David LaChapelle (1963) photographe et réalisateur américain, né à Fairfield dans l’état du Connecticut. A sept ans il prend sa première photographie « Glam », sa mère Helga sur un balcon de Puerto Rico, posant à la Ursula Andress, en bikini, verre de Martini à la main, sur fond de moquette bleue et rideaux roses.

    • En 1977, il s’inscrit à la « North Carolina school of Arts » avec l’idée de devenir peintre ou illustrateur. La photo très rapidement l’imprègne, un choix qu’il affirme en photographiant ses camarades de classe.

    • En 1978 il décide de se rendre à New York afin de saisir sa chance, il intègre l’association des étudiants d’arts et suit des cours à l’École des arts visuels. Il vit dans une auberge de jeunesse, fréquentant les paumés et les drogués. Parallèlement à ses études, il est serveur pour la célèbre discothèque le « Studio 54 ». Sous la pression familiale qui l’encourage dans ses études artistiques, il retourne finir son cursus à la North Carolina school of Arts et achève sa thèse en 1981. C’est à partir de ce moment qu’il a le « déclic » pour la photographie, en comprenant qu’elle ne se résume pas à ses aspects techniques et mathématiques de mise au point et d’exposition, mais qu’il s’agit d’une grande cuisine dans laquelle l’instinct fait la différence.

    • En 1982, Andy Warhol, rédacteur en chef du magazine « Interview » lui offre son premier travaille, en publiant anonymement ses premières photos, des images de nus. A tout juste 19 ans, il fréquente les membres de la « Factory », en se plongeant totalement dans ce monde édulcoré du Pop art qui marque à jamais sa vision qu'il a pour l’art.

    • Au début de sa carrière, il photographie en noir et blanc mais passe très vite aux couleurs vibrantes et saturées. Il se tourne exclusivement vers les galeries cherchant à être exposé, concevant la photographie comme un art à part entière qui a sa place dans les galeries au même titre que les peintures. En 1984 il réalise sa première exposition à « La galerie 303 » à New York.

    • Dès le début des années 1990 il est repéré par les milieux de la mode et sa renommée devient internationale. Il travaille dans les domaines de la mode, de la publicité et de la photographie d'art, produisant une œuvre aux empreintes de surréalisme, d'humour, influencée par l'érotisme et inspirée du travail du photographe James Bidgood.

    • En 1996 il publie son premier ouvrage « LaChapelle Land », suivie en 1999 de « Hôtel LaChapelle » et en 2006 « Heaven to Hell ».

    • En 2005, il fait une apparition dans le film « Dig ! » d'Ondi Timoner, interprétant son propre rôle. La même année il réalise « Rize », un documentaire sur le krumping et le clowning, danses nées dans la communauté Afro-américaine de Los Angeles, qui est primé au « Sundance Film Festival » et à l' « Aspen Film Festival ».

    • En 2009, la « Monnaie de Paris » présente une exposition regroupant plus de deux cents de ses clichés.

    • Récemment le magazine « American Photo » le classe parmi les dix personnalités les plus importantes de la photographie dans le monde, et obtient de nombreuses récompenses.


David LaChapelle qui dans le menu d’une carrière fulgurante, commence dès l’âge de 18 ans, et a plus d’une recette dans son sac pour assouvir ses faims visuelles, des recettes très américaines, très fast-food, ses photographies sont des bouchées entre culture pop et bande dessinée, entre fables en technicolor et fanzines, entre glamour des années 1950 et surréalisme savoureux. Il crée des plats de très bon gout, en croquant avec son objectif des mannequins et actrices, un pamplemousse entre les seins de Drew Barrymore, un peu de crème sur le jeans de Brooke Shields, une paille dans la bouche de Lily Taylor assise sur un champignon géant.

Son art est fait de fiction et d’artifices, hors du réel, construit de couleurs violentes, de sensualité, d’ironie et d’esprit de désacralisation avec des images provocantes, théâtrales, tissées d’une sorte de mysticisme baroque, riches en références du monde de l’art, et dont l’esthétique se fondent sur le langage publicitaire. Il se sert de silhouettes humaines sans jamais tomber dans la pornographie, vise à mettre à distance une réalité trop lourde à porter, fait poser ses modèles dans des endroits hors du commun, immeubles délabrés, fast-food, salle d’accouchement, bureau, étal de viande.

« Mon travail est honnête car il ne se fait pas passer pour la réalité. » David LaChapelle

Ses racines prennent les traces de deux grands maitres de la photographie, d’une part l’univers érotique du photographe James Bidgood, comme Pierre et Gilles et d’autre part l'univers d’ Helmut Newton , s'inscrivant dans la vague du « Porno Chic », en bouleversant les codes de la publicité au début des années 1990, remplaçant le glam-sex par le porno-chic ou le politiquement correct règne, rejoignant aux mêmes titres, celles de Mario Testino, Paolo Roversi et Bettina Rheims.

De la peinture, il est influencé par le baroque jusqu'au pop art, mais Michel-Ange reste son maître. Il applique dans ses images, le même sens de l’émotion que le peintre, ses œuvres sont l’emblème d’un désir de purification et de renaissance spirituelle, un récit biblique efficace afin de décrire la dérive du monde actuel. Il puise dans ces grandes fresques de la peinture, la matière afin de développer son expression, et inclut dans les siennes des icônes telles Pamela Anderson et Paris Hilton parce qu’elles parlent aujourd’hui à notre imaginaire.

