Eve Arnold (1912-2012) photographe américaine, née à Philadelphie, de parents immigrants russes. Elle découvre sa vocation pour la photographie en 1946 alors qu’elle travaille pour un laboratoire photographique new-yorkais.

    • En 1948, elle se forme auprès du directeur artistique Alexey Brodovitch à la « New School for Social Research » de New York. Elle s’associe à l'agence Magnum Photos dès 1951 en étant la première femme à devenir membre à part entière de l'agence en 1957.

    • Elle présente à l’agence Magnum toute une série de clichés sur les travailleurs immigrés pris à Long Island, elle est l'une des rares femmes photojournalistes avec Maria Eisner et Inge Morath, à débuter au sein de l'agence, elle débute tout d’abord en tant que pigiste, puis en 1954, en tant qu’employée à part entière, en travaillant sous la direction des fondateurs Henri Cartier-Bresson et Robert Capa.

    • En 1962 elle quitte les États-Unis pour s’installer en Angleterre afin que son fils soit éduqué, pays dans lequel elle reste jusqu’à la fin de sa vie, à l’exception d’un intermède de six ans au cours duquel elle travaille aux États-Unis et en Chine.

    • En 1979, elle est l’une des premières photographes américaines à travailler en Chine, après 15 ans de lutte pour obtenir un visa.

    • En 1980, elle présente le résultat de son séjour en Chine à l’occasion de la première grande exposition individuelle qui lui est consacrée au Brooklyn Museum. Cette même année elle reçoit le « National Book Award » pour son livre « In China ».

    • En 1995, elle devient membre de la « Royal Photographic Society » et est récompensée du titre de « Master Photographer », la plus grande distinction mondiale attribué par l’International Center of Photography (ICP) de New York.


Eve Arnold photographie quelques uns des plus grands noms du XIXème siècle. Bien connue pour ses portraits intimes de l’actrice Marilyn Monroe, elle réalise de nombreux clichés, ceux de Marlene Dietrich, Joan Crawford et Jackie Kennedy. Grande voyageuse elle parcoure la planète, se rend en Afghanistan, en Chine, en Afrique du Sud, en Europe et aux États-Unis. Elle photographie pendant près de 50 ans la vie des gens ordinaires et extraordinaires dans le monde entier, et arrête la photographie. Dans son travail elle cherche à créer des liens avec les stars qu’elle doit photographier afin d’en révéler leur coté humain. Son œuvre photographique évolue entre deux extrêmes apparemment inconciliables, la documentation sociale et le monde lissé des stars d’Hollywood.

« Sa photographie est à mi-chemin entre les jambes de Marlène Dietrich et la dure vie des ramasseurs de pommes de terre. » Robert Capa

Elle a une capacité de s’intégrer à des cultures exotiques aussi bien qu’a des cultures ordinaires et familières, voire banales, sans cesser d’observer et d’enregistrer avec amour et empathie, chaque expression de la condition humaine. Elle est d’une grande densité et le type même par excellence de la journaliste, intrépide, énergique, dotée d’une curiosité visuelle. Invisible, elle observe les situations sans y prendre part, ni attirer l’attention, elle a sa propre opinion, mais ne juge jamais.

Son talent singulier, ainsi que sa personnalité se reflète le mieux dans son travail, elle se tient au plus près de ceux qu’elle photographie, devenant souvent une amie de confiance, indifférente à l’appartenance sociale ou à la célébrité. Mais lorsqu’elle se retrouve face à son sujet, elle se place toujours en retrait, s’efface et déclenche avec discrétion sur son appareil.

Son héritage est aussi fascinant que varié, contenant tant de diversité, du plus humble au plus exalté, du plus misérable au plus sympathique. Aucun sujet n’échappe à sa photographie et tous sont traités avec considération et intelligence.

