Inge Morath (1923-2002) photographe autrichienne, née à Graz en Autriche. Son enfance se partage entre les différentes résidences imposées par la carrière scientifique de son père, Munich, Berlin, Strasbourg, Darmstadt, et de nouveau Berlin où la famille revient s'établir en 1938, lieu dans lequel elle grandit, fait des études de langue, de journalisme et obtient son diplôme en 1944.


Comme une conquérante épris d’humanisme, ses premiers clichés, un paysage italien vu d’une fenêtre, et des fillettes trottant dans Venise, endroit ou elle s’est lancée dans la photographie, un jour de pluie, avec le clic-clac de sa mère. Ses photographies témoignent de son désir d’éclaircir un fait d’actualité comme un visage, elle le fait avec sobriété, sans volonté de se faire remarquer, même quand Marilyn Monroe danse devant son objectif, sur le tournage des « Misfits » dans le Nevada.

Comme nombre des grands reporters de l’époque, Inge Morath travaille plutôt en noir et blanc pour elle c’est une valeur sûre, et jugée moins vulgaire que la couleur, réservée à la publicité, gourmande de polychromie, ou à la mode, toujours avide de brillance. Or, voici que paraît « First Color » un ouvrage de la photographe qui balaie tout à coup la mélodie du noir et blanc et rafraîchit le passé. Son ouvrage à la couverture bleu pâle contient ses premières images en couleurs, surtout de la kodachrome, prises entre 1953 et 1961, en Europe et ailleurs. Pour elle c’est alors un choc de découvrir le monde en technicolor après l’avoir goûté en noir et blanc. Tout paraît plus gai, l’Espagne de Franco respire la joie de vivre, en Andalousie comme en Roumanie, elle s’attarde sur les passants qu'elle croise en habits de fête, au Mexique, elle saisit le masque mortuaire de Frida Kahlo, en Iran des serviettes de bain qui flottent comme des drapeaux rouges, en Tunisie à Mahdia des pêcheurs accoudés à leurs barques, en Afrique du Sud à Kimberley un chercheur d’or, manches retroussées, comme suspendu dans son rêve.

Dans chacune de ses photographies, elle glisse sa curiosité de femme du monde, toujours à une distance respectueuse. Elle n’effraie jamais ceux qu’elle photographie, elle est sensible à la respiration du monde. Son œuvre évoque le flux de la vie, des images qui reflètent et interprète avec bonheur l’histoire, au point d'en devenir elle-même une part. Son travail est universel, d’une légèreté et d’une simplicité hors pair.

« Avec la photographie, j’ai compris, que je pouvais donner forme à une pensée. » Inge Morath

Street Corner at World's End, London, 1954

Venise, Italie, 1955

Grand Canal, Venise, Italie, 1955

Femmes Nomades, Iran, 1956

Market, Mexico, 1959

Marilyn Monroe, Casino, The Misfits, 1960