Emil Otto Hoppé (1878-1972) Photographe Allemand d’origine Britannique, né à Munich dans une famille aisée, fils unique d'un banquier de premier plan, comme son père il se dirige vers des études de financier et se forme dans les meilleures écoles, celles de Munich, Paris et Vienne, dès la fin de ses cours, il est embauché dans des banques allemandes pendant dix ans, et accepter un poste à la « Shanghai Banking Corporation ».

En 1900 il épouse Marion Bliersbach, sœur d’un ami d’école et s’installe à Londres tout en travaillant pour la « Deutsche Bank », à l'époque il tombe amoureux de la photographie et décide de stopper sa carrière dans la finance pour vivre sa passion qu'il débute en tant que simple amateur,

    • En 1907, il ouvre son studio photographique comme portraitiste, en quelques années il connait un succès rapide et devient un leader incontesté du portrait pictural en Europe, et rarement dans l'histoire du milieu, il devient de son vivant, connu du grand public, en étant aussi célèbre que ses modèles, il est un photographe de premier plan dans les domaines de la politique, de l'art, de la littérature et du théâtre, effectuant avec son appareil photo des poses et des portraits sophistiqués.

    • Son œuvre dresse un portrait fidèle de l’effervescence intellectuelle et artistique de la première moitié du 20ème siècle en Angleterre. Durant toute sa vie, sa réputation attire de nombreuses personnalités britanniques et nord-américaines. Durant la période précédant la première guerre mondiale, il photographie toutes les célébrités du monde de l'art et de la littérature, Henry James, Rudyard Kipling, John Masefield, Léon Bakst, Anna Pavlova, Tamara Karsavina, les danseurs des Ballets Russes, Violet Hunt, Richard Strauss, Jacob Epstein et William Nicholson,

    • Dès 1913, certaines de ses images font l’objet d'exposition.

    • En 1919 il parcoure le monde à la recherche de nouveaux sujets et de paysages, des voyages qui l’amène en Afrique, en Allemagne, en Pologne, en Roumanie,en Tchécoslovaquie, aux États-Unis, et à Cuba, à la Jamaïque, l’Australie, la Nouvelle-Zélande, le Japon, l'Indonésie, Singapour, la Malaisie, l'Inde et Ceylan, toutes les photographies qu’il réaliser au cour de ses périples sont publiées dans nombreux de ses ouvrages.

    • Au début des années 1920, il est invité à photographier, la Queen Mary, le roi George V, ainsi que les membres de la famille royale, tout en continuant à réaliser des portraits, ceux de Albert Einstein, Benito Mussolini, Robert Frost ou encore Aldous Huxley.

    • En 1922 il publie « The Book of Fair Women », un ouvrage contenant les portraits de 32 femmes, avec l’idée de questionner les canons de la beauté occidentale, en mettant sur le même plan toutes les origines et groupes sociaux, des tahitiennes pauvres aux riches Ladies anglaises de type caucasien, un livre à l’origine d’une controverse, d’autant plus grande qu’il est un portraitiste reconnu de la bonne société. Avec le temps, cette vision progressiste est aujourd’hui reconnue comme un événement marquant de l’histoire de la photographie du 20ème siècle.

    • En 1937 il utilise ses archives pour créer l’agence « Dorien Leig », réunissant également l’œuvre d’autres photographes.

    • En 1954, à l'âge de 76 ans, il vend son travail photographique à la « Commercial London Picture Archive ». Son fonds se mélangeant avec d’autres millions de clichés. L’organisation thématique de l’agence, puis son incorporation à la « Collection Mansel » a pour effet de démembrer son archive qui devient totalement invisible et inaccessible au public.

    • En 1994, Graham Howe entreprend un long travail de catalogage et de conservation, créant le legs de « E.O Hoppé », et redonnant une vision nettement plus claire de son œuvre qui peut être de nos jours et pour la première fois depuis plus de soixante ans, dévoilé au public.


Emil Otto Hoppé est l’archétype du photographe à succès, à l’instar de ses contemporains Richard Avedon ou Irving Penn. Il appartient à l’élite culturelle et artistique de son époque, avec un accès aux cercles politiques, littéraires, aux figures du monde du spectacle. Tout ce monde est disposé à poser pour lui, faisant de lui un portraitiste reconnu et incontournable, comme ses images de Georges Clemenceau, Ezra Pound, ou George Bernard Shaw. Mais au-delà de ces cercles privilégiés, il intègre à son œuvre l’aspect quotidien de la vie des rues, et face à ses portraits posés, il applique la spontanéité de l’approche documentaire.

À partir de 1920, le travail de studio prend le pas face à l’appel de la rue, mais il ratisse la ville, à la recherche de l’homme commun. Sa photographie, influencée en ce sens par son ami Bernard Shaw, a pour prétention de capter les types et les classes sociales britanniques, il produit des images de travailleurs dans leur vie quotidienne, dans les cafeterias, les hôpitaux, les cimetières pour animaux et d’autres, celles d’activités plus singulières, comme celle du tatoueur George Burchett.

Avec ses portraits du pouvoir, il s’interroge sur les raisons du triomphe de certains, ses images sont un produit d’une réflexion psychologique, reflétant la personnalité pure de ses sujets, celle qui leur donne leur caractère, il traque ce désir, cette aspiration aussi bien chez ceux qui ont acquis un statut respecté, que chez les anonymes.

Dans son travail, le portrait est le genre photographique le plus utilisé, à mi-chemin entre le pictorialisme rêveur et le modernisme, il choisit de se concentrer sur ses sujets, et cherche tout particulièrement à faire ressortir leur profil psychologique, la beauté pour lui est toujours au second plan.

Il a pour habitude de préparer ses séances de travail de manière consciencieuse, ne laisse rien au hasard, il se documente abondamment sur son sujet, et fait en sorte d’instaurer un dialogue, un climat mutuel de confiance, avant de déclencher, donnant un résultat avec des premiers plans rigoureux, qui se passent de fioritures, de fonds et de décorations, et n’intègre que les détails qui apportent des informations sur le sujet, un regard, parfois les mains.

« Les expressions faciales peuvent être contrôlées, mais les mains, on les oublie fréquemment. » Emil Otto Hoppé

Ses photographies publiées dans « Taken from Life » en 1922 et « London Types » en 1926, ouvrages dans lesquels il cherche à capter ce qui est constitutif du stéréotype d’un groupe social déterminé, contrairement aux portraits individuels. Ses images sont différentes dans la forme, elles se limitent à une tête ou un buste, avec l’intention de rendre une intensité maximale à l’image du personnage.

Entre 1928 et 1937, il réalise des photographies de rues à Londres pour le « Weekly Illustrated », face à son travail réfléchi du portrait, ce qui prime dans ses images urbaines est la capture d’un moment particulier. Dans les rues londoniennes, il rencontre un esprit cosmopolite, multiculturel qu’il sait enregistrer avec un certain sens de l’humour. Aucune des grandes icônes de la ville n’y échappent, les bobbies, le British Museum, le Big Ben ou le traditionnel thé de 17h. Dans la photographie de rue, il expérimente, recherche l’excentricité, l’absurde et parfois le grotesque.

Il a pour habitude d’utiliser un Kodak Brownie, dissimulé dans un sac en papier, un procédé similaire à celui utilisé plus tard par Walker Evans ou Helen Levitt dans le métro de New York, mais il l’abandonne par la suite, au profit d’un Leica plus léger, plus commode, et surtout beaucoup plus rapide.

View of New York from Brooklyn Bridge, 1925

Interior of Grand Central Station, Manhattan, New York, 1929

View across Thames to Houses of Parliament, London, 1930