Karl Lagerfeld (1903-2019) né Karl Otto Lagerfeld à Hambourg, tout à la fois couturier, styliste, photographe, dessinateur, designer, réalisateur et éditeur. C'est en découvrant les œuvres d’Irving Penn, d'Edward Steichen, d'Alfred Stieglitz et d'André Kertész qu'il s’intéresse et se passionne pour la photographie.

  • « J’avoue aimer particulièrement la photographie de la fin du XIXe et du début du XXe siècle. J’ai une passion pour Stieglitz, Steichen, Clarence White, Demachy et Alvin Langdon Coburn. La photographie allemande des années 20 et tous ceux qu’elle a influencés par la suite comme Helmut Newton, Peter Lindberg ou Ellen Von Unwerth. » Karl Lagerfeld

  • Dès 1987 il débute son activité photographie, au départ il l'utilise son travail pour ses campagnes publicitaires des maisons qu’il dirige, Chanel, Fendi, et sa ligne Karl Lagerfeld et collabore en parallèle avec de nombreux magazines de mode.

  • En 1993, il reçoit le « Lucky Strike Design Award » de la Fondation Raymond Loewy qui récompense chaque année une personnalité pour son œuvre ou sa carrière dans le domaine du design.

  • En 1996 il obtient le prix culturel de la « German Photographic Society ».

  • A la fin des années 1990, il alterne photos de mode publicitaires et travaux personnels avec lune créativité et une énergie débordante, curieux de tout, il explore sans préjugés, expérimente des procédés d’impression inédits et aborde à peu près tous les genres sans jamais intellectualiser sa démarche, avec pour seul optique que la beauté est toujours le dernier mot.

  • « Aujourd’hui la photo fait partie de ma vie. Elle ferme le cercle de mes préoccupations artistiques et professionnelles. Je ne vois plus la vie sans sa vision. Je regarde le monde et la mode avec l’œil de l’appareil. Cela donne à mon travail de base un détachement critique qui aide plus que je ne l’aurais soupçonné. » Karl Lagerfeld

  • En 1999 il crée, rue de Lille à Paris, une librairie, le « 7L », spécialisée dans les ouvrages photographiques ainsi qu'une maison d'édition du même nom au même endroit.

  • En 2010 il réalise la 38eme édition du prestigieux Calendrier Pirelli 2011.

  • En 2015, il expose son œuvre photographique à la Pinacothèque de Paris. En 2016, il effectue un portfolio de 19 artistes publié dans « Madame Le Figaro » du 15 janvier.


Il est un adepte du noir et blanc, et n’hésite pas à expérimenter la pratique photographique de façons différentes, ses images sont tout à la fois sophistiquées et élégantes, il varie les styles, son travail se caractérise avec puissance et équilibre ou il incorpore dans ses photographies, sa propre personnalité, son extravagance et le mystère qui l'entoure. Sa signature est de se recréer un monde propre appartenant à une autre époque, à un monde fait de raffinement, à un univers excentrique.

« Je trouve cela très ennuyeux les photographes qui font toujours la même photo. » Karl Lagerfeld

« De l’enfance, je ne crois pas. Les photos étaient rangées dans des albums de famille, et seules ma mère et mes cousines disposaient d’un appareil photo. J’ai eu le mien à 16 ans, un Minox, je l’adorais. Je me souviens aussi de la première image de mode qui m’ait vraiment frappé, c’était dans un Vogue que ma mère avait rapporté d’Amérique, la série était signée Irving Penn et figurait sa femme, la mannequin Lisa Fonssagrives. Mon premier portrait, c’était celui de la mannequin Victoire Doutreleau, très jolie en Espagnole avec une mantille. La qualité imprimée était impeccable. Mais je me suis vraiment intéressé à la photographie plus tard, par le biais de Francine Crescent, du Vogue français, qui faisait travailler Guy Bourdin et Helmut Newton, qui sont devenus mes amis. Aujourd’hui, leurs photos sont considérées comme de l’art sacré, mais à l’époque on était violemment contre. » Karl Lagerfeld

Il aime aussi bien la photo classique, contemporaine avec une prédilection pour celle de l’abstraction, pour lui elle est une évidence qu’elle soit photo de mode, son premier choc doit être visuel.

« J’ai rencontré Newton à l’occasion d’une publicité pour Patou, où je travaillais. Il photographiait une girl anglaise, Tania Mallet, je me souviens de son nom, dont j’avais dessiné la robe. Cela a été le début d’une longue amitié. Je possède les droits de trente-cinq portraits que Helmut a faits de moi, lui qui ne photographiait jamais les hommes. J’adorais la façon qu’il avait de faire des photos, il arrivait avec son appareil et ses films dans un sac plastique, et ça durait cinq minutes. Aujourd’hui, la moindre séance prend des siècles, ils font trois mille photos avec vingt-cinq assistants. Moi, j’aime que cela aille vite, je sais ce que je veux et je ne suis pas là à compter sur le hasard. C’est souvent la première ou la deuxième photo la meilleure. » Karl Lagerfeld

« Quand on posait pour Newton, on devenait un Newton, on se sentait fondu dans la vision de quelqu’un d’autre, quelqu’un avec un talent fou. Généralement, je déteste être photographié, exception faite pour Helmut Newton, Irving Penn, que j’adore, et Richard Avedon. » Karl Lagerfeld

Il publie de nombreux ouvrages photographiques, publiés par l'éditeur allemand Gerhard Steidl, sur les thèmes de l'architecture, le corps humain et l'univers du luxe.

« Généralement, je déteste être photographié. » Karl Lagerfeld

En 2010, il est choisi par la firme Pirelli pour réaliser son prestigieux « Le Cal 2011 », il joue la carte de la mythologie grecque et sublime les nouvelles déesses de la mode. Dans son studio parisien, il immortalise les courbes parfaites d'Abbey Lee Kershaw, d’Elisa Sednoui, de Lara Stone, d'Erin Wasson, de Freja Beha, de Julianne Moore et pour la première fois dans l'histoire du calendrier, il met à l'honneur le corps masculin, comme celui du bel Apollon, Baptiste Giabiconi.

Pour cette édition, il opte pour le noir et blanc, plus rafraîchissant, ce qui renforce l’image rigoriste et perfectionniste du couturier franco-allemand qui va jusqu’à créer des accessoires comme les armures et des bijoux pour les besoins de ses séances.

« J'ai choisi des amies pour poser, je ne voulais que des personnes qui soient très à l'aise avec moi, actrices, mannequins homme et femmes qui incarnent les nouveaux héros et représentent la nouvelle idée de beauté. » Karl Lagerfeld

« Le papier est ma matière préférée, il est le point de départ d’un dessin et le résultat final d’une photo. » Karl Lagerfeld

Orpheus et Eurydice, 2010

Pirelli 2011


Sans aucun artifice, Karl Lagerfeld signe cette photographie, celle de deux beautés, deux mannequins en pleine lumière, cote à cote, l'australienne Abbey Lee Kershaw et la danoise Freja Beha Erichsen, avec son œil qui regarde et considère les autres, un œil vif, rapide, concentré, qui guette et qui saisit.

Natasha Poly, 2010

Pirelli 2011