Alvin Langdon Coburn (1882-1966) Photographe américain d'origine anglaise, né à Boston. En 1890 il débute la photographie dès l'âge de huit ans après avoir reçu un appareil, un Kodak 4 x 5, pour de son anniversaire et effectue sa première exposition à Boston en 1897.

    • En 1899, sa rencontre avec Edward Steichen le conforte à suivre sérieusement.son objectif de devenir photographe. La même année, il participe à deux importantes expositions, celle de la « New School of American Pictorial Photography » et le Salon du « Linked Ring », nom d'un groupe de photographes anglais décidés à faire reconnaître la photographie comme art à part entière.

    • En 1902, Coburn ouvre un atelier à New York au 384 sur la 5eme avenue afin de pouvoir exposer ses propres tirages et adhère au courant pictorialiste américain, mouvement nouvellement formé par des photographes américains dont les aspirations recoupent celles du Linked Ring anglais.

    • En 1903, il devient membre à part entière du Linked Ring. Il travaille pendant un an, dans l'atelier de Gertrude Käsebier à New York, figure éminente de la Photo-Secession, puis retourne retourne à Boston, ou son style se modifie, suite à la découverte des lavis du maître japonais Sesshu Toyo.

    • En 1904 certains de ses clichés sont publiés dans le journal « Camera Work » de Alfred Stieglitz.

    • En 1906 il s’approprie la technique de la photogravure à Londres à la « County Council School of Photoengraving ».

    • En 1912, il rejoint l’Angleterre et s’y installe définitivement, il participe, sous l'influence de son ami poète Ezra Pound, au vorticisme, mouvement artistique britannique affirmant que l'art trouve sa source dans le tourbillon des émotions. À cette époque, il réalise des photographies abstraites, qu'il nomme « vortographies ».

    • En 1913, il expose un ensemble de cinq photographies intitulé « New York from Its Pinnacles », New York vu des hauteurs, des scènes de rues prises en plongée.

    • A partir des années 1920, Alvin Langdon Coburn, s'éloigne de la photographie au profit d'une recherche spirituelle et mystique.

    • En 1932, il prend la nationalité anglaise.

    • Dans les années 1960, il lègue un fond composé de plus de 20 000 photographies et négatifs à la « George Eastman House », à New York.


Alvin Langdon Coburn révolutionne la photographie dans une période relativement brève, jusqu'au début des années 1920 une œuvre résolument non objective qui représente un apport important à la photographie artistique. Il est un artiste en constante ébullition, dont le regard est résolument toujours tourné vers le futur.

Il cherche à élever la photographie au rang d’objet d’art unique, telle est l’ambition du groupe pictorialiste dont il fait partie. Il applique les effets du pictorialiste aussi bien au thème de la grande métropole qu’aux portraits, en adoptant un point du vue abstrait à ses représentations.

Coburn applique le procédé de la gomme bichromatée sur ses négatifs pour donner à ses tirages des effets artificiels proche des tableaux impressionnistes, dans cette voie il va encore plus loin en expérimentant tous les procédés existants pour transformer ses photographies en œuvre d’art, il teste différents procédés, dans le seul but de se rapprocher des mouvements picturaux de son époque.

Il n’hésite pas à quitter Londres pour se plonger dans le bouillonnement créatif de la « Big Apple ». Il y retrouve le peintre Whistler, un symboliste-impressionniste qui lui donne le goût des paysages embrumés, des canaux, des ponts et de l’art pictural japonais. De retour à Londres, il voit dans la capitale britannique un terrain de jeu idéal, ce fameux brouillard londonien, la Tamise et le London Bridge qui l’inspirent, pour composer des ambiances impressionnistes ou japonaises. Admirateur d’Hiroshige et d’Hokusai, il reproduit dans ses créations les trois bandes horizontales, le ciel, l’horizon et la mer, coupées d’une bande verticale, un pont, règle d’or des compositions des peintres japonais.

Il photographie à Pittsburgh, les cheminées fumantes des toits d’usines de la ville industrielle, en hommage à ses premiers paysages urbains voilés par le brouillard. Il teinte ses vues des grands parcs de l’Ouest américain avec des pigments bien particuliers, d’une couleur marron-rouge et se sert d’un procédé dit platinotype pour donner une ambiance fantomatique à ses clichés des chutes du Niagara.

Vers la fin de sa carrière, influencé par les avant-gardes picturales, cubisme, futurisme, et le courant vorticiste anglais, Coburn crée le « vortographe », un appareil à trois miroirs, kaléidoscopique, inspiré d’une invention d’Ezra Pound. Cet appareil lui permet de déformer ses photos. Il se passionne alors pour la peinture abstraite et le cubisme et entretiendra une relation très intime avec le peintre cubiste américain Max Weber.

Suite à de nombreuses commandes il effectue des portraits de célébrités, parmi lesquels figurent les écrivains George Meredith, Henry James, le sculpteur Auguste Rodin et celui du dramaturge Bernard Shaw nu, en 1906 dans la posture du penseur de Rodin.

Il ouvre un atelier de photogravure pour réaliser ses propres livres de photographie et les tirages de ses expositions. Ses portraits sont publiés dans deux ouvrages, un en 1913 « Men of Mark », hommes remarquables et un second en 1922, « More Men of Mark » d'autres hommes remarquables.

En 1917 il réalise une série de portraits son ami Ezra Pound qui captent la silhouette de l’écrivain dans une trame de barres horizontales, verticales et diagonales.

Les deux photos les plus représentatives et marquantes de sa période cubiste sont celle de l' « Octopus », une vue prise en hauteur d’un carrefour de Madison Park et celle de la « Liberty Tower » dite les milles fenêtres.

« Réveillez-vous !, faites quelque chose d’atrocement mauvais si vous voulez, mais ayez un regard neuf. » Alvin Langdon Coburn

Singer Building and Broadway, Twilight, New York, 1910