« À trop vouloir analyser, on tue l'émotion. »

Jeanloup Sieff (1933-2000) photographe français, né à Paris, il est reconnu pour ses portraits de personnalités politiques et du monde du spectacle, pour ses paysages, ainsi que pour ses nus et son utilisation des objectifs grands angles. Il a travaillé essentiellement en noir et blanc. Il fut par ailleurs un photographe de mode et sera suivi sur cette voie par sa fille Sonia.

  • En 1954, Jeanloup Sieff débute sa carrière de photographe indépendant à Paris et publie ses premiers clichés dans Photo Revue. L’année suivante, il est engagé comme photoreporter pour Elle. Assez vite, il démissionne de Elle pour rejoindre l’agence Magnum et entame une série de voyages en Europe (Italie, Grèce, Turquie et Pologne).

  • En 1959, Jeanloup Sieff quitte Magnum et recommence à travailler en indépendant. Il travaille alors pour Réalités en Belgique et le Jardin des Modes où il retrouve Frank Horvatrencontré quelques années plus tôt. Deux ans plus tard, il s’installe à New York, il collabore à Look, Glamour, Esquire, Harper’s Bazaar, tout en continuant de travailler pour des magazines européens : Vogue, Twen, Queen

  • En 1962 il réalise ses premières photos de publicitaire pour Rosy. Après sept ans passés sur le continent américain, Jeanloup Sieff décide de revenir à Paris. Il continue de collaborer pour Vogue, Nova et Elle. Ses clichés sont régulièrement exposés et récompensés.

  • A partir de la fin des années 1970, Jeanloup Sieff dispose d’une large renommée et se montre particulièrement actif. Il est invité à participer à de nombreuses émissions (La Vallée de la Mort…) ainsi qu’au film de F. Moskovicsz, 3 jours, 3 photographes (avec Robert Doisneau et Bruno Barbey). Il fonde et dirige la collection « Journal d’un voyage ».

Ayant réussi à intégrer son studio et son labo dans son appartement-atelier, il vivait et créait dans son antre, à l'écart des modes et des turbulences médiatiques. Jeanloup Sieff était un calme. Souvent mélancolique, toujours nostalgique, son humour en demi-teinte pouvait déconcerter. Il aimait les chats, le N&B et Fats Waller. Dans ses photos, on retrouve les mêmes lieux, les mêmes objets : l'escalier, la table, la maison noire d'East-Hampton, le tableau de Charles Matton... Il ne faisait aucune distinction entre les travaux de commande et le travail dit personnel. Jeanloup Sieff avait un capacité de se détacher de ses photographies pour leur donner une liberté et une vie propre.

« Dans toutes les photographies, c'est bien du temps qu'il s'agit ; du temps qui glisse entre les doigts, entre les yeux, du temps des choses et des gens, du temps des lumières et des émotions, du temps qui jamais plus ne sera comme avant. » Jeanloup Sieff

On retient de lui le regard fixe et perdu de Coluche qui fit la Une du journal Libération au moment de la mort de l'humoriste. Cette Une était encadrée chez lui, c'était la seule. Coluche avait paraît-il plaisanté durant toute la prise de vue. Sieff, lui, n'avait gardé que cette image mélancolique. Mais aussi sa photographie d’ Yves Saint Laurent nu.

Sieff et le Nu : Dans ses clichés de nus Sieff révèle toujours un mystère en s’attardant sur la peau parfaite des femmes, à l’ombre d’un visage qui ne se dévoilera pas. Il travaille essentiellement en noir et blanc et photographie les courbes des femmes en les enveloppant de tendresse et d’intimité. Il dépeint une femme délicate, énigmatique, élégante, jamais lascive, dans des atmosphères simples et dépouillées. Il modèle le corps grâce à un jeu subtil de volumes et de lumière. Par une lumière apprivoisée avec une justesse rare, une profondeur des noirs, une sensualité, le résultat de ses photos magnifie la femme. Souvent il les photographie avec un grand-angle donnant une vision ample et dont les distorsions lui servent à jouer sur les courbes et les ambiances insolites. En photographiant il vit le moment présent sans savoir quelle intensité émotionnelle il procurera, ce qui est superficiel peut être riche comme un souvenir qui fleurit la mémoire. Quand on lui demaundait quelle partie du corps il préférait, Jeanloup Sieff répondait « le derrière ».

Site Officiel : Jeanloup Sieff

« Il n'y a pas de bons ou de mauvais sujets, il n'y a que la qualité du regard qui se pose sur eux.» Jeanloup Sieff

Corset, New York, 1962

Cadillac, New York, 1963

Catherine Deneuve, Paris, 1965

Nu blanc, Paris, 1967

Jane Birkin, 1968

Serge Gainsbourg et Jane Birkin, Paris, 1970

Au Deux Magots, Paris, 1971

Femme assise, 1972

Nu avec lunettes, 1974

Café de Flore, Paris, 1975

Par un jour pluvieux, Paris, 1975

Femme nue dans un couloir, 1975

Femme nue dans une bibliothèque, Paris, 1976

Femme involontairement provocante, Paris, 1978

Femme et téléphone, Paris, 1981

Coluche, Paris, 1985

Charlotte Rampling, Normandie, 1985

sur le tournage du film

« On ne meurt que deux fois » de Jacques Deray

Jarretelles, Paris, 1985

Fétichisme, 1985

Portrait avec voilette, 1985

Tapis volant, Normandie, 1988

Profils, Paris, 1989

Derrière au soleil, Paris, 1989

Nu de dos, 1992