Horst P. Horst (1906-1999) photographe allemand né à Weissenfels, de parents commerçants. De son vrai nom « Horst Paul Albert Bohrmann ». Il étudie l'art à Hambourg puis s'installe à Paris où il va suivre une formation d'architecture avec Le Corbusier. À Paris, le jeune Horst préfère à la bohème de Montparnasse, les milieux parisiens huppés où se rencontrent dans des soirées chics les bourgeois attirés par l'art. Parmi eux, Horst rencontre en 1931 le baron George Hoyningen-Huene qui dirige les studios « Vogue » à Paris. Il est émerveillé par le talent du photographe de mode qui l'encourage à explorer la photographie. Horst devient alors le modèle attitré de Hoyningen-Huene, puis son amant et son élève. Ensemble, ils voyagent en Angleterre, rencontrent le photographe Cecil Beaton et approfondissent leurs techniques photographiques. Horst se perfectionne et commence à produire de remarquables photographies de mode.

    • En décembre 1931, il réalise ses premiers clichés pour « Vogue » France, puis pour l'édition américaine et anglaise l'année suivante. En 1932 il fait le portrait de Bette Davis, le premier d’une longue série de portraits de stars. Son talent est incontestable et reconnu par les professionnels du métier. Il devient en 1935, le nouveau directeur de la photographie de Vogue, suite au départ de Hoyningen-Huene chez « Harper's Bazaar » aux États-Unis.

    • En 1936, il fait la connaissance de Coco Chanel et fera des photos de ses créations pendant près de trente ans.

    • En 1939 lorsque la guerre éclate en Europe. Horst se réfugie et s'installe aux États-Unis, à New York où il travaille pour Vogue. Il obtient la nationalité américaine en 1943 et deviendra photographe pour l’armée. Les années 1940 seront les plus productives, il travaillera brillamment les portraits, les couvertures de magazine, et même les affiches de film telles que celle de « Cover Girl » en 1944, où le rôle principal est interprété par la célébrissime Rita Hayworth. Horst photographiera Loretta Young, cette photo deviendra un classique de la photographie de portrait et sera même sélectionnée par Edward Steichen pour être édité dans un numéro spécial de Vogue pour le centenaire de la photographie.

    • En 1945 il fera le portrait du président Harry Truman et de toutes les First Ladies de l’après guerre. Il travaillera pour Vogue jusqu'en 1951, année de fermeture des studios. Il ouvre alors son propre atelier, réalise de nombreuses photos d'intérieur chez des personnalités pour le compte de « House & Garden » et complète son œuvre avec des photos de nus et des natures mortes.

    • En 1971, paraît « The beautiful thirties », un ouvrage sur les années 1930 avec ses propres photos et celles de Hoynigen-Huene.

    • En 1980, il signe un contrat avec le magazine « LIFE » qui lui commande neuf photographies. Celles-ci apparaissent dans le numéro de février qui sera le plus vendu de l'année avec plus de 1,5 million d'exemplaires écoulés.

    • En 1984, le « Centre international de la photographie » de New York lui consacre une rétrospective.

Horst photographe de mode et de studio, aimait préparer minutieusement ses prises de vue, il fut très influencé par la sculpture grecque. Combinant des éclairages dramatiques, le souci du détail et des poses théâtrales, il donne une image de la femme pleine de sensibilité et de grâce. On a dit de lui qu’il photographiait les femmes comme des déesses : inaccessibles et d'un calme Olympien.

Ce qui caractérise la photographie de Horst est avant tout sa conception de la beauté, il s’était livré à une étude intensive des poses classiques, avait étudié la sculpture grecque et la peinture de l’âge classique en s’intéressant tout particulièrement à des détails comme les mains car il avait conscience du fait que peut de gens savaient quoi faire de leurs mains et de leurs bras quand on les photographiait. Avec une conjugaison des poses, des accessoires, une lumière simple mais bien dirigée, Horst a des talents d’illusionniste dans le résultat de ses clichés. Il savait métamorphoser une simple planche de bois en mobilier précieux, des cylindres de carton en colonnes antiques et des moulages de plâtre en marbre. Quoi qu’il photographie, il le transforme toujours en élément de son idéal classique.

Les photographies de Horst sont particulières, grâce au traitement de la lumière et de la pose du modèle. Il maîtrise à la perfection les détails particuliers qui inspirent l'élégance et la beauté selon les règles académiques. Horst a toujours suggéré une certaine distance dans ses photographies, sûrement celle de la réalité et du rêve, qui accentue le côté inaccessible et artistique de la beauté classique. Si le monde qu'il propose tient du rêve, son talent, lui, est bien réel. Durant toute sa carrière, il l'a mis au service du célèbre magazine de mode Vogue. Il est un photographe du beau.

« Comme George Hoyningen-Huene et moi-même, devions gagner notre vie, nous avons la plupart du temps photographié des gens parce que nous étions payés pour le faire. C’était d’autant mieux si nous connaissions personnellement, apprécions ou admirions ces personnes. Cependant, nous ne nous préoccupions pas des futures critiques éventuelles de nos modèles ou de leur mode de vie. Nous tenions uniquement à saisir une partie de la vie humaine, locale et contemporaine » Horst P. Horst

En 1990, Madonna reprendra dans son clip « Vogue », une des poses classiques et connues de Horst, la voyant de dos, portant un corset à moitié lacé.

Corset Mainbocher, Paris, 11 aout 1939

Le cliché fut réalisé dans les studios parisiens du « Vogue » sur les Champs-Élysées. Dans la solitude d’un studio se déroule un jeu de séduction et de pose exténuante. Horst et son modèle réalisent à 4 heures du matin un cliché des plus surprenants et raffinés. Le photographe, une femme, Vogue et un corset de la fabrique américaine Mainbocher et c’est tout. Mais de cet ensemble nait un chef d’œuvre qui illumine comme la chevelure blonde du modèle, l’histoire de la mode, de l’érotisme, mais aussi des femmes. L’instant va prendre le pas sur le devenir, quelques minutes de plus et ce corset-armure retrouvait sa rigidité originelle, coupant le souffle de ce corps pour le contenir sous une robe du soir.

Vogue, June 1, 1940

Bare foot beauty, 1941

Steve McQueen, New York, 1957