Ansel Easton Adams (1902-1984) photographe américain, né à San Francisco, fils unique issu d’une famille bourgeoise, de Charles et Olive Adams. Il est un enfant hyperactif qui tombe souvent malade, quelque peu instable à l'école, son père décide de lui faire arrêter ses études en 1915, dès lors il reçoit des cours particuliers par sa tante Marie et par son père puis reprend ensuite le chemin de l'école jusqu'en troisième. Il commence à étudier la musique et le piano qu’il continue de pratiquer jusqu'à la fin de sa vie.

  • En 1914, l'exposition qui accompagne l'inauguration du Canal de Panama, déclenche sa passion pour la photographie. Passion qu'il met en pratique dès l’âge de 14 ans, en 1916 il réalise ses premières photographies dans la vallée du Yosemite en Californie, équipé d’un Kodak N°1 Box Brownie.

  • En 1919, il rejoint le « Sierra Club » militant pour la protection et la sauvegarde de la nature et de ses espèces sauvages. En 1922 il publie son premier article illustré dans « Sierra Club Bulletin ». En 1928 il épouse Virginia Best dans le parc Yosemite.

  • En 1927, deux rencontres sont déterminantes pour Adams, d’une part le mécène Albert M. Bender qui financièrement l’aide à concrétiser ses projets et d’autre part celle du célèbre photographe Edward Weston.

  • En 1930, il rencontre Paul Strand qui lui fait découvrir dans la photographie un véritable moyen d’expression, la conception strandienne d’une photographie pure, la « straight photography », qui incite Adams à opter définitivement pour la photographie.

  • En 1932, il fonde avec Edward Weston, Willard Van Dyke, Imogen Cunningham, le groupe f/64 qui devient un haut lieu de la « photographie pure », f/64 se rapportant à la plus petite ouverture du diaphragme d'un appareil-photo de grand format, elle donne la profondeur de champ maximum, rendant la photographie très nette du premier plan au dernier plan, du premier plan à l’infini, l’image doit tout englober sans aucune manipulation aussi bien à la prise de vue qu’au tirage, sauf si cela accroît la profondeur de champ. Cela correspond à la théorie de la photographie pure que le groupe adopte en réponse au « pictorialisme » qui est toujours en vogue.

  • En 1933 il fait la connaissance du photographe Alfred Stieglitz, très impressionné par son travail, l’expose dans la galerie de son épouse « Américan Place » à New York. La même année Ansel ouvre sa propre galerie à San Francisco. En 1937 lors d’un incendie dans sa chambre noire il perd 20% de ses négatifs.

  • En 1940, il participe en compagnie de McAlpin à la fondation du Département de la Photographie au « Museum of Modern Art » de New York.

  • En 1941, il commence à développer, sa théorie du « zone system » avec Fred Archer, permettant d'obtenir à la fois, acuité, précision ainsi qu’une large palette des tonalités en noir et blanc.

  • En 1943, deux ans après l'attaque de Pearl Harbor, il se rend dans un camp d'internement de Japonais Américains. Il en publie un ouvrage intitulé « Born Free and Equal » accompagné de textes qui dénoncent avec virulence la violation des droits civiques. Après la guerre, il se consacre à l'enseignement des techniques de prises de vue et fait éditer une série d'ouvrages qui de nos jours restent des références dans le monde de la photographie.

  • En 1946 il remporte son premier prix Guggenheim pour ses photographies des parcs nationaux puis une seconde fois en 1948.

  • En 1949, il croise la route du Dr Edwin Land, l'inventeur du Polaroid, Adams de suite l'utilise et contribue à diffuser ce procédé.

  • En 1953, Adams poursuit ses pérégrinations à Hawaii, en Alaska, dans le Maine et réalise avec Dorothea Lange, un reportage sur la vie des Mormons en Utah, commandé par le Life Magazine.

  • En 1958, il reçoit pour la troisième fois le prix Guggenheim. En 1962, il se retire dans les Carmel Highlands et devient président de l'association « Friends of Photography ».

  • En 1970, il participe à la création du « Center for Creative Photography » de Tucson, en Arizona, où se trouve actuellement son fonds photographique. Il réactualise ses parutions techniques, rédige son autobiographie et en 1979 effectue le portrait du président Jimmy Carter.

  • En 1985, un an après son décès, la réserve naturelle le long de la crête de la Sierra Nevada, la « California Wilderness Act » en doublant son étendue, est renommée en hommage au photographe « Ansel Adams Wilderness », ainsi qu’un mont culminant à 3 586 m, porte son nom, le « Mount Ansel Adams ».


Ansel Adams est connu pour ses photographies en noir et blanc de l'Ouest américain, de la Sierra Nevada et du parc national de Yosemite. Il est un lutin barbu, un visionnaire écologique qui magnifie la nature, par ses clichés de paysages, d’arbres et de montagnes, il rend la photographie à son innocence, à sa pureté basique et lui permet d’entrer dans les fonds des musées nationaux.