« Je me suis toujours inspiré de lui, depuis mon enfance, j’ai été fasciné par Michel-Ange. Si l’on parle de pop, voilà, c’est lui l’artiste pop par définition. C’est le seul artiste reconnu partout dans le monde. Face à l’image d’une main, celle de la création d’Adam, tout le monde sait dire le nom de l’artiste qui l’a peinte. Cela est très proche de la définition de pop, c’est-à-dire à être populaire, tout le monde connait Michel-Ange » David LaChapelle.

Sa réussite est de tout faire pour réaliser l'idée qu’il a en tête, avec une détermination pour que rien ne soit impossible, il adapte sa pensée créative à la photo, à la personne qu’il veut prendre et absorbe le tout dans son monde, un monde fait de décors bariolés, avec des mises en scène très soignées et millimétrées, n'ayant jamais recours aux trucages informatiques.

« C’est beaucoup plus drôle, si on veut photographier une fille assise sur un champignon de fabriquer le champignon et de l’asseoir dessus, que de le faire à l’ordinateur. De même si on veut mettre une fille nue et un singe en plein Time Square. » David LaChapelle

Il travaille avec un appareil moyen format et s’est mis au numérique tout récemment, considérant que la technologie est parvenue à sa maturité, égalant la qualité de l’argentique. Son univers est surréaliste dans lequel il applique des couleurs vives, criardes et saturées qu'il obtient au tirage par l’utilisation des négatifs couleurs.

« J'ai abandonné mes images en noir et blanc, qui étaient sombres et tristes, pour un travail débordant de couleurs. » David LaChapelle

Son style est le dernier de ses soucis en considérant toute règle prédéterminée comme une limite de la créativité, il est persuadé que l’application des règles amène à la mort de la spontanéité, son unique but est de donner une image au grand puzzle de la culture populaire.

« Oubliez le style. Tout ça c’est de la foutaise, c’est purement superficiel. Le style, ça vient tout seul. En ce qui me concerne, je n’ai jamais vraiment réfléchi à la couleur. Je sais simplement que c’est quelque chose qui m’a toujours attiré. Le principal c’est de photographier vos obsessions, que ce soit les mains de personnes âgées ou des gratte-ciel. » David Lachapelle

A l’opposé des galeries, l’idée émerge pour lui que les magazines sont des galeries d’art, mais bien plus puissantes, s’installant dans le quotidien des gens. Dans sa conception, le magazine est le « média Pop » par excellence qui libère la photographie artistique. Il préfère que ses photographies soient publiées dans des magazines de mode ainsi que des catalogues sans textes, avec pour but de ne pas s’arrêter à une pure illustration, mais d’amener son œuvre sur un plan du choc émotif afin de pouvoir atteindre un public aussi nombreux que possible, il cherche à développer une photographie de masse, dans une démarche similaire au Pop Art.

Intéressé par les obsessions de la société contemporaine, il est l'un des photographes qui maitrise le narratif, ses images crient et provoquent l’envie de les gratter en surface. Il crée une variété de situations non quotidiennes, parfois familières, développant un univers humain teinté de couleurs et de lumières plastiques, à la recherche du plaisir et du superflu, il présente des mises en scène du monde, adhérant parfaitement au présent, raconte tout le bien, tout le mal, tout l’utile et tout l’inutile, malgré la patine glamour qui les habille. Les hommes ainsi que les femmes hors normes, riches, puissants, sont son principal sujet, il ne cherche jamais à les sublimer mais s’en sert comme des concepts, les met en scène dans des atmosphères loufoques, prisonnières comme des marchandises qui façonnent leur image, comme un produit griffé qui cherche à fasciner le consommateur en camouflant la vérité dans un décor psychédélique.

Ses clichés ouvrent le rideau sur une dimension parallèle et onirique, miroir déformant d’une vision du monde, un système d’objets et de valeurs. L’humanité que l’on retrouve dans ses photographies est une humanité qui marche, s’arrête, tombe, panse ses plaies, se relève, recommence à marcher. Muni de son appareil, il suit pas à pas, observe, caresse, tout en mêlant histoire de l’art avec les obsessions de la société contemporaine, celle de la consommation, de l’environnement, du star system, de la religion et du devenir de l’humanité, une thématique qui au centre de son travail, avec des images irréelles où le fantastique se mêle avec une poétique paradoxale.

Son œuvre se constitue d'une longue liste de célébrités, Marilyn Manson, Uma Thurman, Britney Spears, Pamela Anderson, Drew Barrymore, Leonardo DiCaprio, Naomi Campbell, David Bowie, Smashing Pumpkins, Red Hot Chili Peppers, Jeff Koons, Tori Amos, Bjork, Madonna, Eminem, la transexuelle Amanda Lepore qu’il présente comme sa muse.

Ses photographies font à de nombreuses reprises les couvertures des plus grands magazines, « Rolling Stone », « Vogue », « Vanity Fair », parallèlement il réalisé des clips musicaux pour Joss Stone, Amy Winehouse, Norah Jones, ainsi que des spots publicitaires pour H&M, Burger King’s, Desperate Housewives.

« Si les gens considèrent que c'est de l'art, tant mieux. Moi, je laisse l'histoire en décider. » David LaChapelle

David Bowie, Eyes that cannot see, 1995

Naomi Campbell, Bon Appétit, 1999

Whitney Houston, Closed Eyes, 2000

Angelina Jolie, Secret Touching, 2001

Angelina Jolie, Horseplay, 2001

Kirsten Dunst, Bell Jar, 2001

Pamela Anderson, Cage, 2001

Pamela Anderson, Miracle Tan, 2004