Georges Mérillon (1957) photographe français, né à Talence prés de Bordeaux, après des études ou il ne trouve pas sa voie, il se jette dans la photographie.
En 1979 et 1980 il part à Calcutta pour réaliser son premier reportage, travail publié dans le magazine « Géo ».
En 1981 il fonde avec d’autres indépendants un collectif de photographes, le « Collectif Presse », une alternative sociale aux grandes agences basées à Paris. Dans ses choix, il attache une importance aux sujets politiques et au monde du travail. Le Collectif énergique devient un vivier pour les grandes agences.
En 1987 Georges Mérillon rejoint l’agence « Gamma ». Il couvre l’actualité internationale et réalise des reportages sur la société et des portraits sur commandes des magazines français et étrangers, « Libération », « l’Express », « Time », « Newsweek », « Paris Match », « Stern », « Independent on Sunday », « Life » lui font une large place dans leurs pages.
Il couvre la chute du mur de Berlin, la guerre du Golfe et le conflit en ex-Yougoslavie.
Il est à de nombreuses reprises récompensé par des prix internationaux et en 1991 il reçoit le prestigieux Wold Press « Picture of the Year » pour son reportage au Kosovo et un second « World Press » pour son travail en Algérie en 1995.
En 1993 Il est désigné par ses pairs à l’European Fuji Award, « Photographe européen de l’année ».
En 2001 il devient rédacteur en chef de l’agence « Gamma ». Il suspend les grands reportages et se tourne vers un travail photographique plus intimiste.
De 2004 à 2005 il est nommé directeur de la rédaction et responsable du fonds photographique de l’agence « Gamma ».
En Avril 2005, il décide de quitter « Gamma » pour reprendre pleinement son activité de photographe de terrain.
Ses images sont exposées à la « Galerie Canon » à Amsterdam pour une rétrospective, au Festival « Visa pour l’Image » de Perpignan, à la « Galerie du Château d’Eau » à Toulouse, au « Palais des Nations » à Genève, ainsi qu’à « l’Hôtel de Ville » de Paris.
En 1990, Georges Mérillon part en reportage, au Kosovo. Il réalise sa célèbre image lors d'une veillée funèbre. Le cliché, accusé de sublimer la souffrance, gagne un an plus tard « le World Press Photo ». Après le passage d’une équipe de télévision pour un reportage, il prend place dans la pièce et réalise une série de photo avec une lumière naturellement sourde qui règne dans l’espace, la lumière caresse les visages, recréant les volumes et les ombres à l’instar d’une peinture du 16eme siècle de Caravage.
« Après que le président serbe Slobodan Milosevic eut aboli le statut d’autonomie de cette province de Yougoslavie, il y avait chaque jour des manifestations et des morts. Cela faisait quelques jours que l’AFP signalait ces affrontements dans la région mais l’information était peu reprise. Peu de gens savaient alors situer le Kosovo sur une carte d’Europe » Georges Mérillon
Mérillon est à Pristina, capitale du Kosovo, depuis deux jours, en compagnie d’un petit groupe de journalistes étrangers. Le matin du 28 janvier 1990, le photographe informé de l’embuscade décide se suite d’aller sur place, à la veillée funèbre de Nasimi Elshani.Près de la tête de ce jeune homme, Sabrié, sa mère. À droite de l’image, le regard dans le vide de la jeune sœur de Nasimi, Aferdita, 16 ans. Au centre, son autre sœur Ryvije, secouée par le chagrin. Au pied du jeune homme, hors cadre, se tenait la femme du défunt, tenant leur fils de trois mois dans ses bras. La veille, Nasimi Elshani se rendait à un rassemblement à Rahovec, avec des amis. Ils ont été pris dans un guet-apens organisé par la police de Milosevic , qui a tiré dans le tas, sans aucune sommation.
« Avec l’aide d’un journaliste kosovar, un petit convois est organisé pour se rendre sur place. Malgré les barrages de l’armée serbe et quelques détours, après plusieurs heures nous avons réussi à atteindre le village de Nagafc. Des villageois s’étaient attroupés sur une place. Il sont d’abord été surpris de notre présence mais très vite ont voulu nous montrer ce qui était arrivé à l’un des leurs et ils nous ont alors conduit dans la maison de la famille Elshani. Je suis resté quelques minutes au milieu de ces femmes ,une heure dans le village et puis nous avons dû reprendre la route pour arriver à Pristina avant le couvre-feu qui était en vigueur au Kosovo. » Georges Mérillon
Derrière cette image, le reportage de Georges Mérillon réalisé pour le magazine « Time », cherche à informer une presse internationale qui s’intéresse à peine de ce conflit. L’image est alors largement diffusée dans le monde entier. Un membre de la famille de Eshani vivant en Suisse le contacte pour lui demander un tirage, « J’ai su par la suite que la photo avait été accrochée sur l’un des murs de la maison familiale. Elle a également été reproduite par les indépendantistes kosovars pour des affiches politiques. » Georges Mérillon
En 1999, Mérillon rentre au Kosovo avec les troupes de la coalition internationale voulant savoir ce que les femmes qu’il avait photographié étaient devenues. Quand Milosevic envahit le Kosovo, il tente lui aussi de prendre des nouvelles de cette famille sans y parvenir. Aucune ONG n’avait de trace d’elles, seul le photographe, après plusieurs jours d’enquête, fini par localiser une des sœurs de Nasimi, Aferdita, qui était restée au Kosovo. Le village lui avait été totalement détruit par la guerre.
« Grâce à mon téléphone satellitaire, elle a pu rentrer en contact avec les autres membres de sa famille. Tous étaient vivants et réfugiés en Albanie. J’ai attendu leur retour et j’ai pu assister à leurs retrouvailles. J’ai passé deux jours avec eux pour rapporter leur témoignage. » Georges Mérillon
Veillée Funèbre, Nogovac, Kosovo, 1990