Jonas Bendiksen (1977) photographe norvégien, né à Tunsberg, dans le comté de Vestfold.

  • En 1996, à l’âge de 19 ans, il est engagé au sein des bureaux londonien de l'agence Magnum Photos, en tant qu'interne. Très rapidement il décide de se consacrer au photojournalisme et se rend en Russie ou il séjourne plusieurs années. Il y photographie des communautés isolées et enclavées, situées en marges de l'ancien Empire soviétique.

  • En 2003, il obtient le prix de l' « Infinity Award » de l'International Center of Photography.

  • En 2005, il reçoit la bourse de la Fondation Alicia Patterson, organisme accordant des subventions de six mois ou d'un an, aux photographes journalistes pour des projets indépendants présentant un intérêt significatif basés sur leurs reportages, l'obtention de cette bourse lui permet de réaliser un nouveau projet, « The Place We Live », une série centrée sur l’extension des bidonvilles à travers le monde, ceux de Nairobi au Kenya, de Mumbai en Inde, de Jakarta en Indonésie et de Caracas au Venezuela, reportage présenté sous la forme de photographies, de projections et d'enregistrements de voix, combinés dans des installations en trois dimensions. La même année, il est récompensé du deuxième prix dans la catégorie « vie quotidienne » décerné par le World Press Photo. Il est repéré et retenu par Raymond Depardon pour l’exposition « J’en rêve » présentée à la Fondation Cartier, réunissant plus de 100 jeunes talents des quatre coins du monde.

  • En 2006, son exploration de l'ex-URSS, aboutit à la publication de son premier ouvrage, intitulé « Satellites ».

  • En 2007, son reportage sur les bidonvilles de Nairobi, publié dans « The Paris Review », lui vaut le « National Magazine Award ».

  • En 2008, après sa nomination de 2004, il intègre en tant que membre à part entière l'agence Magnum Photos et en 2010 en devient le président.

  • Depuis il collabore avec de nombreux magazines, « Geo », « National Geographic » « Newsweek », « Vanity Fair », « The Sunday Times Magazine », « The Telegraph Magazine » et travaille pour la « Foundation Rockefeller ».


Avec Jonas Bendiksen, c'est un nouveau souffle d'air qui balaye la photographie, dès qu'il franchit le seuil de la porte de l'agence Magnum, avec ses images prises dans des pays et des régions dont peu de gens ont entendu parler, Transnistrie, Birobidjan, Qikiqtarjuaq, Kirghizistan, Abkhazie, des noms à la réalité desquels seul un moteur de recherches permet de croire l’existence.

A 23 ans, il entame un périple de quatre ans dans l'ex-empire soviétique, à la frontière de ses territoires perdus, un voyage qu'il effectue au cœur de l’Europe jusqu'au profondeurs de l'Asie à travers le Caucase et la Sibérie. Il explore les signes humains disséminés dans des territoires géographiquement oubliés.

Ses photographies sont aussi merveilleuses qu'insolites, que les appellations des ces étranges contrées. Il est un photographe solitaire qui n'a pas peur de découvrir ce qui reste encore à découvrir.

« La photographie est un langage, cherchez ce que vous voulez exprimer, et lancez-vous, parlez de votre sujet en utilisant la photographie. » Jonas Bendiksen

Son objectif saisit à la fois la confusion, la désolation, la nostalgie et la beauté des lieux, il donne à voir les ruines d'un futur irréel, les restes d'un songe informe, tel qu'un scénario de science-fiction, fascinant et inquiétant.

Après l'effondrement de l'URSS en 1991, quinze pays ont éclos. Au fil des années suivantes, nombre d'autres territoires réclament une forme d'indépendance ou d’autonomie. Tous ces pays et régions satellites, souvent minés par les problèmes économiques, politiques et ethniques, sont totalement méconnus du grand public, Jonas Bendiksen, photographe norvégien s'en fait le porte parole au sein de l'agence Magnum

« Je crois que ce qui fait de Magnum un acteur intéressant et toujours pertinent, c'est l'incroyable diversité de ses photographes, et le fait que chacun d'eux crée, à sa façon, une photo qui est un commentaire de ce qui l'entoure. Et je trouve que l'agence et ses photos sont devenues plus intéressantes ces dernières années, parce que c'est de plus en plus varié. » Jonas Bendiksen

Il n'opère pas en zone de conflit, il arrive au sein de l'agence Magnum Photos en tant que stagiaire avant de devenir un membre à part entière de l'agence, sa vision est d'offrir celui du monde qui l'entoure, de l'accélération des changements qui conduisent l'humanité de la campagne à la ville, des conséquences de ces changements, qui sont pour lui des aberrations.

« J'aime travailler sur des thèmes qui restent dans l'ombre des titres qui font la une des journaux, des sujets laissés pour compte par les journalistes. Le plus souvent, les images les plus intéressantes et les plus convaincantes proviennent des ces histoires obscures qui se situent à la limite des radars. » Jonas Bendiksen

Région de l'Altai, Russie, 2000

Entourés d'une nuée de papillons blancs, deux villageois de la région de l'Altaï au sud de la Russie, proche de la frontière du Tibet, s'affairent sur le dessus d'un reste d'une navette spatiale, à la recherche du moindre débris négociable à la revente, des hommes qui espèrent obtenir quelque chose en récupérant des alliages à haute concentration en titane et en aluminium, une image forte entre un monde moderne, traditionnel sur un fond de nature.

Dans ces endroits, lancer un satellite commercial coute moins cher que dans n'importe quelle autre partie du monde, après de nombreuses années de lancements, les carcasses des missions spatiales sont éparpillées un peu partout, toute la zone cosmodrome de Baïkonour au Kazakhstan et la Sibérie sud-orientale sont des immenses champs jonchés de milliers morceaux d'engins spatiaux, le gouvernement n’effectuant rien pour nettoyer cette zone, les épaves restent au sol là ou elles sont tombées, y compris ceux de « Spoutnik ».

Soukhoumi, Abkhazie, Georgie, 2005

En Georgie des autochtones et touristes russes se baignent dans la mer Noire, viennent profiter des eaux chaudes au coté d'un Cargo échoué sur le bord du rivage, de cette petite république reconnue seulement par six États, une image que Jonas Bendiksen signe entre un monde moderne, traditionnel sur un fond de nature.

Bien que l'Abkhazie soit isolée, à moitié abandonnée et qu'elle souffre toujours des blessures de la guerre à cause de son statut d'État non reconnu, elle attire les Russes, ce territoire s'étale sur une bande de terre luxuriante le long de la côte de la mer Noire, l'Abkhazie gagne son indépendance aux dépens de l'ancienne République Soviétique de Géorgie en 1993, aux termes d'un conflit violent.

« On pourrait dire que tous ces gens vivent sous pression, en ce sens que la vie dans ces endroits est très difficile du point de vue économique. Ces régions sont très enclavées, il est difficile d'en sortir mais aussi de vivre sur place. Et en même temps, ces endroits sont tous différents et ont une atmosphère et une identité qui leurs sont propres. » Jonas Bendiksen