« Peu importe l'appareil utilisé, l'important est ce qui vous motive lorsque vous photographiez. » Eve Arnold

Elle a l’art de saisir le bon moment, au bon endroit, elle capte aussi bien les que les femmes désemparés, regardant ou détournant les regards de l’objectif, c’est son langage, un langage corporel qu’elle développe. Elle réussit à photographier le glamour et les paillettes et dans le même temps d’aller à l’essentiel de ce que vivent les gens de tout pays, en particuliers les femmes et les enfants dont elle endosse les causes.

« Je ne vois personne comme ordinaire ou extraordinaire. Je les vois simplement comme des gens devant mon objectif. » Eve Arnold

Elle ne veut surtout pas être utilisée comme une mascotte féministe, elle déclare qu’elle est d’abord un photographe et une femme en second.

« J’ai été pauvre et j’ai voulu montrer ce qu’était la pauvreté, je suis une femme et j’ai voulu tout savoir sur les femmes. » Eve Arnold

Elle connait le naturel, signe des portraits qui marquent la mémoire collective. Elle suit avec passion les immigrants et les défenseurs des droits civiques, en établissant le portrait d'hommes politiques et mène de longs reportages en Chine communiste ou encore sur l’Afrique du Sud de l'apartheid.

Marilyn Monroe et Eve Arnold, chacune sont à leur moment fort de leur carrière, la première comme star incontestée du 7e art, la seconde comme photographe de l'agence Magnum. Dès le début, Eve Arnold remarque la magie captivante qui se dégage de la jeune actrice. Pour saisir cette aura, elle suit Marilyn pendant plus de dix ans, au fil du temps, une véritable amitié naît entre les deux femmes, Marilyn se livrant alors sans retenue et sans fard, lors des séances de photographies ou sur les tournages. C'est le regard tendre et singulier d'une femme photographe, mais aussi d'une amie, qui nous dévoile une Marilyn touchante et sensible jusqu'aux derniers moments de sa vie. Leur rencontre date de 1952, lors d’une fête, Eve vient de publier quelques photos de Marlene Dietrich, Marilyn s’approche d’elle en lui disant « Si tu as réussi à faire de si belles choses avec elle, tu imagines ce que tu pourrais faire avec moi ? ».

Leur relation est un jeu complice de portraits et de séduction, le talent de la photographe est de dépasser l’apparence glamour d’une actrice devenue un mythe pour capter la personnalité et les doutes d’une femme devenue Marilyn.

« Marilyn adorait les objectifs et elle aimait poser en studio, je n’appréciais pas particulièrement cela, mais je voulais l’encourager et comprendre quelle vision elle avait d’elle même. » Eve Arnold.

Lorsque l’on demandait à Eve Arnold, quel effet cela faisait-il de photographier Marilyn ? , elle répondait : « C'était comme quand on voit une photographie apparaître dans un bac de révélateur. L'image latente était là, le moment et les conditions de sa révélation dépendaient de Marilyn. L'effet était stroboscopique, et le photographe n'avait qu'à suspendre le temps un instant pour avoir une nouvelle image de Marilyn. »

« Il ne faut jamais prendre des photos dont le sujet perd sa dignité. Les gens te prêtent ce qu'ils ont de plus personnel, leur visage : il faut les respecter, ne serait-ce que pour cela. » Eve Arnold

Eve Arnold, Self-Portrait in a distorted mirror, New York, 1950

Lillian Briggs, Brooklyn, 1950

Marlène Dietrich, Studios Columbia Records, New York, 1952

Marilyn Monroe, Reads Ulysses of James Joyce, 1954

Marilyn Monroe et Laurence Olivier, 1955

Marilyn Monroe, The Misfits, 1960

Marilyn Monroe, The Misfits, 1960

Marilyn Monroe, The Misfits, 1960

Marilyn Monroe, Reno, The Misfits, 1960

Malcolm X, Chicago, 1961

Andy Warhol, Factory, New York, Harlot, 1964

Mongolie-Intérieure, Chine, 1979