David Seymour (1911-1956) photographe américain d'origine polonaise né David Szymin à Varsovie et connu sous le pseudonyme de « Chim ». Fils d'un éditeur spécialisé dans le yiddish et l’hébreu, David Seymour est voué à suivre la même voie. Il grandit au sein d'une famille juive de lettrés, à la suite de la première guerre mondiale il émigre en Russie et revient en Pologne.

En 1929 il débute des études dans une école d’art et de photographie à Leipzig pendant les années d'effervescence intellectuelle que connaît la république de Weimar. Mais face à la montée du nazisme, une partie du flux d'artistes et d'intellectuels comme lui rejoignent Paris, c’est là qu’il s’installe et poursuit de 1931 à 1933 ses études à la faculté des sciences de la Sorbonne. David Rappaport, propriétaire de la novatrice agence « Rap » et ami de la famille lui prête un appareil avec le quel il réalise son premier reportage sur les ouvriers de nuit.

      • A partir de 1933 il gagne un peu d’argent en tant que correspondant d'agences de presse polonaises. Puis il abandonne ses études définitivement et débute sa carrière photographique en indépendant, sous le pseudonyme de « Chim ». Bientôt reconnu pour ses photographies fortes des événements politiques liés au Front populaire, il travaille rapidement pour « Paris Soir » et le magazine « Regards », communiste et proche du front populaire. À Paris, à travers l'agence « Alliance », grâce à Maria Eisner, il rencontre Robert Capa et Henri-Cartier Bresson.

      • En 1936, il couvre avec Robert Capa la guerre d'Espagne du côté des loyalistes. Contrairement à Robert Capa et à Gerda Taro, qui cherchent à faire des prises de vue sur la ligne de front, la grande force de Chim est de s’intéresser aux individus en dehors du conflit, qu’il s’agisse de portraits officiels de personnages importants, d’images de soldats sur le front intérieur ou de paysans au travail dans des petites villes. À l’écoute de la politique complexe de la guerre, ses images sont chargées de sens et de nuances.

      • En 1939, il s’embarque pour le Mexique afin de suivre le voyage des réfugiés espagnols et leur arrivée sur cette terre d’exil. Alors que la Seconde Guerre mondiale éclate en Europe, Chim s’installe à New York ou il prend la nationalité américaine, en changeant son nom en David Seymour. En 1940, il s'engage dans l' « United States Army » où il sert en tant que photographe et interprète jusqu'en 1945. Il reçoit une médaille pour son travail dans les renseignements. Après la Seconde Guerre mondiale, il réalise de nombreux reportages documentaires pour l'UNESCO sur la survie des enfants des pays dévastés par la guerre, les enfants de Tchécoslovaquie, Pologne, Allemagne, Grèce et Italie. Ses travaux sont publiés en 1949 dans un ouvrage intitulé « Children of Europe ».

      • En 1947, il fonde l'agence Magnum Photos avec ses amis proches Robert Capa, Henri Cartier-Bresson, George Rodger et William Vandivert.

      • En 1950 Il effectue des photographies sur les débuts de la création du nouvel état d’Israël, signe plusieurs grands reportages en Europe. Parallèlement est également un le photographe de nombreuses stars hollywoodiennes, dont Ingrid Bergman, Kirk Douglas, Gina Lollobrigida, Sophia Loren, en utilisant la couleur et le format carré.

      • A la mort de Capa en 1954, il devient directeur de Magnum et trouve peu de temps après la mort, le 10 novembre 1956, en couvrant le conflit qui oppose Israël à l’Égypte, après le cessez-le-feu qui met fin à la guerre de Suez, Chim est tué par une rafale de mitraillette égyptienne à El Qantara, alors qu’il est en train de couvrir un échange de prisonniers près du canal de Suez.

      • Une grande partie de ses photos ont notamment été exposées à l' « International Center of Photography » (ICP) de New York qui conserve une partie de son œuvre.

Chim, photographe talentueux, marque à jamais l’engagement photographique humaniste. David Seymour a acquis une notoriété internationale en couvrant la guerre civile espagnole et de nombreux événements du XXe siècle. Il reste une figure légendaire du photojournalisme, il a photographiée la lutte des classes, la souffrance, la désolation de l’après guerre, mais il aimait aussi photographier des moments simples de la vie, presque ordinaires ou l’on perçoit une humanité sensible.

Un moment simple comme son cliché de 1955 de Bernard Berenson devant la statue Pauline Borghese d’Antonio Canova, le silence envahissant le cadre de la photo, ou le collectionneur et critique d’art de 90 ans passés, observe avec admiration cette statut de marbre comme un amant, Chim avait la capacité de relever un moment anodin par une poésie de l’image.

Le photographe aime faire apparaitre dans ses photographies, l’importance du travail des gens afin de les revaloriser, il porte d’ailleurs une attention toute particulière à ces âmes précieuses, tous ceux qui travaillent à élever l’esprit humain.

Toujours à la recherche du monde du travail, de l’être humain, il propose à « Newsweek » l’idée d’une série de photos qui met sur le devant de la scène les qualités des missionnaires des temps modernes, enseignants, techniciens, scientifiques et experts.

Il s intéresse à l'enfance et à la culture, laissant une production photographique fine et sensible. Chim tout au long de sa carrière a une aptitude à cultiver la portée symbolique du réel sans faire taire la fibre poétique.

Témoin des conflits de son temps, il lègue des images profondément humanistes.

Seymour et le Front Populaire : Photographe engagé, il a documenté avec tendresse les belles heures du Front Populaire dans la France d'avant-guerre. C’est dans ce contexte social fort que Chim, sympathisant gauchiste, commence à effectuer des photographies de la condition ouvrière et de la mobilisation populaire dans la France des années Blum. Il couvre le quotidien des artisans, des dockers marseillais et des petits commerçants parisiens. A Concarneau, il embarque à bord d’un thonier de la Biscaye à la mer d'Irlande et tire le portrait des marins pêcheurs. A terre, il s’intéresse aux rituels catholiques des Bretons de Sainte-Anne-la-Palud, à la CGT des marins, aux employés du métro parisien. A partir de 1935, il s’intéresse surtout l’actualité du Front Populaire, et les alliances politiques entre socialistes, communistes et autres partis de gauche. On lui doit par exemple le célèbre portrait du chantre de la littérature prolétarienne Henri Barbusse, exposé à l’ « ICP ». Ses clichés d’ouvriers en grève, le poing levé et le regard frondeur, celui des premiers couples français à bénéficier des congés payés et sa couverture des manifestations de femmes réclamant le droit de vote, convoquent le souvenir d’une France en lutte, solidaire et joyeuse. Ses portraits montrent aussi le visage des intellectuels de gauche, unis contre le fascisme. Chim plonge son appareil dans les meetings politiques communistes, au Congrès international des écrivains pour la défense de la culture, salle de la Mutualité, aux côtés d’André Gide et d’André Malraux. Il poursuit cette collaboration partisane jusqu’à la victoire de Léon Blum, en mai 1936. Ses images à l’iconographie très forte, influencées par le design moderne des affiches de propagande russe, forgent l'image mythologique de la gauche française résistante.

Usine en grève, juin 1936