Joel Meyerowitz (1938) photographe américain, né à New York dans le quartier du Bronx. Après avoir étudié la peinture et l'imagerie médicale à l'université d'Ohio, il revient à New York, sa ville natale et décroche un poste de directeur artistique pour une agence de publicité.


Meyerowitz photographie les endroits de la vie de tous les jours avec une clarté telle qu'ils sortent de la banalité. Il shoote les rues vides de Saint Louis, du Missouri, des pavillons et des enseignes dans la lumière irréelle du crépuscule ou de la nuit. Il effectue aussi des photographies monochromes dont une série où il se promène avec deux appareils afin de pouvoir faire presque deux fois la même photo, une en noir et blanc et une en couleur. Ces expériences le rassure dans son choix car il trouve le monochrome trop gris et sans caractère. D’autres photographies sont réalisées à la chambre, il s’agit de photographies de paysages et de bâtiments typiquement américains comme le fait Raymond Depardon en France. 

« L’image en couleur était plus riche d’informations, qu’il y avait beaucoup plus à voir et à réfléchir, tandis que le noir et blanc réduisait le monde à des nuances de gris. » Joel Meyerowitz

Dans ses images la discrétion est impossible et assume de ne pas être un photographe incognito, dans ses séries les personnes regardent directement l’objectif. Il est un grand adepte du « perfect timing » où la forme d'une ombre, la lumière sur un bâtiment ou l'expression d'un visage savent faire la différence, sa photographie ne vise pas le beau mais plutôt l'expression d'une idée. C'est bien sûr ce qui le place au rang d'artiste et non de simple photographe de rue.

« C’est en travaillant dans la rue pendant tant d’années que j’ai appris à anticiper le potentiel que l’énergie collective de la rue projette parfois. Parmi ceux qui partagent cette approche, beaucoup ont compris qu’une sorte de sixième sens de l’imprévisible vient avec le terrain et la pratique. » Joel Meyerowitz

Plus tard, il s’attelle au portrait, attiré inconsciemment par les roux  une série qu'il intitule « redheads » effectuée sur les plages de Cape Cod, où ces femmes et hommes sont rendus encore plus roux par le bleu du ciel. Il s’interroge sur l’art du portrait, l’humilité qui lui semble essentielle pour le pratiquer, la simplicité et l’honnêteté qu’il requiert selon lui. Il tente toujours d'être au plus près de ses souvenirs et de ses sensations. Lorsqu'il travaille en argentique, il prend des notes pour chacune de ses images, afin de se souvenir de ses impressions au moment du tirage. Récemment il se met aux appareils numériques, et équipe son studio d'imprimantes dernier cri.

« Je veux qu'on devine une pointe de vert tendre dans le jaune vif d'un champ fauché en Italie. La photographie est un médium technique. La technologie m'a donné des outils pour décrire précisément ce que j'ai ressenti. » Joel Meyerowitz

il est l’archétype du New-yorkais cultivé qui embrasse son époque avec curiosité et empathie. Par son travail en couleur, il a révolutionne l’histoire de la photographie, influence les jeunes générations de photographes, particulièrement l’école allemande de Düsseldorf. Son œuvre apparaît comme le chaînon manquant qui permet de mieux comprendre le passage définitif du noir et blanc à la couleur dans l’histoire de la photographie de la deuxième moitié du 20eme siècle. Il s'impose comme le photographe qui révèle le pouvoir de la couleur au monde de la photographie, il est la transition entre la « street photography » en noir et blanc de Arthur Weegee dans les années 40 et les rues éclatantes de couleurs de Paul Graham, il donne les lettres de noblesse à la photographie artistique couleur. Cette innocence, sans doute, concoure à faire de lui un des pionniers de la couleur aux cotés de William Eggleston, Stephen Shore et Saul Leiter.

Site Officiel : Joel Meyerowitz

« La photographie consiste à être présent, extrêmement présent. » Joël Meyerowitz 

The lady in the ticket booth, 1963

New York City, 1963

Fallen Man, Paris, 1967


Ce sixième sens dont parle Joel Meyerowitz, peut-être le fameux œil du photographe, qui le mène à immortaliser des situations uniques et frappantes, comme cette photo, une scène à la sortie du métro parisien


« J’étais seulement un passant à l’arrêt de métro, et à ce moment précis un travailleur avec un marteau a enjambé un homme tombé sur le trottoir pendant que tout le monde regardait et ne faisait rien. » Joel Meyerowitz

Camel Coats,  New York City, 1975

New York, un couple dans la rue, vue de dos sous une lumière dorée qui les illumine, marche vers une fumée qui entoure l’homme et la femme peu à peu, les plongeant dans une nappe de brouillard blanche et épaisse. En l’espace d’un instant la lumière se fige pour créer, à ce moment clé, un jeu d’ombre et de lumière, de brume et de clarté, lui juste placé derrière assombrit la partie gauche du cadre, à droite deux autres passants, deux femmes aux mêmes couleurs, elles aussi de dos véhiculent sur leurs manteaux des ombres.


« Juste au moment ou le couple couleur sable disparaît dans la vapeur, deux autres manteaux similaires apparaissent dans le cadre, portant sur leur dos des têtes jumelles. On ne peut qu’être étonné et prendre la photo, en remerciant le dieu de l’œil unique qui veille sur les photographes. » Joël Meyerowitz

New York City, 1975

Red Interior, Provincetown, Massachuetts, 1976

New York City, 1978

Ground Zero, New York, 2001