Robert Mapplethorpe (1946-1989) photographe américain né dans une famille catholique d'origine anglo-irlandaise. Il passe son enfance qu'il n'évoque jamais, avec ses 5 frères et sœurs. À 16 ans, il s'inscrit dans une école d'arts visuels, la « Pratt Institute » à Brooklyn, et se spécialise dans la sculpture avant de se tourner vers la photographie. Il fréquente à la fin des années 1960 la Factory d'Andy Warhol.

Robert Mapplethorpe est sans conteste l'une des figures les plus marquantes de la photographie d'après-guerre. Il réalise des images au style épuré et précis. Célèbre pour ses portraits en noir et blanc très stylisés d’artistes, ses photos de fleurs et ses nus féminins et masculins dans un style brutal chic où se mêlent art plastique et érotisme. Son talent indéniable est d'abord reconnu par le cercle artistique new-yorkais, les mécènes, et les célébrités. Parmi ceux qui lui commandent des portraits et albums en tous genres ,on compte Andy Warhol, Peter Gabriel, Isabella Rossellini, Iggy Pop, Richard Gere, Grace Jones ainsi que la championne de Body Building Lisa Lyon, habillée par Jean-Charles de Castelbajac avec lequel il collaborera sur d'autres projets.

« J’essaie d’enregistrer le moment dans lequel je vis, qui s’avère être à New York. J’essaie de capter cette folie et d’y mettre un peu d’ordre » Robert Mapplethorpe

Le caractère cru et érotique des œuvres du milieu de sa carrière a déclenché des polémiques sur le financement public de l'art aux États-Unis. Ses photographies de nus masculins en particulier créent le scandale, parce qu'elles montrent la beauté de la sexualité gay. Les photographies de Robert Mapplethorpe soulèvent en réalité de multiples questions, le langage du nu masculin et son lien avec la sexualité, le rôle et la construction du genre et de la sexualité dans notre société, le rôle de la forme dans l'art contemporain, et les problèmes de censure. Dans une série d'auto-portraits, il met lui-même en scène son homosexualité, au péril de la censure de ses expositions à New-York.

Influencé depuis toujours par les photographes Horst P.Horst, Hoymingen-Huene ou encore Edward Weston, on retrouve un esthétisme parfait de statues grecques qu'aimait à créer Robert Mapplethorpe, un langage art déco, un art plastique, un nu positionné sur un fond neutre afin de le mettre en valeur.

Il use du noir et blanc, d’un fond homogène et neutre destiné à maintenir l'attention sur le sujet, le format carré qui permet une composition très stable sont caractéristiques de son approche photographique. Avec le même dépouillement, il photographie des fleurs dans un vase, éclairées par une lumière douce et uniforme. Cette perfection formelle qui tend vers l'esthétisme se retrouve dans ses nus ; il souligne l'aspect « sculpture vivante ». Plusieurs photographies de Noirs athlétiques révèlent un grand classicisme. Parfois, il ne retient qu'une partie du corps, ligne des reins, crâne, sexe. La pureté de la composition est indifférente à la nature de l'objet, la tulipe ou le phallus sont traités de la même façon, mais quand il glisse de ce classicisme un peu froid vers la mise en scène de son homosexualité, il fait scandale.

Même après sa mort, son œuvre qu'il s'est toujours défendu de définir comme choquante, reste controversée. L'exposition « Robert Mapplethorpe : The Perfect Moment » qui lui a été dédiée peu de temps avant son décès au Whitney Museum de New York, a été interdite quelques mois plus tard entraînant aux États-Unis un débat national sur la définition de l'art obscène. Pourtant Mapplethorpe n'était selon ses propres termes qu'à la recherche « de l'inattendu, de ce que je n'ai jamais vu auparavant. J'ai senti l'obligation de prendre ces photographies ». Tous les plus grands sanctuaires de l'art ont accueilli ses œuvres, du Centre Georges Pompidou au Stedelijk Museum d'Amsterdam, en passant par le Victoria et Albert Museum.

Mapplethorpe et Patti Smith : ancienne compagne, première muse et modèle du photographe, ils se rencontre dans le New York de la fin des années 1960, ils ont tous deux vingt ans, leur histoire sera celle d’une symbiose artistique et humaine qui durera toute une vie. Le photographe signe la couverture du premier album de la chanteuse rock en 1975, « Horses » et renouvelle son exploit avec le quatrième album « Wave ».

« Une secousse au poignet, l'excitation, le déclic, l'immédiateté, c'est ce qui caractérisait Robert Mapplethorpe, ses photos étaient un acte physique, une quête fébrile de la beauté. Ses yeux absorbaient le moindre jeu de lumière. Dans le feu de l'action, Robert savait exactement ce qu'il voulait capturer. J'ai été son premier modèle. Je l'ai persuadé de se servir d'un appareil photo, alors qu'il ne voulait que dessiner, perfectionner ses collages et ses installations. Et c'est lui qui a fait de moi une chanteuse, une musicienne. Je rêvais d'être poète. Quand je regarde aujourd'hui mon portrait sur la pochette de Horses, ce n'est pas moi que je vois. C'est nous deux » Patti Smith

Mapplethorpe et lisa Lyon : les deux vont se rencontrer en 1979 au cours d’une soirée à Soho, lui en blouson de cuir et elle en pantalon de latex noir ne pouvant échapper au regard du photographe et a son goût de l’érotisme sophistiqué. Elle deviendra alors pour lui sa muse. Dans les années 80’, Robert Mappethorpe va alors réalisé un cycle sur la championne du monde de culturisme, ce cycle sera le plus important de ses travaux et dans le même temps rendra hommage à la femme nouvelle, forte et consciente de son corps. Elle sera un des modèles féminins favoris de Mapplethorpe et se prêtera 147 fois à l’objectif du photographe. On retrouve la majeure partie de ces clichés dans un ouvrage « Lady, Lisa Lyon » publié en 1983. La jeune femme a un sens très marqué du geste, une animalité et une force physique naturelle. Elle avouera « Je me sens comme un animal ». Le photographe va la représenter comme la reine des animaux. Mapplethorpe à travers Lisa Lyon va exprimer son homosexualité entre femme musclée et homme, auparavant d’autres photographes comme George Platt Lynes n’existait que dans la clandestinité, Mapplethorpe lui va la mettre au grand jour dans un contexte de contre-culture.

Site Officiel : Robert Mapplethorpe Foundation

« Je n'ai jamais aimé la photographie. J'aime l'objet. J'aime les photographies que l'on peut tenir dans ses mains. » Robert Mapplethorpe

Patti Smith, New York, 1974

Peter Berlin, New York, 1974

Drapeau Américain, 1977

Patti Smith, 1979

En 1979, au travers d’un noir et blanc tout en douceur, il saisit le visage possédé et l’intensité que la chanteuse, chamane, mince et osseuse, sait exprimer d’un seul mouvement de la main, effectue un portrait magnétique aux colombes de la paix.

Iggy Pop, 1981

Lisa Lyon, 1982

Mapplethorpe dans ce cliché, effectue une prise de vue de Lisa en légère contre plongée, il choisit exprès cette stratégie afin de rendre plus impressionnante la sportive étant relativement petite. 

Ken Moody, 1983

Ken Moody and Robert Sherman, 1984

Thomas, 1987

Jambes Mélodie, 1987

Calla, 1988