Alfred Eisenstaedt (1898-1995) photographe américain d'origine allemande, né en Prusse-Occidentale à Dirschau, issu d’une famille juive qui s'installe à Berlin en 1906.

  • En 1911, âgé de 13 ans, son oncle lui offre un appareil-photo, un N°3 pliant d'Eastman Kodak. Il étudie à Berlin et obtient son baccalauréat.

  • En 1916 à 1918, durant la Première Guerre mondiale, il combat dans l'artillerie allemande et en revient blessé aux deux jambes. De retour jusqu’en 1925, il est marchand d’articles en mercerie.

  • Fasciné par les ombres et les lumières du soleil, il réalise son premier cliché, publié sous le titre « une femme jouant au tennis », en recevant 12 marks ½, soit environ $3.00. Il commence alors en tant que pigiste pour le grand quotidien allemand « Berliner Tageblatt », passionné de photographie, influencé par le photographe Erich Salomon, l'un des pères du documentaire, il décide d'en faire sa profession et s'intègre au dynamique photojournalisme allemand.

  • En 1929, il est embauché par le bureau « Associated Press » en Allemagne, et en l'espace d'un an, il devient l'un des photographes incontournables du moment, il collabore également au sein de « Berliner Illustrierte Zeitung », publié par Ullstein Verlag, qui à l’époque est la plus grande maison d'édition au monde.

  • En 1931 il achète son premier Leica, et commence à accumuler les clichés, comme celui en 1932 d’un serveur patinant sur la glace à Saint-Moritz en suisse, de Joseph Goebbels à la Société des Nations à Genève en 1933, ou encore celui ou il réussit l'exploit de photographier la rencontre entre Adolf Hitler et Benito Mussolini à Venise en juin 1934, puis couvre l'ascension d'Adolf Hitler au pouvoir.

  • En 1935, lors de l' invasion imminente de l'Éthiopie par l'Italie fasciste qui provoque un regain d'intérêt international, il est envoyé sur place par le « Berliner Illustrierte Zeitung », effectuant un reportage de plus de 3 500 photographies.

  • Accepté au départ par le régime Nazi, il est rapidement persécuté en tant que Juif et dès 1935, émigre aux États-Unis où il vit le restant de ses jours, à Jackson Heights, dans le Queens, à New York.

  • Dès 1936, dès la création du magazine Life, il est le premier photographe au sein de la revue, au coté de Margaret Bourke-White, étant l’un des 4 photographes fondateurs du journal avec lequel il collabore toute sa vie, jusqu'en 1972, il réalise la couverture du second numéro et par la suite effectue plus de 2.500 clichés et 92 autres couvertures. Il photographie les plus grandes vedettes, de Sophia Loren à Marilyn Monroe, ainsi que Albert Einstein, Ernest Hemingway et John Fitzgerald Kennedy.

  • En 1945, à Times Square le 14 aout pour la capitulation du Japon et la fin de la Seconde Guerre mondial, il réalise son plus célèbre cliché, celui d'une infirmière s'étreignant dans les bras d'un marin.

  • En 1954, il réalise sa première exposition personnelle à la « George Eastman House » de Rochester.

  • En 1958, il est élu parmi les « Dix plus grands photographes du monde ».

  • En 1989, lors d'une cérémonie à la Maison Blanche, il reçoit la « Médaille nationale des arts », décerné par le président George Herbert Walker Bush.

  • En 1993, il effectue ses toutes dernières photographies, celles du président Bill Clinton en compagnie de sa femme Hillary et de leur fille.

  • En 1995 il s’éteint dans son lit à minuit dans sa bien-aimée Menemsha Inn chalet connu sous le nom de « Pilot House ».


Connu sous le nom de Eisie par ses amis proches, celui que l'on surnomme « le père du photojournalisme », introduit cette nouvelle notion photographique, l'instantanéité. Il est le chroniqueur de tout une époque, destin fabuleux que celui de cet homme qui fait le commerce de boutons et ceintures avec indolence et laisse du jour au lendemain, tout tomber pour la photographie, Henry Luce qui prépare le lancement du Life, pressent chez ce jeune homme venu d’Allemagne, l’esprit dont son nouveau magazine a besoin pour jeter les bases du reportage visuel.

« Je réfléchis rarement lorsque je prends un cliché, mes yeux et mes doigts réagissent instinctivement. Mais le plus important est de choisir au préalable l’angle sous lequel la photographie devra être prise. » Alfred Eisenstaedt

Il couvre en permanence l’actualité et les événements. Il est l'un témoin du 20eme siècle, durant toute sa carrière il prend plus d'un million de photographies. Il aime les images franches avec un dosage de lumière savamment composé, son œuvre est la définition parfaite de l'art du photojournalisme, son objectif est de laisser les personnes et les événements parler d'eux-mêmes. Il cherche le plus souvent de trouver, d’attraper et de capter le moment afin de raconter une histoire, démarche, nommée le « storytelling ».

