• Ogle Winston Link (1914-2001) photographe américain, né à Brooklyn, connu sous le nom de O. Winston Link, son enfance se déroule avec la complicité de son père jovial, Albert Link, enseignant, professeur de travaux manuels qui développe chez son fils le goût du bricolage, de la réparation, de l'invention, celui des bonnes histoires et des jeux de mots. Dans ces multiples activités partagées entre eux, la photographie prend toute sa place. Très tôt, le jeune Winston dispose à loisir de l'appareil grand format de son père et construit lui-même un agrandisseur.

  • Après des études primaires complétées par une formation technique à la « Manual Arts High School » à Brooklyn, en 1933, il est admis à la « Polytechnic Institute » dans la même ville, dont il obtient son diplôme de Bachelor en ingénierie civile, une profession qu'il n'exerce pas en se tournant de suite vers la photographie.

  • En 1937, George Hammond, cadre de la société de relations publiques « Carl Byoir & Associates », propose au nouveau diplômé d'effectuer un essai en tant que photographe. Ce qui se présente comme un travail d'été apparaît bientôt comme un défi. On attend de Link des photos riches d'informations mais assez originales pour intéresser les journaux qui assurent la promotion gratuite des firmes clientes de la Byoir.

  • En 1942 il rejoint le « Columbia Institute Laboratory » de Mineola à Long Island, y réalise des missions de reconnaissances secrètes pour le gouvernement américain. A la même époque, il effectue ses premières photographies de la Long Island Railroad, qui circule à proximité des bureaux ou il est installé.

  • Après guerre la Seconde Guerre mondiale, il travaille en free-lance en tant que publicitaire et se spécialise dans les motifs industriels, avec la même fascination aussi intense que celle de sa contemporaine, Margaret Bourke-White.

  • Au printemps 1955, dans la cadre d'une commande en Virginie-Occidentale, il prend connaissance à Stauton, du monde de la « Norfolk and Western Railroad », dernière société de chemins de fer dont le trafic est encore entièrement assuré par des locomotives à vapeur. Alors débute sa love story avec la compagnie, réseau de 3 500 kilomètres qui parcourt plusieurs États américains et relie, entre autres, le Tennessee et le Maryland, rapidement familier des employés, ainsi que les habitués de la ligne. Ce thème devient central pour son travail en indépendant, entre ses commandes commerciales , il revient régulièrement en Virginie, en Virginie Occidentale, dans le Maryland et en Caroline du Nord, domaines couverts par la Norfolk and Western Railroad.

  • Jusqu'en 1960, il réalise un total de vingt campagnes photographiques sur ce thème, arpentant le long des voies ferrées, prenant plus de 2400 clichés.

  • En 1983, après avoir été ignoré pendant des décennies, son œuvre suscite un vif intérêt, année ou il ferme son studio new-yorkais pour s'installer à South Salem dans l'état de New York.

  • En 1987, son premier ouvrage, intitulé « Steam, Steel and Stars », signe sa reconnaissance en tant que photographe ferroviaire.

  • En 1995, la publication de son second ouvrage, « The Last Steam Railroad in America », assoit définitivement sa renommée internationale.

  • En 2000, débute le projet d'un musée personnel dans la station historique de la Norfolk and Western à Roanoke en Virginie, inauguré en 2004 selon les plans de Raymond Loewy.


Il faut plus de trente ans pour que soit reconnue toute l'importance du travail de Link, il est le photographique jamais inégalée de la vie du rail, reste le plus grand de la photographie de l’histoire ferroviaire et un spécialiste de la photographie nocturne. L’objectif de son projet est la documentation romantique du déclin des locomotives à vapeur, mais ce qu’il saisit à cette époque dépasse largement son œuvre qui apparait comme une étude de caractère merveilleux et diversifiée de la vie individuelle des petites villes américaines, une vie qui n’existe plus guère aujourd’hui sous cette forme, en réalisant des clichés de trains aux allures majestueuses, sans oublier les gares, les chefs de station, les contrôleurs, les équipes de techniciens ou de nettoyage qui marquent l’histoire ferroviaire et de la culture propre de l’Amérique rurale.

Ses premières photographies, sont celles des bateaux observés aux cours des nombreuses virées en compagnie de son père au port de New York. Il effectue aussi des images des bidonvilles de Hoover City à Brooklyn, non loin du quartier bourgeois de Park Slope habité par les Link. Il est un étudiant brillant, sait aussi être drôle et son entourage l'apprécie, en étant élu président de sa classe, participant à toutes les activités de « Brooklyn Poly », et en particulier au journal de son école où apparaissent ses clichés. Avec d'autres camarades comme lui passionnés de trains, il se rend vers les grandes gares de la rive ouest de l'Hudson River et débute ses premières photographies ferroviaire, comme celle de la locomotive Blue Comet, isolée à l'arrêt dans la gare de triage Jersey City sur fond des buildings de Manhattan.