« Tout est ici si beau et si magique, une telle force de beauté qui ne peut être décrite. Il faut vivre ici et respirer ce lieu. Ciel et paysage sont tellement immenses, et chaque détail si précis et si intense. » Ansel Adams

Le « Zone System », en 1941, Adams en collaboration avec le photographe Fred Archer, commence à développer le « zone system », procédé sensitométrique, ensemble ils mettent au point cette technique qui permet de déterminer l'exposition correcte ainsi que l'ajustement du contraste sur le développement du tirage final. Ils maîtrisent dès lors le rapport entre l'objet photographié et son rendu photographique en termes de lumières et de valeurs. Une codification qu’Adams détermine en découpant l’écart de contraste par des zones. Chaque zone reçoit un numéro. La zone 0 correspond au noir absolu et la zone 9 au blanc le plus pur. Entre ces deux extrêmes se trouve la zone 5, qui est un gris moyen. Chaque zone est en relation avec ses voisines, elle est deux fois moins lumineuse que celle de droite et donc deux fois plus que celle de gauche, les niveaux de gris sont alors comme des notes sur une partition musicale. Avec sa méthode du « Zone System », il veut l'acuité, la profondeur de champ, la précision et la clarté, aussi bien à la prise de vues qu’au tirage et surtout obtenir la qualité dans ses reproductions. Toute la chaîne de l’image est enfin englobée, ce système devient sa marque de fabrique dans ses clichés.

Dans un premier temps Ansel utilise des appareils photographiques grand format, qui malgré leur taille, leur poids, le temps de mise en place et le prix des films sont un bon moyen, de par leur résolution élevée, de s'assurer du piqué de l'image. Sa théorie de l’image intense et précise change radicalement le monde photographique aussi bien aux États Unis qu’en Europe.

Il est tout à la fois un musicien de talent, pianiste accompli, un ardent défenseur de la nature, un combattant inlassable des inerties et des intérêts spéculatifs des politiques, un enseignant qui apporte énormément à son pays, mais surtout un maître, un pionnier de la photographie américaine, devenu son propre éditeur exigeant, effectuant lui-même ses tirages aux nuances parfaites et infinies. Il rompt l’incestueux mariage entre la peinture et la photographie de l’époque, à base de flou et d’incertain, le « Pictorialisme ».

Avec pour seule arme, une chambre photographique, il ouvre une fraîche fenêtre de plein air dans la photographie de son époque. Le ciel semble se pencher sur ces photos, elles n’ont pas le moindre flou, sont artistiques et d’une précision qui n’a jamais été égalée, elles sont une alchimie parvenant à une beauté pure. Il se passe dans les photographies d’Ansel Adams un vaste souffle d’espace, un grand vent d’immensité.

Dans ses photos, la sensation de la présence mystique n’est pas seulement le fruit du choix de moment sublimes et de point de vue inattendus, mais c'est aussi son légendaire talent technique grâce auquel une scène ordinaire se mue en objet précieux et lumineux.

« La photographie est plus qu'un moyen pour communiquer efficacement des idées. C'est un art créateur. » Ansel Adams

Son œuvre se résume en un témoignage et une fusion avec la nature, un parcours vers la lumière de la chambre obscure et la profondeur du champ de la conscience.

« Ne prenez pas de photos, faites des photos. » Ansel Adams

Ami proche de ses collègues Alfred Stieglitz, Edward Steichen, Edward Weston, Minor White, Beaumont Newhall, Paul Strand, Dorothea Lange, Imogen Cunningham, Edwin Land, il influence depuis, des centaines de photographes qui trouvent grâce à sa photographie, un nouveau souffle.

« Rien n’est pire que la reproduction exacte d’un concept flou. » Ansel Adams

Site Officiel : The Ansel Adams Gallery

Factory Building, San Francisco, California, 1932

Moon & Clouds, Kern River Basin, Sierra Nevada, California, 1936

Aspens, Dawn, Autumn, Colorado, 1937

Hernandez, Nouveau-Mexique 1941

Ce jour là, Ansel Adams place sa lourde chambre photographique face à la petite ville d'Hernandez au Nouveau-Mexique, dans ce paysage, l'un des plus majestueux qu'il n'ait jamais photographié. Sa photographie se compose de trois parties, au premier plan, Hernandez avec son église et son cimetière, des croix plantées en désordre, le village n'est en lui même qu'un chapelet qui s’étire en décroissant, au second plan de gauche à droite les sommets et les nuages, une ligne horizontale de montagnes qui glissent bien au loin ainsi que des taches évanescentes dans le ciel et tout au-dessus dans une lumière crépusculaire dans laquelle la lune seule se détache sur le ciel sombre. Toute cette musicalité renvoie à son tour à cette lune qui se lève imperceptiblement haut dans le ciel.

La photographie devient si célèbre qu’Adams personnellement et jamais complètement satisfait de ses tirages, en effectue plus de 1300 au cours de sa longue carrière. En octobre 2006, Sotheby vend aux enchères l’un de ses tirages pour près de 500 000 euros.

Mount Williamson, Sierra Nevada, Californie, 1945

San Francisco from San Bruno Mountain, 1952

Ice on Ellery Lake, Sierra Nevada, California, 1959

Lever de Lune sur le Half Dome, Yosemite Valley, 1960

Thunderstorm over the great plain, near Cimarron, New Mexico, 1961

Oak Tree, Sunset City, California, 1962