« Je vois des images tout le temps, je pourrais rester des heures à regarder la pluie tomber. » Alfred Eisenstaedt

Il s’en remet à sa curiosité insatiable, il ne perd jamais cette attirance presque juvénile pour les choses et les gens. Il met ses sujets à l’aise, ensuite se rapproche d’eux et prend quelques photos, sans avoir besoin de beaucoup de pellicule, puis passe à la personne ou au sujet suivants, recherchant sans cesse l’essence même de ce qu'il enregistre afin de le faire partager. La force de ses photographies repose sur la simplicité de leur composition, reflétant une façon de penser et impliquant le spectateur en lui donnant le sentiment d’être présent à ses cotés.

Il aime aussi souligner l’humour d'une scène, ainsi que le caractère répétitif, effectue parfois des répétions de lignes, il est expert dans l'art de percevoir le graphisme, et profite de chaque occasion pour créer des équilibres dans ses compositions.

« La chose importante est pas l'appareil photo, mais l'œil. » Alfred Eisenstaedt

Contrairement à la plupart des photographes de presse de l'époque qui utilise des appareils photographiques de presse 4 "× 5" très grands et avec des accessoires pour les flash, il est un des tout premiers à s'équiper d'un appareil-photo Leica de 35mm, permettant de lui donner une plus grande vitesse et plus de flexibilité lors de ses prises de vue , tout en renonçant à l’utilisation du flash pour pouvoir rendre l’atmosphère lumineuse, il fait figure de pionnier de la photographie en lumière ambiante, il expérimente et travaille avec différents objectifs, filtres et prismes à la lumière naturelle.

Le « V-J Day, Times Square, New York, 1945 », n’est pas une image la plus romantique du monde, elle n'a rien d'une scène d’amour, le baiser représente juste quelqu'un qui fête une occasion et qui est pour le photographe un témoignage historique. Portant tout semble parfait, un marin et une infirmière s'embrassent avec passion à Times Square pour célébrer la capitulation du Japon le 14 août 1945. Lui en uniforme sombre, elle tout en blanc, des collants à la robe, de la coiffe jusqu’aux chaussures, tout deux abandonnés dans une embrassade théâtrale, aveugle à la foule riante, sur la place la plus célèbre du monde. La photographie est publiée par le magazine Life, elle devient de suite une image iconique, symbolisant le « V-J Day », la victoire sur le Japon, la fin de la Seconde Guerre mondiale et l'euphorie qui l'accompagne. L'article de la revue, en 1945, qui l'accompagne est consacré à l'événement, évoque des scènes de liesse, six images de baisers sont sélectionnées, parmi les quatre réalisées par Eisenstaedt, celle ci reste la plus consensuelle, réduisant l'événement à un aspect positif. Peu de temps après, la photographie si parfaite est controversée, accusée d’être une mise en scène, Alfred Eisenstaedt démentie et confirme qu’elle a bien été prise spontanément.

En 1980 le magazine Life fait appel au photographe afin de refaire une nouvelle photo, une photo souvenir avec les deux protagonistes de l’époque, le marin George Mendonsa accepte mais en revanche la femme Greta Zimmer refuse en déclarant : « Je n'ai pas demandé qu'on m'embrasse. Le type est juste arrivé, et il m'a attrapée ! Je lui ai dit que je ne voulais pas refaire cette pose ! ».

« Lorsque j'ai un appareil photo en main, je n'ai aucune crainte. » Alfred Eisenstaedt

René Breguet, Ice skating waiter, St Moritz, Suisse, 1932

« J'ai fait une photo frappante, du maître d'hôtel de patinage. Pour être sûr que l'image était nette, j'ai posé une chaise sur la glace et j'ai demandé au serveur de patiner. J'avais un appareil Miroflex et je me suis concentré sur le chaise. » Alfred Eisenstaedt

Repairing the Hull of the Graf Zeppelin, 1934

Lesson at la Scala's, Ballet School, Milan, Italy, 1934

Young nuns, Torino, Italy, 1934

Egyptian fishing boats, Suez Canal, 1935

Weathervanes, Vermont, 1940

Farewell to Servicemen, Penn Station, New York, 1943

V-J Day, Times Square, New York, 1945


« J'ai remarqué un marin venant dans ma direction. Il attrapait toutes les femmes à sa portée et les embrassait, jeunes comme vieilles. Puis j'ai remarqué l'infirmière, debout dans cette immense foule. J'ai fait le point sur elle, et, comme je l'espérais, le marin est arrivé, a attrapé l'infirmière, et s'est penché pour l’embrasser. » Alfred Eisenstaedt

Trees in Snow, St Moritz, Switzerland, 1947

Winston Churchill, Liverpool, 1951

Marilyn Monroe at Home, Hollywood, 1953


Il photographie Marilyn en mai 1953 dans son appartement à Doheny Drive, effectuant une série de clichés pour un reportage photographique publié dans le magazine Life, des images devant chez elle, dans son patio, ou encore lisant dans son salon.

Marilyn Monroe at Home, Hollywood, 1953

Shaker Room, 1974


Dans les années 70’ il effectue une série de clichés sur les mythiques rocking-chairs, crée en 1944 et rendu célèbre par le président John Fitzgerald Kennedy, filmé dans l'un de ses fauteuils en bois. Cette image est la plus célèbre de sa session, prise dans une chambre à Hancock dans l’état du Massachusetts, mais d’autres photos sont faites dans des lieux différents, jusqu'en extérieur.