Alors photographe publicitaire de renom, il s’installe à New York et devient célèbre pour ses photographies noir et blanc et ses enregistrements sonores des derniers jours des locomotives à vapeur aux États-Unis à la fin des années 1950. Il lance la photographie de nuit l’associant à des mises en scène élaborées, des photographies, d'un train à vapeur passant devant un drive-in cinéma ou un autre traversant un pont au-dessus d’enfants qui se baignent.

Le 29 Mai 1955, la Norfolk & Western annonce sa première conversion au diesel, son travail est alors une documentation de la transition de la vapeur au diesel, au passage de la force motrice et de la fin de l'ère de la vapeur. Ses dernières photographies de nuit sont prises en 1959 et la toute dernière en 1960, année ou la route achève la transition vers le diesel, date à laquelle il a accumulé pendant plus de six ans, 2500 négatifs.

Son projet Norfolk est une passion pour les chemins de fer à vapeur, il s’attache à mettre en image ces dernières locomotives à vapeur sur le territoire des États-Unis, en travaillant le plus souvent de nuit, utilisant parfois jusqu’à 64 flashs pour des compositions démesurées, en dressant un tableau hollywoodien du paysage américain. Il est un photographe fasciné par ces énormes machines et y consacre toute sa vie, il les photographie durant les dernières années de leur mise en service. Il prépare ses réalisations photographiques durant des mois, avec souvent le passage du train qui déclenche le système d'éclairage sophistiqué qu'il installe.

Il estime mieux maitriser chacun de ses clichés lorsqu’il utilise la lumière artificielle plutôt que celle du jour. Afin de pouvoir photographier des scènes panoramiques, il s’avère être un ingénieur averti en mettant au point un système des plus complexes avec des flashes pouvant pendant une fraction de seconde avoir l’intensité lumineuse de milliers d’ampoules de soixante watts réunis, une technique unique qui donne à ses photographies des contrastes si saisissants avec des perspectives jamais vues.

Il accumule les clichés, sans jamais enliser son sujet dans la prouesse technique, son obsession mécanique, il la cache dans un coin du cadre, ce qui l'intéresse c’est d’être le témoin des années de l'âge de l'innocence américaine et de composer des instants justes, où le train passant ne chahute rien dans le décor, en créant une harmonie certaine avec les éléments photographiés, incorporant des humains ou des animaux au sein même de son cadrage. Il organise un jeu des sept erreurs, ce n'est pas forcément le train que l'on aperçoit en premier, mais une jubilation à le découvrir au-delà, avec une chute d'eau, un couple qui s'embrasse ou des vaches qui ruminent dans un pré.

Le piqué de ses clichés dont ses tirages originaux dépassent souvent le mètre dans leur plus petite dimension sont extraordinaires, des images qui lui apportent la reconnaissance internationale.

Il archive son œuvre photographique comportant de nombreux clichés de locomotives à vapeur pour passagers et marchandises, où il met en scène avec une extrême précision ces machines de fer qui paraissent surgir des entrailles de la terre pour se faire tirer le portrait à l'heure prévue.

J.W. Dahllhouse polishes a locomotive headlight, Schaffers crossing yards

Norfolk and Western railway, Roanoke, Virginia, 1955

Engine No 578, Norfolk & Western, Bluefield, West Virginia, 1955

Y-6 Locomotive, Norfolk & Western, Roanoke, Virginia, 1955

Norfolk & Western, Virginia, 1955

Y-6 Locomotive, Wash stand, Norfolk & Western, Bluefield, West Virginia, 1955

Train No 2, Norfolk & Western, Vesuvius, Virginia, 1956

Hawksbill Creek, Swimming Hole, Luray, Virginia, 1956

James river, Chesapeake and Ohio Railroad, New York train, Natural bridge, Virginia, 1956

Drive-In Cinema, Norfolk & Western, West Virginia, August 1956


Cette photographie de Link est sans doute la plus célèbre de son travail, elle dévoile en une fraction de seconde toute la culture populaire des États-Unis.


« Une sorte d'apothéose de l'imagerie d'espoir des mythiques années cinquante, avec son aura de nostalgie et d'anticipation simultanées. » Peter Galassi, directeur du département Photographique du MoMa de New York.

The Birmingham Special rushing Southward behind in oak near Max Meadows

Virginia, december 1957

Norfolk and Western, North Fork, West Virginia, 1958

The Cavalier leaves Williamson, West Virginia, 1959

Locomotive East of Roanoke, Virginia, april 1959