Sanlé Sory (1943) photographe burkinabé, né Ibrahima Sanlé Sory à Nianiagara en République de Haute-Volta.

  • En 1957, il rejoint la ville de Bobo-Dioulasso et s’initie à la photographie en tant que jeune apprenti au coté d'un chef ghanéen, il apprend à travailler dans une chambre photographique avant de traiter et de tirer ses propres images. Comme la majorité des photographes africains de sa génération, il choisit et achète un Rolleiflex 6×6.

  • Rapidement, il atteint la notoriété dans la capitale culturelle et économiques de Haute-Volta à Bobo-Dioulasso, voyageant à moto, il parcoure la ville et ses environs, documente les épaves sur le bord des routes, suit l'évolution rapide de sa propre ville, l’affrontement entre la vie moderne et les traditions séculaires de cette région culturellement riche et rurale.

  • En 1960, il ouvre son propre studio « Volta Photo », l'année où son pays prend son indépendance de la France, sous le nom de République de Haute-Volta. Il commence par effectuer des photographies d’identité, des clichés d’accidents de la route pour le compte de la police locale et photographie les jeunes africains avides de modernité, venant « se faire tirer le portrait » dans son studio.

  • Il ajoute à sa passion de photographe, celui de journaliste et d'illustrateur de pochettes de disques. Très actif, il dépeint les habitants de Bobo-Dioulasso avec esprit et énergie. Qu'il s'agisse d'une ville moderne, d'une promenade sur la plage, d'un avion, d'une colonne antique ou d'un portrait avec des peintures en arrière-plan, il développe un style qui ne ressemble à aucun autre photographe de son pays.

Il est au coté des photographes maliens Malick Sidibé et Seydou Keita, du sénégalais Omar Victor Diop, et du camerounais Samuel Fosso, un des représentants importants de la photographie africaine contemporaine, réputé pour ses prises de vues souvent funk, toujours spontanées et parfaitement cadrées.

Durant ces années 60, l’époque au lendemain de l’indépendance, il réalise des milliers de portraits dans son studio mais aussi dans des soirées dansantes et s’immerge dans la musique, ce sont des instantanés d'un pays qui s’appelle alors la Haute-Volta. Il représente l'âge d'or de la photographie voltaïque, en témoignant de l'effervescence sociale et culturelle avec une élégance naturelle. Son œuvre est un voyage dans Afrique de l'Ouest des années 60, 70 et ses habitants saisis entre tradition et modernité.

Ses photos interpellent, il fait découvrir les jeunes des années Yéyé posant en costumes de cow-boys, de pirates ou de chevaliers. Ils sont tous présents, dans des décors peints, avec un avion en arrière-plan, des accessoires comme celui d’une moto ou un téléphone afin d'habiller la scène.

« Avec le temps, je me suis dit il faut des décors dans la photographie. Je donnais un coup de main car les gens ne savaient pas faire une belle pose. » Sanlé Sory

Qu'ils soient immobiles ou se déplaçant malicieusement, ses sujets illustrent des manières d'éloignement et de mélancolie des villes africaines enclavées au cœur du continent. A travers ses photographies, il évoquent l'exubérance juvénile des premières décennies d'indépendance africaine. Son objectif passe en revue avec intelligence la fusion naturelle entre tradition et modernité. Ses images en noir et blanc magnifie un âge d'or, bien avant le format 24 x 36 et les films couleur.

« Dans les soirées dansantes, les mariages, les baptêmes il fallait un photographe. » Sanlé Sory

Aujourd'hui âgé de 78 ans, cherchant au départ simplement à gagner sa vie, il était loin de se douter que ses photographies de l’époque yéyé prises en Afrique, rejoindrait de nos jours les musées les plus prestigieux du monde.

« Plus tu aimes quelque chose, plus tu t'investis dans sa passion. » Sanlé Sory