Dora Kallmus (1881-1963) photographe autrichienne, née Dora Philippines Kallmus à Vienne, issue d'une famille juive, elle est connue sous le nom de « Madame d'Ora ». Son père la soutient dans son choix pour la photographie, peu commun pour une femme à l’époque. Elle s’intéresse très tôt à l’art et à la peinture, tout en aidant le peintre Hans Makart.

  • En 1905, elle est la première femme à être admise aux cours théoriques à la « Graphische Lehr- und Versuchsanstalt », Institut de formation graphique. La même année, elle devient membre de la « Vienna Photographic Society », son père finance ses cours de photographies à l’atelier de « Nicola Perscheid » à Berlin ou elle apprend la photographie et fait la connaissance d'un autre assistant, Arthur Benda.

  • En 1907, elle ouvre un studio en compagnie de son ami Benda, sous le nom de « Studio Benda-D'ora », d’Ora le pseudonyme qu’elle garde jusqu’à la fin de sa vie. En 1908, elle effectue une série d'images de l'artiste, Gustav Klimt, en 1916 ou lui demande de réaliser des clichés du couronnement de l'empereur d’Autriche, Karl Franz Josef von Habsburg-Lothringen. En 1919, elle se convertit au catholicisme et ne se mariera jamais. Très vite elle devient populaire parmi l'aristocratie austro-hongroise pour ses portraits, et ouvre un second studio photographique à Paris en 1924.

  • A Paris, madame d'Ora est très vite reconnue internationalement pour ses photographies de mode tout au long des années 1930 et 1940. Elle travaille avec Joséphine Baker, Tamara de Lempicka, Coco Chanel , Jean Patou, Maurice Chevalier, Colette, Niddy Impekoven, Alban Berg ainsi que des danseurs, acteurs, peintres et écrivains.

  • Peu de temps après l'invasion allemande en France, à cause de son origine juive, elle vend son studio en 1940, se réfugie dans un couvent en Ardèche et ne revient qu’a Paris en 1946 ou elle ouvre de nouveau un studio. Elle perd une grande partie de sa famille dans les camps de la mort, dont sa sœur Anna. Après la seconde guerre elle change radicalement de style en documentant la situation des réfugiés dans un camp Autrichien.

  • Elle signe de main de maître un de ses derniers portraits, celui de Colette en 1953, une série sur le Marquis de Cuevas, et une série dépeignant la brutalité des abattoirs de Paris.

  • En 1959, elle subit un grave accident de la circulation qui l'a laisse invalide. Elle retourne sur sa terre natale d'Autriche, dans la maison de famille ou elle s’éteint 28 octobre 1963.


Au début de sa carrière, s’inscrivant dans le style pictorialiste du début du 20 siècle, elle pratique le flou artistique en studio, c'est l’une de ses caractéristiques techniques, utilisant des lentilles de flou qui permettent d'estomper les contours du visage.

Intéressée par la culture française, par le Paris cosmopolite, elle se spécialise dans la photographie de mode, de la haute couture et du portait glamour, continuant parallèlement sa photographie artistique, surtout dans le monde de la danse.

Au milieu de son studio étroit et décoré par une lumière dirigée afin de mettre en valeur le mouvement et la plastique du corps, elle est l'un des premiers photographes à se consacrer aux domaines émergents de son époque, telle la danse expressive et la mode. Ses photographies de mode viennent se substituer aux dessins dans les magazines. Elle impose un nouveau style dans les milieux de la haute couture, révolutionnant, insérant dans ses photo le glamour, avec des modèles prenant des positions nouvelles et naturelles, à l’opposé des poses raides et rigides de l’époque.

Son travail atteint des sommets, se retrouve dans la plupart des magazines de mode de l’époque comme « Die Dame », « Femina », « Vu », « Das Wiener Magazin » , « Die Woche Berlin » et « l’Illustration ».

Gertrud Bodenwieser, Vienne, 1925

Mme D.K, Turban, Collier et Bracelet

Collection Suzanne Farnier, Paris, 1933