Elizabeth Lee Miller (1907-1977) photographe américaine, née à Poughkeepsie dans l'État de New York, en 1925, elle entreprend des études de théâtre et d'art plastique à l'École des beaux-arts de Paris puis à New York à partir de 1927, elle pose pour de nombreux photographes, dont son père, Edward Steichen, Horst P. Horst ou encore George Hoyningen-Huene. Dans un premier temps, elle travaille en tant que mannequin pour le magazine « Vogue ».
En 1929, elle quitte l'Amérique pour rejoindre Paris ou il y fait la connaissance de Man Ray avec qui elle vit et apprend le métier de photographe, elle co-invente avec le photographe « la solarisation ».
En 1932, Lee Miller se sépare de Man Ray et retourne à New York où elle ouvre son propre studio avec son frère Erik. Cette aventurière de la photographie dit n'avoir jamais perdu une minute de sa vie. Elle connaît alors le succès grâce à ses portraits raffinés et à ses photographies de mode et publicitaires. En 1933, La galerie Julian Levy, lui organise sa première exposition personnelle.
En 1934, elle épouse un riche égyptien Aziz Eloui Bey et s'installe au Caire, il y réalise des photographies du désert et des sites archéologiques Égyptien, c’est ici qu"elle effectue l'un de ses plus célèbres cliché, « Portrait of Space ».
En 1937, lors d'un séjour à Paris, elle rencontre le peintre et poète anglais Roland Penrose, qui devient son nouveau compagnon. Une nouvelle exposition présente des clichés qu’elle réalisa lors de voyages en Grèce et en Roumanie avec Roland. Elle renoue aussi avec le groupe des surréalistes, devenant modèle pour Pablo Picasso qui effectue de nombreux portraits d'elle.
En 1940, elle s’installe à Londres en rejoignant Roland Penrose, collabore avec le magazine « Vogue .
En 1942, Lee Miller devient correspondante de guerre accréditée par l' « US Army », en étant la seule femme correspondante de l'armée américaine à couvrir la guerre ainsi que ses conséquences en Europe.
En 1944, en équipe avec David Sherman, photographe du magazine Life, elle suit l'armée américaine du débarquement en France jusqu'en Roumanie, en passant par l'Allemagne, l'Autriche et la Hongrie. Elle témoigne de la vie quotidienne des soldats, et de la libération des camps de concentration de Buchenwald et Dachau dont ses photographies sont publiées dans l’édition américaine de « Vogue » en juin 1945, comme celle de deux soldats ouvrant en pleine clarté un camion rempli de cadavres entassés, est l’une des premières photographie à révéler le concret de l'horreur des camps.
Elle écrit au magazine « Vogue » pour certifier que ses clichés sont authentiques afin de pouvoir les publier. Elle fait toujours avec David E. Scherman, de nouveau une de ses plus célèbres photos, son autoportrait prenant un bain dans la baignoire personnelle d'Hitler à Munich.
En 1946, avec Roland Penrose, Lee Miller rend visite à Max Ernst et son épouse Dorothea Tanning, en Arizona. Son mari et elle se marient en 1947 et ont un fils Anthony qui fonde par la suite les « Archives Lee Miller » et publie plusieurs ouvrages sur la vie et l'œuvre de sa mère.
À partir de 1948 jusqu’en 1973, elle ralentit progressivement son activité photographique, tout en travaillant toujours pour Vogue et illustrant en parallèle avec ses photos les ouvrages de son mari, Picasso et Antoni Tàpies.
L’art photographique de Lee Miller, à l’image de sa vie, revêt de multiples facettes. elle occupe alors les deux côtés de l’objectif, devant et derrière. Sa quête d’identité et d’un nouvel espace de liberté se concrétise par des évasions multiples, elle a besoin de s’extraire d’elle-même pour mieux se retrouver et se ré-apprivoiser. Elle arpente le monde de ville en ville et s’évade d’homme en homme. Elle qui voit trop longtemps son image maîtrisée par les photographes devient maîtresse dans tous les sens du terme, amante, elle acquiert la maîtrise de l’outil photographique et par là même de son corps et de son existence, la femme objet devient une femme sujet.
Au terme d'une vie exceptionnellement riche, d’un destin hors du commun qui l'a voit tour à tour modèle de nu, top model, égérie du surréalisme, photographe de talent dans le Montparnasse des années 30 et correspondante de guerre.
Sa beauté, est étonnante, depuis son plus jeune âge jusqu’à ses 70 ans, une beauté pure, altière, sculpturale que beaucoup d’hommes tombent sous son charme comme Man Ray ou encore Pablo Picasso. Lee Miller, assistante et égérie de Man Ray, femme libre, fascinante et symbole du surréalisme, elle aurait dû être mannequin, mais elle devient l'une des plus célèbres photographes de ce siècle, excellant avec talent dans la mode et le photojournalisme.
« J’étais très belle. Je ressemblais à un ange mais, à l’intérieur, j’étais un démon. » Lee Miller
Portrait of Space, Siwa, Égypte, 1937
Dans l’oasis de Siwa, où flotte encore l’esprit d’Alexandre, elle réalise cette photographie, intitulée « Portrait of Space », représentant une vue du désert à travers la fenêtre d’une cabane en mauvais état, d’une moustiquaire déchirée. Au travers de celle-ci, elle cadre deux falaises qui viennent rompre la ligne d’horizon, créant comme une tension électrique, au premier plan, dehors, une zone plus calme, plus blanche, plus civile est délimitée par une rangée de cailloux. C’est une image remarquablement composée, équilibrée, pleine de tension, révélant une autre réalité inatteignable qui par la suite inspire le peintre René Magritte pour son « Baiser ».
Autoportrait, baignoire d'Hitler, Munich, 1945