne ses études, sans aucun diplôme, rejoint l’affaire familiale peu de temps, ayant des rêves ambitieux et voulant vivre la grande vie, il constitue un album qui lui permet de se faire connaître et de réaliser sa première exposition dans une galerie à Londres en 1926. Il ouvre son studio pour effectuer des photographies de mode et des portraits. Très rapidement repéré, il est embauché par le « British Vogue », comme illustrateur puis signe un contrat en 1931 avec le magazine en tant que photographe et réalise sa première couverture en 1932, revue ou il reste jusqu'en 1950 au coté du photographe Henry Clarke. Dans le même temps, il collabore activement au sein des revues « Harper’s Bazaar » et « Vanity Fair ».

    • En 1939, il est nommé photographe officiel de la cour Royal britannique. Durant la Seconde Guerre mondiale, il sert au ministère britannique de l’information, il couvre les combats dans les zones africaine et asiatique. Il effectue de nombreux clichés des pilotes de combat de la Royal Air Force et réalise des reportages de la population britannique, images publiées en 1942 dans son ouvrage intitulé « Winged Squadrons ». Il a une prédilection pour les portraits artistiques avec de somptueux accoutrements qui révèlent rapidement une seconde passion, celle de costumier qu'il développe dès 1940.

    • En 1948, il photographie les spectaculaires robes de bal du créateur de mode, Charles James. Au début des années 1950 son modèle favori est l'élégante mannequin Fiona Campbell Walter, alors jugé démodé, il est renvoyé de Vogue et s'installe en photographe indépendant et étend son activité en s'orientant vers la décoration pour le théâtre et pour le cinéma.

    • Il est alors reconnu dans le monde entier, notamment en France où il photographie Coco Chanel, Elsa Schiaparelli, ses amis intimes, Jean Cocteau et Pablo Picasso. Puis, il traverse Atlantique pour New York et Los Angeles ou il immortalise les plus plus grandes stars hollywoodiennes, Greta Garbo, Johnny Westmuller, Frank Sinatra, Marlon Brando , Audrey Hepburn, Grace Kelly et Marilyn Monroe.

    • Le 2 juin 1953, il portraitiste Élisabeth II lors de son couronnement dans l'abbaye de Westminster.

    • En 1956, il travaille à la conception des costumes pour la première version de « My Lady Fair » avec Julie Andrews, puis à la seconde avec Audrey Hepburn, avec laquelle il remporte l’Oscar du meilleur costume en 1964.

    • En 1964, il intègre la « Royal Photographic Society », organisme fondé afin de promouvoir l'Art et la Science de la photographie.

    • En 1972, il devient Commandeur de l’Ordre de l’empire Britannique, s’appelant désormais Sir Cecil Beaton.

    • En 1974 atteint d' une attaque, paralysé du côté droit, pour pouvoir continuer à subvenir à ses besoins, il vend une partie de ses portraits à la salle de vente « Sotheby’s », qui organise des ventes aux enchères en 1977 et 1980, année ou il s’éteint à l'age de 76 ans.


Il est un dandy, un esthète, un snob, avec une façon blasée de fréquenter le beau monde, d'en connaître les codes, les qualités et les défauts. Ses talents sont multiples, photographe, scénographe, costumier, styliste, acteur, auteur, réalisateur, peintre, caricaturiste, décorateur, maitre à penser en style et en allure.

Sa philosophie est aux antipodes de celle de Henri Cartier-Bresson, l'exact opposé de la poétique du moment décisif, du cliché spontané, pour lui la photographie est une image construite artificiellement à travers une mise en scène minutieuse et métaphorique. Il ne recherche pas le vrai, il est obsédé par tout ce qui éblouit, décore, embellit, il construit un monde illusoire à l'abri de la médiocrité et de l'ennui.

Pour lui la beauté ne dure pas et il le sait bien, il faut la cultiver avec entrain et conviction, dans toutes ses images tout le monde est beau. Il peaufine sa lumière, cesse d'améliorer ses compositions et transforme les stars d'Hollywood, les têtes couronnées, les aristocrates anglais, en véritables statues grecques.

« Il est le prince d'un royaume de paillette. » Erwin Blumenfeld

Dans ses portraits, il assemble des arrières plans riches de références, allant d'atmosphères surréalistes sophistiquées à des toiles de fond frivoles que l'on attribuerait de nos jours au soap opera, il mélange Moyen Age, rococo, éléments de la peinture orientale, surfaces réfléchissantes en tout genre, ses mises en scène désuètes sont traitées avec ironie ou avec une intention purement commémorative.

« Soyez audacieux, soyez différents, mettez de coté votre esprit pratique, contrairement à ceux qui ne prennent aucun risque, aux créatures de la banalité, aux esclaves de l'ordinaire. » Cecil Beaton

A la manière d’un chef de cérémonie, son œuvre retrace un monde complet, d'un monde raffiné, son travail enjambe les hauts et les bas de son siècle, la famille royale britannique, la noblesse, la bohème londonienne et les milieux underground de New York.

Dès les années 20 et jusqu’à la fin de sa carrière, il s’impose par son habileté à restituer l’élite internationale, les vedettes, les grands créateurs, une galerie de portraits, ceux de Coco Chanel, Marilyn Monroe, Audrey Hepburn, Pablo Picasso, Gertrude Stein, Colette, Salvador Dali, Alfred Stieglitz, c'est le portrait d’un siècle, apportant une contribution irremplaçable à l’histoire de la photographie du XXe siècle.

« La beauté est le mot le plus important du dictionnaire. » Cecil Beaton

Audrey Hepburn, My Fair Lady, 1963

En 1963, lors du tournage de la comédie musicale du film My Fair Lady de George Cukor, Audrey Hepburn prend la pose dans le studio de Cecil Beaton, avec le costume qu'il a réalisé lui même. Et si le travail est plus facile avec l'actrice, cela ne l’empêche pas de peaufiner sa lumière, d'améliorer sa composition et de transformer la star hollywoodienne en statue grecque.

Audrey Hepburn, 1964

Mick Jagger, 1970

Une star, un décor, image par excellence qui porte la signature de Cecil Beaton, avec un arrière plan typiquement redondant, excessif, afin de détourner l'attention du sujet. Son choix judicieux de placer le chanteur des Rolling Stones, Mick Jagger à l'envers créée une tension visuelle captivante, qui compense le fond.