John Dominis (1921-2013) photographe américain, né John Frank Michael à Los Angeles, issu d’une famille d’immigrés Croates, il est le dernier de quatre enfants. Il suit des études de cinéma à l’Université de Californie du sud.
En 1943, durant la Seconde Guerre Mondiale, il est incorporé au sein de US Air Force, en tant que photographe au Japon. De retour, il s’installe comme photographe indépendant et se spécialise dans la photographier sportive.
En 1950 Dominis est embauché au magazine « Life » afin de couvrir la guerre de Corée, au sein de la revue il fait partie d’une petite poignée de photographes considérés comme des valeurs sûres, avec une habitude et une grande maitrise de photographier ceux qui ne se montrent pas.
Il couvre également 6 olympiades, réalisant en 1968 à Mexico, un de ses plus célèbres clichés, celui de Tommie Smith et John Carlos, lors de la remise des médailles, poings levés vers le ciel.
En 1963, Life l'envoie pour réaliser une session de Steve McQueen, il se rend chez lui à Palm Springs, pendant trois semaines en compagnie de l’acteur, il effectue les plus belles images de la star au sommet de sa carrière.
Il pénètre l’intimité de celui que l'on surnomme le « king of cool », il le photographie dans sa vie de famille, dans sa villa, dévoile son engouement pour la vitesse, les belles voitures et les courses de moto. Parallèlement, toujours pour la revue, il effectue de nombreux reportages, des séries photographiques sur Frank Sinatra, Robert Redford, avec la même technique, celle de les suivre plusieurs jours durant.
En 1966, il se rend en Afrique et passe plusieurs mois pour un projet sur les félins, intitulé « Les grands chats d’Afrique », reportage récompensé par un prix.
En aout 1969, il est présent lors du plus grand Festival de tous les temps, celui de Woodstock, qu'il couvre de long en large.
En 1972, suite à la dissolution du Life Magazine, trois ans plus tard en 1975 il rejoint et collabore pour le magazine « People ».
De 1978 à 1982, il est rédacteur au sein du magazine « Sport Illustrated ».
Il est un photographe tous terrains, l’un des plus modestes grands photographes et l’un des plus en équilibré en terme de technique, il a le doigt sur la gâchette en permanence.
Son travail est extrêmement varié, il suit l’actualité de toute son époque, photographie les trois frères Kennedy, John, Robert et Edward, il fréquente les stades, les cafés, les concerts, la rue, les stars, les personnalités du monde entier, réalise des images sur les grands félins en Afrique, les danseurs de ballet, avec Giuliano Bugialli, et publie plusieurs ouvrages sur la cuisine italienne.
« C'est que j'ai eu tout le soutien, de l'argent et du temps, tout ce qui était nécessaire, à faire presque n'importe quel genre de travail que je voulais faire, partout dans le monde. C'était comme avoir une subvention, une bourse Guggenheim, mais de façon permanente. » John Dominis
Jeux olympiques de Mexico, 1968
Les Jeux olympiques de Mexico en 1968, marque une césure, même si l'événement se veut apolitique, ils ne sont pas épargnés par la bourrasque de révolte qui souffle, la photographie de John Dominis, reste gravée dans les esprits, deux des trois gagnants de l’épreuve du 200 mètres, athlètes afro-américains, Tommie Smith et John Carlos brandissent leur poing ganté de cuir noir, les yeux rivés vers le sol, geste de protestation contre la ségrégation raciale aux États-Unis, une image qui fait le tour du monde.
Le lendemain de la course, les trois vainqueurs se rendent au podium pour y recevoir leurs médailles, les deux athlètes américains sont sans chaussures et en chaussettes noires afin de symboliser la pauvreté des populations noires aux États-Unis, ils prévoient d'emmener des gants noirs, mais Carlos oublie les siens au village olympique, ils se partagent la paire de gants, l'un en portant un au poing droit et l'autre au poing gauche. Le troisième homme, l'australien, Peter Norman les soutient, lui-même étant contre la politique de l'Australie blanche avec l'affreuse condition des Aborigènes.
« J'étais comme un caillou jeté dans une mare, et l'onde de choc continue de se propager, j'étais heureux de m'identifier avec Smith et aux valeurs qu'il défendait. » Peter Norman