Philip Jones Griffiths (1936-2008) photographe anglais, né à Rhuddlan au Pays de Galles, d'un père employé d'une société ferroviaire et d'une mère puéricultrice. Il suit des études en pharmacie à Liverpool, puis commence à gagner sa vie à Londres en tant que veilleur de nuit et photographe pigiste pour le compte du « Manchester Guardian ».

    • En 1961 il débute sa carrière en intégrant l’équipe des reporters de l' « Observer » puis devient rapidement photographe free-lance à plein temps pour le journal. En 1962 il couvre la guerre d'Algérie et séjourne ensuite en en République centrafricaine.

    • En 1966 il se rend en Asie en qualité de membre associé de l’agence Magnum Photos et suit le conflit au Vietnam jusqu’en 1971, des reportages qui marquent une étape importante de sa carrière. Il signe plusieurs ouvrages sur la guerre et ses conséquences, dont l’ouvrage « Vietnam inc », publié en 1971, qui contribue à semer des doutes dans l'opinion occidentale sur l'engagement américain au Vietnam. La même année en 1971 il devient membre à part entière de Magnum.

    • En 1973 il couvre la guerre du Kippour et la guerre civile en Irlande du Nord.

    • En 1980, Griffiths s’installe à New York pour assumer la présidence de Magnum, poste qu’il occupe pendant cinq ans. Au cours de ces années, il collabore avec les magazines « Life » et « Geo », effectuant des reportages sur le bouddhisme au Cambodge, la sécheresse en Inde, la misère au Texas, la reconstruction du Vietnam, les conséquences de la guerre du Golfe au Koweït.

    • En 2003, il publie un livre sur l' « Agent orange-Dommage collatéral au Vietnam » suivi en 2005 « Vietnam en temps de paix ». En 2007, Philip Jones Griffiths reçoit un prix pour ses réalisations dans le domaine du photojournalisme à la 5e Cérémonie annuelle « Lucie Awards » à New York. En 2008, son travail est exposé à Liverpool au Centre national pour la conservation et la restauration des œuvres d’art lors du festival City of Culture et à Brighton.

    • Actuellement ses clichés sont conservés dans les archives de la « Fondation Philip Jones Griffiths », dirigée par ses deux filles.


En 50 ans, il couvre plus de 120 pays sur différents fronts, pour certains s’y rendant lui même, ses photographies de guerre sont un acte militant, une façon de présenter sa vérité. C’est le quotidien des vies touchées par la guerre qu’il dévoile par son travail de longue haleine jusqu’à faire comprendre aux Américains que les horreurs commises, mais aussi subies, par leur armée sont illégitimes.

« La guerre du Vietnam n'était pas finie et j'affirmais que les Américains allaient la perdre. J'ai vu trop d'horreurs pour rendre un travail distancié. » Philip Jones Griffiths

Il est l’un des plus grands photographes de guerre, un humaniste avant tout, ses photos sont de simples gens, qu’ils soient de son pays de Galles bien aimé, du Vietnam ou du Cambodge. Il est le peintre Goya qui tente de dépeindre la guerre comme jamais aucun photographe ne l’a fait.

« En période de guerre, la vérité finit toujours par éclater. Entre la vie et la mort, les gens se révèlent tels qu’ils sont vraiment, il jettent leur masque et se dévoilent avec honnêteté comme jamais auparavant. » Philip Jones Griffiths

Il croit à la dignité humaine et à la capacité des hommes à devenir meilleurs. Son héros et mentor, Henri Cartier-Bresson, l’homme dont les photos l’inspirent quand il a à peine seize ans au photoclub du Rhyl, le marque à tout jamais.

« Un photographe trop sensible qui n'arrive même plus à régler sa focale est aussi inutile qu'un chirurgien qui ne peut pas supporter la vue du sang. Il doit savoir garder son calme et canaliser son angoisse. » Philip Jones Griffiths

Son œuvre est consacrée à la vie politique et sociale, aux événements de l’histoire britannique au cours de trente années. Quoi qu'il photographie, les Beatles à Liverpool, les mineurs du pays de Galles, les campagnes pour le désarmement nucléaire, les processions funéraires en Irlande du Nord ou la vie au Vietnam pendant et après la guerre, ses images sont toujours expressives, humaines, il est un maître inégalé de la composition et du récit, révélant le sens profond des choses.

« Je ne cherche pas à émouvoir avec des photos gore. Je veux que le lecteur jamais ne ferme les yeux. » Philip Jones Griffiths

Site Officiel : Philip Jones Griffiths Foundation

Irlande du Nord, 1973

Griffiths réalise cette photographie dans la province d’Ulster en Irlande du Nord en 1973, lorsqu’il couvre ce conflit qui allait mener tout droit à une guerre civile. Un soldat anglais, bien droit, debout, protégé par son énorme bouclier pare-balles en plexiglas, strié par de nombreux coups déjà reçu. Un visage derrière une surface rayée, un casque sur la tête et deux zones d’ombre à la place des yeux, image troublante, pas totalement lisible mais possédant une force énigmatique. Un jeu de regards interdits de celui qui observe et celui qui est observé, une interdiction que toutes les guerres provoquent chez les êtres humains, avec sa sensibilité et sa lucidité, il sait rendre compte de la guerre et de son absurdité, il possède une force visuelle sans pareille, un style qui traduit un monde chaotique.

État de Grenade, Petites-Antilles, 1983

État de Grenade, dans l'archipel des Petites-Antilles, une image humaniste de trois enfants au coté d'un soldat protecteur qu'il réalise, présent pour couvrir l'intervention de l'armée américaine qui fait face à une résistance symbolique menée par une poignée d'hommes, une opération qui est le plus grand déploiement américain depuis la guerre du Viêt Nam. Les États-Unis garde la tête haute déclare le président Ronald Reagan, près de 8700 médailles sont décernées aux 6000 soldats d’élite en récompense de leur bravoure.