Rudolf Franz Lehnert (1878-1948) photographe français d’origine Autrichienne, né à Gross Aupa en Autriche-Hongrie. Orphelin très jeune, il est recueilli par son oncle habitant à Vienne ou il suit ses études secondaires.

      • De 1899 à 1901, il est élève au sein de la toute première école photographique la « Graphische Lehr-und Versuchsanstalt », l'Institut des Arts Graphiques de Vienne. Il voyage en Sicile et en 1903 se rend en Tunisie et découvre l'Orient.

      • À son retour, en Suisse il rencontre l’homme d’affaires, Ernst Heinrich Landrock, ensemble ils s’associent et créent à Tunis la maison d'édition « Lehnert et Landrock ». Lehnert réalisant les photos, tandis que Landrock gére et se charge de les diffuser.

      • En 1904 à Tunis, après des débuts très modestes de leur studio photographique, situé tout près de la Grande Mosquée, à partir de 1910 le succès est au rendez vous, le studio reconnu internationalement leur permet d'en ouvrir un second, encore plus important. La guerre avec l'Allemagne et l'Autriche entraine la fermeture du studio et un séquestre sur leurs biens personnels, les deux associés, sont accusés d'espionnage, Lehnert est emprisonné en Corse puis en Algérie.

      • En 1916, il peut rejoindre la Suisse et retrouver son associé, Landrock. Il épouse une jeune femme d'origine alsacienne, Jenny Schmidt.

      • En 1919 son collaborateur, Landrock réédite des vues du Maghreb depuis Leipzig et Lehnert devient citoyen tchécoslovaque et réussit à faire lever le séquestre à Tunis, malgré son attachement à la Tunisie, il entame une nouvelle carrière en Égypte politiquement stabilisée et bénéficiant des retombées médiatiques et touristiques suite à la découverte de la tombe de Toutânkhamon.

      • De 1924 à 1930, son nouveau studio se heurte à une très forte concurrence locale, évitant de peu la faillite, les deux associés se concentrent sur le marché local de la carte postale avec leurs vues du Maghreb qui circulent toujours avec celles d'Égypte et de Palestine.

      • En 1930, les deux associés suite à une brouille, se séparent définitivement. En 1931 Lehnert est naturalisé français et retourne à Tunis pour renouer avec son activité de portraitiste en ouvrant un nouveau studio qu'il installe dans une maison qu'il fait construire à Sainte-Monique, face à la colline de Sidi Bou Saïd. Plusieurs de ses clichés sont publiés dans la revue « Tunisie ».

      • En 1939, Lehnert prend sa retraite et termine sa vie auprès de sa fille dans la petite ville de Redeyef. Alors que Landrock en 1938 resté en Allemagne vend 80% de ses droits au général Kurt Lambelet. Landrock né la même année que Lehnert en 1878, quand à lui, s’éteint en Suisse en 1966.


Rudolf Lehnert possède l’art de la mise en scène des personnages sans tomber pour autant dans le cliché ou le kitch avec de faux décors en carton-pâte, il est avant tout un des plus grands portraitistes de son époque.

Ses nus sont toujours loin de toute vulgarité, il est un photographe et un fin connaisseur de culture, de poésie érotique arabo-persanne qu’il tente d’approcher par l’objectif de son lourd appareillage à l’époque.

Il produit des clichés d’une étonnante beauté, ou les personnages ont le regard juste et ou il ne laisse aucun hasard dans son cadrage, il applique dans toutes ses images sa connaissance de la photographie et de la photogravure qu'il a appris à la « Graphische Lehre und Versuchsanstalt », première école de photographie au monde fondée à Vienne en 1888.

Son œuvre est abondamment diffusée, tant en superbes tirages photographiques au bromure et en héliogravures sépia qu'en chromolithographies et multiples séries de cartes postales, se trouvant au carrefour du pictorialisme, de l'art nouveau et de la reproduction quasi industrielle.

Son travail est également reproduit au sein d'ouvrages de nature très variée, revues, livres d'art, guides touristiques, encyclopédies, études ethnographiques qui en fait une œuvre unique, très picturale, avec des mises en scène et jeux de lumière, jamais égalés à cette époque, au Maghreb, des scènes de genre, des portraits, des paysages des vues du désert, des oasis et de magnifiques nus, demeurant toujours d'une grande pureté.

De nos jours un nombre considérable de ses photographies sont considérées comme des œuvres d'art, elles ont intégrées de prestigieuses collections dans le monde entier. Aujourd'hui son œuvre est prisée et provoque un engouement pour les amateurs de la beauté et de la poésie. Une grande majorité des clichés de Lehnert, sont la propriété du musée de l’Elysée de Lausanne ou ils sont soigneusement archivés.

Jeune Berbère, 1906

Nu, Tunisie, circa 1910


Cette femme est certes une inconnue, mais elle est avant tout, le symbole d’un pays chaud et lointain. C’est précisément en Tunisie, aux portes de l’Afrique et de l’Orient dans des terres déjà foulé par les rêves et la mode. Dans ce nu les accessoires sont peu nombreux, un paréo, deux bracelets, mais la photographie est un chef d’œuvre d’équilibre, un sommet d’érotisme Saharien, un sourire doux, des mains de danseuse du ventre, l’exotisme d’un monde ou il fait chaud qui se meut entre les murs d’une casbah et les dunes du désert en déshabiller léger. La prise de vue de ce nu est alors couchée sur le papier, transformée en carte postale, et se met à voyager de café en café, aux quatre coins du monde, bien plus belle que les banales images pornographiques que l’on trouvent chez le barbier du coin.