Izis (1911-1980) photographe français d'origine lituanienne, Israëlis Bidermanas, à Marijampole en Lituanie, de confession juive. À sa naissance, en Lituanie sous domination russe, il est déclaré sous le nom d'« Izraël Biderman », transformé en « Israëlis Bidermanas » à la suite de l'indépendance en 1918. Il suit l'enseignement de l'école hébraïque où il est surnommé « le rêveur ». Son père le destine à l'ébénisterie, mais il ne suit pas cette voie toute tracée, en restant pourtant un artisan, amoureux des matières polies et de l'ouvrage bien fait.

  • En 1924, il devient apprenti photographe à Marijampole. En 1930 avec de nombreux autres photographes de l'Est, tel que Brassai ou André Kertész, il émigre à Paris dans le but de fuir les persécutions antisémites et avec le désir de devenir peintre. Il travaille clandestinement dans des laboratoires photographiques.

  • À partir de 1933, il est responsable d'un studio de photographie traditionnelle dans le 13e arrondissement. En 1934, il s'installe à son compte et effectue des portraits d'enfants, des photographies de communions et de mariages.

  • En 1941, durant la Seconde Guerre mondiale, il se réfugie dans le Limousin, à Ambazac. Il perd ses parents et l'un de ses frères en camp de concentration. Arrêté et torturé par les Nazis, puis libéré par la Résistance, il rejoint le maquis et photographie ses compagnons de lutte, parmi lesquels le colonel Georges Guingouin. Robert Giraud, poète résistant et journaliste est avec René Rougerie l'un des premiers à parler d'Izis dans l'hebdomadaire « Unir », issu de la Résistance. En 1944, il réalise des clichés d'une grande partie des maquisards qui sortent de la clandestinité. Une grande expo à Clermond-Ferrand retrace ses portraits pris sans artifice avec juste un papier blanc mis en toile de fond, des photos de maquisards non retouchées.

  • Revenu à Paris après la guerre, il se lier d'amitié avec Jacques Prévert, qui le décrit comme un « colporteur d'images », avec qui il publie plusieurs ouvrages. Il côtoie de nombreux artistes et hommes de lettres comme Aragon et Marc Chagall, avec lequel il est le seul photographe toléré durant ses séances de peintures et autorisé à enregistrer le travail à l'Opéra de Paris en 1963-1964.

  • Photographe indépendant, il travaille d'abord comme pigiste pour « Regards » hebdomadaire du Parti communiste, puis devient reporter pour « Paris Match » dès son premier numéro. Il y publier de nombreuses images, de Grace Kelly aux mineurs de Montceau-les-Mines, de Roland Petit à la Casbah d'Alger, ainsi que Jean Cocteau, Colette, Gina Lollobrigida, Édith Piaf, Orson Welles. Parallèlement il effectue plusieurs reportages, en Israël, en Angleterre, au Portugal et en Algérie.

  • Reporter et poète, Izis symbolise la génération des photographes des années 1950. Dans les nombreux livres qui jalonnent sa carrière comme dans les reportages destinés aux magazines, il a toujours préféré l'intimisme au sensationnel et la ballade sentimentale aux parcours guerriers. Il est aux côtés de Robert Doisneau, Willy Ronis, Édouard Boubat, Émile Savitry et d'Yvette Troispoux, l'un des principaux représentants du courant de la photographie humaniste française. Il est tout à la fois un amoureux du cirque, un grand reporter et un grand humaniste.

  • « C’est toujours mon Paris que je photographie. Je vais souvent dans les mêmes lieux. Ce n’est ni le Paris moderne, ni le Paris ancien. » Izis

  • Surnommé « le spécialiste de l'endroit où il ne se passe rien », il est un grand photographe de Paris, des bords de Seine, photographie ses amis proches dans des endroits qu’ils aiment et les montre comme des promeneurs. Pourtant, malgré son côté spontané, on retrouve dans ses imagse une façon inclassable de travailler, il évoque en permanence, autant dans son travail que dans ses discussions, les moments de son enfance de son village lituanien, dans lequel les lumières d'automne s'installait sur un pauvre cirque ambulant, baigné par la poésie, même si le spectacle était pauvre. Dès son enfance, le cirque et ses baladins, qu'il a photographiés mieux que tout autre dans leur tristesse, fait partie de l'univers d'Izis. Ce n'est qu'en 1955 qu'il peut enfin consacrer ce travail de toute une vie en publiant aux éditions Sauret, avec une Préface de Prévert, un ouvrage intitulé « Le Cirque d'Izis ».


« On me dit souvent que mes photos ne sont pas réalistes. Elles ne sont peut-être pas réalistes mais c’est ma réalité. » Izis

Rue du Louvre en Hiver, Paris, 1944

Fête place d'Italie, Paris, 1949

Place Victor Basch, Paris, 1er Mai 1950

Couple, Trafalgar Square, Londres, 1950

Minoute Prévert, 1951

Quai de Seine, Petit Pont, Paris, 1960

Fontaine place de la Concorde, Paris, 1972