Joel Sternfeld (1944) photographe américain, né à New York, à partir de 1961, il étudie au « Dartmouth College » à Hanover dans le New Hampshire et obtient en 1965 son baccalauréat en Art. Autodidacte il commence par la photographie de rue, prise sur le vif en noir et blanc avec un 35mm.

  • Dès 1970 après avoir appris la théorie des couleurs de Johannes Itten et Josef Albers, il se tourne définitivement vers la couleur.

  • En 1978 grâce à deux bourses du « Guggenheim », une du « NEA » et une du « New York State Council of Art », il voyage à bord d’un camping car Volkswagen dans le courant d’une « Américan Odyssey.

  • Il délaisse le petit et moyen format pour le grand format 8 x 10 pouces en développant une forme spécifique de la photographie paysagère, des paysages altérés par l’homme en couleurs, toujours considérés avec une froide distance. Il dresse alors des tableaux magistralement composes dont les aspects narratifs, micro-évènements, intégration presque accessoire d’épisodes étranges, se révèlent souvent au second regard. Comme dans son célèbre cliché de 1978 « Mc Lean, Virginie » dans lequel un pompier achète tranquillement des potirons alors qu’a l’arrière plan une maison est en flammes.

  • En 1987 il publie « American Prospects », regroupant des paysages des États-Unis et la façon dont l’homme les transforme, ouvrage qui lui vaut de suite une reconnaissance internationale.

  • Durant toute sa carrière il occupe de 1971 à 1984 de nombreux postes d’enseignants, et depuis 1985 enseigne la photographie au « Sarah Lawrence College » de New York.

  • Ses photos sont exposées dans de nombreuses collections permanentes comme celle du « Museum of Modern Art » de New York , celle du « Getty Museum » de Los Angeles.

Joel Sternfeld connu par l’utilisation du grand format couleur, prolonge la tradition de route américaine de celle initiée par Walker Evans dans les années 1930. Ses projets explorent la possibilité d'une identité collective américaine en documentant les gens ordinaires et lieux à travers le pays. Chaque projet entreprit par le photographe est lié par un concept qu'il imprègne avec une ironie subtile, avec des juxtapositions visuelles perspicaces. Son œuvre d’autre part est que la couleur est jamais arbitraire, il fonctionne de manière très sophistiqués pour relier des éléments et parvenir à la résonance d'émotion.

Tout comme William Eggleston, Joel Meyerowitz et Stephen Shore il est l’un des représentants de la « New Color photography ».

Ses images ne sont pas moralement neutres, ses paysages en couleur sont séduisants et visuellement plaisants, mais de plus près il donne une perception qu’il y a quelques problème aux paradis. Avec son appareil photo de huit par dix pouces, il atteint des détails d’une précision hors du commun, porte une attention toute particulière aux qualités visuelles combinées avec une vue perspicace et parfois ironique de ses sujets, cette technique qu’il utilise marque son style.

Sternfeld réalise à première vue un documentaire social aux images parfaitement léchées, la mise en situation des personnages vise à décrire l'environnement de chacun sous la forme d'un monde plus que d'un simple contexte. Il parvient à une perspective sociale ou l'homme et son milieu social voient leur description renforcée par le choix de l'environnement, il place les êtres humains dans la solitude de quelque faubourg improbable ou encore au chic discret d’une homme lisant le journal dans la sérénité d’un beau jardin d’une maison.

« Le noir et blanc est abstrait, la couleur ne l’est pas. En regardant une photographie en noir et blanc, vous êtes déjà en train de regarder un monde étrange. Avec la couleur le monde réel est là. Mon travail de photographe couleur est de fournir un certain niveau d'abstraction qui peut prendre l'image hors du quotidien. » Joel Sternfeld

Le choix de son cadrage et d'une mise à distance de son sujet, invite à comparer et à lire le social qui s'impose. La plupart du temps le sujet est centré dans un paysage qui n’en finit pas, Sternfeld piège et entraine le spectateur à se perdre dans ses images. C’est la totalité du monde qu’il enregistre, il cherche photographie après photographie non pas les variations, mais le fondamental.

Pour Sternfeld la réalité est un fantôme insaisissable, une situation de saisir un réel complexe l'oblige à la description la plus minutieuse, une attitude qu’il adopte avec la photographie grand format, recourant à l'outil de haute précision, une obsession pour que la réalité ne lui échappe pas.

« Les photos ont toujours été des mensonges convaincants. » Joel Sternfeld

McLean, Virginia, 1978