Diane Arbus (1923-1971) photographe américaine, née Diane Nemerov à New York, issue d’une famille de commerçants aisés juifs d’origine russe et de grands parents polonais immigrés aux États Unis.

  • Scolarité à New York au sein de la « Ethical Culture School » et de la « Fieldston School » dans le Bronx dont elle en sort diplômée en 1940. Elle fait la connaissance du photographe, Allan Arbus avec lequel elle se marie en avril 1941.

  • Dés 1946, elle effectue ses premières images, équipée d'un « Speed Graphic », période ou elle suit des cours de photographie à la « New School for Social Research » de New York avec Berenice Abbott.

  • Après la Seconde Guerre mondiale, en compagnie de son époux qui a appris la photographie au cours de son service militaire, ensemble ils ouvrent un studio de photographie de mode, Allan réalise les photos, tandis qu'elle tient le rôle de styliste et démarche les agences. Leur tout premier client est le grand magasin de luxe fondé par la famille Nemerov, « Russeks » sur la Fifth Avenue, puis ils collaborent avec les magazines les plus célèbres de l'époque, le « Glamour », le « Seventeen », le « Vogue », et « Esquire ». Elle effectue parallèlement des campagnes publicitaires pour « Young et Rubicam » et pour « Maxell House Coffee ».

  • En 1955, l'une de ses photographies créditée « Diane & Allan Arbus » est sélectionnée par Edward Steichen pour son exposition « The Family of Man » au Museum of Modern Art, la même année elle se lie d'amitié avec Alexey Brodovitch, Marvin Israel et Richard Avedon.

  • En 1956, elle quitte définitivement le studio, laissant seul son mari continuer de s’en occuper.

  • En 1958, elle suit les cours de Lisette Model à Greenwich Village. Elle se distancie de la la mode et se tourne vers des projets personnels, en développant rapidement une affinité particulière pour les marginaux.

  • En 1959, elle divorce de son mari Allan, un an plus tard en 1960, publication de son travail qui suscite des polémiques, elle débute des portraits, comme ceux de Lucas Samaras, Frank Stella, James Rosenquist, Jorge Luis Borges et Marcel Duchamp.

  • En 1963 et en 1966 elle obtient une bourse de la fondation Solomon R. Guggenheim qui lui permet de réaliser une série intitulé « American Rites, Manners and Customs », (les rites de la société américaine), une vaste galerie de portraits d’Américains, pour la plupart inconnus, qui met en exergue les rites sociaux de la société.

  • De 1965 à 1966, elle enseigne à la « Parsons School of Design » de New York.

  • En 1967, elle participe à l’exposition « New Documents » qui se tient au Museum of Modern Art avec des portraits qui côtoient les vues urbaines de Lee Friedlander et celles de Garry Winogrand. Son travail apparaît comme un événement qui contribue à imposer la photographie documentaire comme un genre artistique propre, se distinguant totalement du reportage.

  • De 1968 à 1969, enseigne à la « Cooper Union » de New York, puis à la « Rhode Island School » de 1970 à 1971.

  • En 1971, le 26 juillet, dépressive, elle se donne la mort dans sa baignoire, à 48 ans à Greenwich Village en avalant une quantité importante de barbituriques, tout en en s’ouvrant les veines.

  • En 1972, tout juste un an après sa disparition, une grande rétrospective est organsiné pour lui rendre hommage au Museum of Modern Art.


Étrange destin qui la lie à sa compatriote Francesca Woodman, deux photographes à la vision singulière qui décident, l'une comme l'autre de mettre fin à leurs jours, qui fait de Diane Arbus une référence incontournable dans le monde de la photographique.

« J’ai grandie en me sentant immunisée, exemptée des circonstances. Il y a une chose dont j’ai souffert, c’est de ne jamais sentir l’adversité. J’étais confinée en dehors de la réalité. » Diane Arbus

Ses toutes premières photographies personnelles, datent de 1956, elle les prend dans les rues de New York, à Coney Island et dans la Litltle Italy, année au cours de laquelle elle cesse de travailler avec son mari, des images troublantes de marginaux et d'excentriques sont connues dès le départ de sa carrière sur la scène artistique internationale. Un an après sa disparition, la Biennale de Venise présente dix de ses clichés, ceux de nains, de travestis et de nudistes, en format monumental.

« Je veux photographier les considérables cérémonies de notre présent. » Diane Arbus

Elle s’inscrit dans un courant photographique qu’a inauguré bien avant, un de ses compatriote, le photographe américain Walker Evans, qui a imposé un style documentaire et urbain dans les années 1930.

C’est à partir de 1962, qu’elle développe son style personnel, en abandonnant le format rectangulaire du 24x36 pour le format carré du 6x6, avec un appareil Rolleiflex bi-objectif grand angle, équipé d’une torche à lampes flash au magnésium, de forte puissance, qu'elle utilise systématiquement y compris en plein jour, un style âpre, parfois presque brutal, elle parvient à changer radicalement la perception ce qui est permis en photographie, en étendant le champ thématique de l’acceptable, elle sonde la polysémie visuelle des groupes marginaux, ainsi que celle des gens intégrés dans la société.

En mélangeant le familier avec le marginal, elle brosse un portrait bouleversant de l’Amérique des années 1960, tout en s’attachant à montrer des êtres étranges et atypiques, parfois considérés comme des phénomènes de foire, elle leurs donne des aspects réels. Sa méthode de travail vise à créer une relation intime et de confiance avec ceux qu'elle rencontre.

Ses photos révèlent combien l’étrange peut surgir de n’importe quel endroit, comme sa célèbre image de Jumelles totalement identiques, photographie prise à Roselle dans le New Jersey en 1967, qui met en scène deux fillettes habillées de la même manière, de robes en velours à large col blanc, regardant le centre de l'objectif en souriant légèrement.

« Une photographie est un secret sur un secret, plus elle vous en dit, moins vous en savez. » Diane Arbus

Enfant à la Grenade Factice, Central Park, New York, 1962

Une grenade factice, une grimace et une main crochue, présagent un avenir sans espoir, névrosé et militarisé. L'image de Diane Arbus fonctionne pourtant, car le petit garçon apparaît dans un cadre naturel des plus rassurants, les jambes maigrelettes du gamins se font l'écho avec les deux troncs d'arbres situés juste derrière lui.


Elle relève une fois de plus, la contradiction en ce que prépare l'enfant et un monde imaginaire et idéalisé, représenté par le parc ensoleillé, elle imagine un monde cauchemardesque dans une perspective idyllique.


« Donner un appareil photo à Diane Arbus, c’est comme mettre une grenade dans la main d’une enfant. » Norman Mailer