Donald (Don) McCullin (1935) photographe Anglais, né à Londres, il grandit dans un quartier pauvre de la capitale, joue au petit soldat avec son frère dans les ruines d'un Londres bombardé.
Après le décès de son père en 1949, il est contraint pour vivre de quitter l’école à l’âge de 14 ans, il travaille en tant que plongeur en wagon-restaurant ou encore coursier. Il effectue son service militaire au sein de la Royal Air Force dans la reconnaissance aérienne, il y découvre les voyages et la photographie. Dès son retour il travaille pour le studio d'animation Larkins.
En 1959, il réalise sa toute première série d’images, des clichés sur ses amis d'enfance et le gang de jeunes, les Guvnors.
En 1964, il effectue un reportage à Chypre sur la guerre civile, avec lequel il remporte le « World Press Photo of the Year ».
En 1966, il signe un contrat d'exclusivité avec le « Sunday Times », il restera au sein du journal jusqu’en 1984, il couvre la famine en Inde dans la province du Bihar, la guerre des Six Jours en 1967, la guerre du Viet Nam et celle du Cambodge ou il est gravement blessé. Il continue sans relâche à parcourir les nombreux conflits de la planète, du Salvador à Beyrouth et au Congo ou il assiste en direct à des scène d’assassinats qu’il enregistre à l’aide de son Nikon F.
Originaire d'une famille extrêmement pauvre, il consacre des reportages à ce qu'il appelle « l'autre guerre », celle de la misère sociale en Angleterre, avec ses éclopés, ses affamés, ses SDF, ceux qui souffrent.
En parallèle, il photographie Maryon Park à Londres, utilisées comme décor de « Blow up » de Michelangelo Antonioni, film qui obtient en 1967 la Palme d’Or du Festival de Cannes.
En 1968 il réalise une session photographique des Beatles, séance surnommée « A Mad Day Out » dû aux nombreux endroits à Londres qui servent de plateau durant la journée.
En 1980, McCullin effectue sa première grande exposition personnelle au « Victoria et Albert Museum » de Londres.
En 1984, suite à la reprise du prestigieux « Sunday Times », par Rupert Murdoch, Don McCullin en claque la porte.
En 1990, il publie son autobiographie. En 1992 il est invité aux rencontres d’Arles, et est exposé en 2006. En 1993, il est élevé au grade de commandeur de l'Empire britannique par la reine.
McCullin, après ses nombreux reportages de guerre se tourne vers la photographie de paysage, de natures mortes et de portraits commandés.
Pourtant très récemment en 2012, il repart sur le terrain, en Syrie, pour témoigner du conflit, images publiées dans le « Times » britannique.
Dans la vie des grands photographes, souvent il y a une rencontre, une amitié déterminante qui déclenche une carrière, pour McCullin rien de tout cela, la photographie, il l’a découvre seul en comprenant la misère, la douleur, la peur, la mort qui devient son unique objectif et défi qu’il veut révéler.
C'est dans la tradition historique chère à Robert Capa qu'il photographie comme lui au cœur de l'action, au plus près de ses sujets, et toujours en noir et blanc. Formé à l'école de la rue, il révèle un sens inné de la composition. Le jeune McCullin part à la guerre pour l'aventure et pour éprouver son courage, avant de la haïr, la trouver hideuse, et d'en pulvériser les mythes avec son objectif. Ses photos aux lumières sombres ne parlent que de la souffrance absurde que les hommes s'infligent. Quel que soit le camp, la guerre dans ses clichés est toujours une défaite.
Ses images de guerre sont nourries de gestes héroïques et de référence à l’histoire de l’art, ses portraits sont comme des athlètes grecs de la statuaire antique. Il refuse de faire des photographies en longue focale, préférant se tenir au plus près de ses sujets.
Il utilise essentiellement le noir et blanc et veut réussir l’image la plus parfaite possible, allant jusqu'à les retoucher lors du développement. Il travaille très peu sur les scènes de foule, préférant les petits groupes et les individus avec lesquels il est plus facile d’établir un lien de proximité.
La photo du « Soldat à Huê » : En 1968, Don McCullin avance vers un soldat et réalise son portrait, il est loin de se douter au moment même de la prise, que l’image est l’une des plus fortes de son époque et que ce visage devient rapidement universel, un regard absent, l’air ébahi traduisent une incapacité absolue à supporter les horreurs de la guerre, figées dans la mémoire comme un cliché indélébile. McCullin souhaite avant tout toucher et émouvoir, secouer les esprits. Prisonnier du cadre de la photo, ce soldat est neutre, immobile, agrippé à son fusil comme un vieillard à sa canne.
« Au retour de la bataille de Huê, en 1968, même si cela peut paraître difficile à croire, je n’ai pas sélectionné cette image. Elle ne figurait pas dans le choix final pour le Sunday Times Magazine pour lequel je travaillais. Et maintenant, elle dépasse en notoriété tout ce que j’ai fait là-bas. On ne sait jamais comment les gens vont interpréter votre travail. C’est dans l’œil de celui qui regarde. Je ne pensais pas que ce soldat prendrait tant d’importance. C’est aujourd’hui une sorte d’image symbolique, universelle, le soldat traumatisé. Naturellement, c’est bien, mais je n’ai pas risqué ma vie pour rapporter cette image. » Don McCullin
« Je suis resté au moins une douzaine de jours avec les marines durant la bataille. Vers la fin, je suis passé par hasard dans cette enceinte où se trouvait un homme qui avait l’air d’avoir mille ans. J’avais un peu de temps et donc je me suis accroupi et je l’ai photographié. Je ne travaillais pas au moteur et je n’ai pris que cinq vues. Quand on regarde la planche-contact, elles sont quasi identiques. Juste après, je me suis remis en route, et un obus de mortier a explosé dans le coin. Je ne sais pas s’il a tué cet homme. Je n’ai jamais su ce qu’il était devenu. Dans une guerre, on ne s’arrête pas, on continue et on tente de survivre. » Don McCullin
« J’aurais pu continuer à photographier la guerre toute ma vie mais quel genre d’individu serais-je devenu. » Don McCullin
Soldat Américain, Huê, Sud-Vietnam, 1968