Richard Kalvar (1944) photographe américain, né à New York dans la quartier de Brooklyn, de 1961 à 1965 il étudie la littérature anglaise et américaine à l'université Cornell, il interrompe ses études et devient l’assistant du photographe de mode français, Jérôme Ducrot avec qui il apprend la technique photographique de studio et qui lui fait découvrir les travaux d'André Kertesz, d'Henri Cartier-Bresson ainsi que Robert Frank. Il commence à réaliser quelques photographies dans la rue.

  • En 1966, il quitte le studio Ducrot afin d'effectuer durant dix mois, un long périple initiatique en Europe occidentale et au Maroc, équipé d'un boitier offert par Jérôme Ducrot, et de deux objectifs, de 35mm et de 105mm, c'est lors de ce voyage qu'il décide d'entamer une carrière de photographe.

  • En 1967, de retour à New York, il développe lui même ses films, procède à l'editing de ses planches contacts et exécute ses tirages au laboratoire « Modernage » ou il travaille en tant que réceptionniste. Puis il retourne à la Cornell University pour terminer ses études, dont il sort diplômé en septembre 1968.

  • De 1968 à 1970, il s'installe à New York, tout en continuant son travail d'amateur, il decroche ses premiers commandes professionnelles, présente une sélection de ses clichés à des photographes, directeurs de musées et aux rédactions de magazines, avec l'un desquels, le « New York Magazine », il entame une collaboration.

  • En 1970, il expose à la « Galerie Image » de New York, il y rencontre Antoine Bourseiller, directeur du Théâtre national de Marseille qui pour son prochain spectacle, « Oh ! America ! », l'embauche comme acteur et utilise ses photographies pour les représentations.

  • En 1971, après deux années passées à New York, il s'installe à Paris ou il fait la connaissance et se lie d'amitié avec Pierre Fenoÿl, directeur de la Galerie Rencontre. Il intègre l'agence « Vu » et commence à travailler pour la presse.

  • En 1972, il participe à la création de l'agence « Viva », réalise des photographies dans le Nord de la France dans le cadre d'un projet collectif sur les familles françaises.

  • En 1974, suite à l'importante grève des mineurs au Royaume Uni, afin d'effectuer son reportage photographique, il séjourne plusieurs semaines dans le village minier de Warsop Vale.

  • En 1975, invité par Marc Riboud à présenter son portfolio à l'assemblée générale Magnum Photos, de suite il devient membre associé de l'agence.

  • En 1976, de retour à New York, il photographie sa ville natale de façon intense, couvre les élections présidentielles qui oppose Jimmy Carter à Gerald Ford, réalise des reportages sur la politique et la société américaine pour la télévision publique, la PBS.

  • En 1977, il devient membre à part entière de l'agence Magnum Photos.

  • En 1978, travaille entre Paris et New York, effectue de nombreux reportages, sur le Centre Georges-Pompidou, sur des sujets politiques, sur la ville de Marseille pour le magazine « Geo », à Rome il couvre la mort du Pape Paul VI pour « Newsweek ».

  • En 1980, il expose à la galerie Agathe Gaillard à Paris et participe à des expositions collectives. En 1982, il séjourne à Rome, puis se rend au Japon pendant cinq mois.

  • En 1984, il est élu Vice-Président de Magnum Photos Europe jusqu'en 1988, période ou il achève son projet sur Rome.

  • En 1986, il effectue un reportage sur les villes nouvelles en région parisienne. En 1988 il épouse la cantatrice Isabelle Guillaud.

  • En 1989, suite à une commande passée à Magnum par le journal « Midi Libre », au coté de Gueorgui Pinkhassov, ensemble ils réalisent durant une dizaine de jours, un reportage photographique publicitaire pour la ville de Nîmes, intitulé « Là », dont l'un de ses clichés, celui d'un chien prenant peur devant un crocodile, devient l'un de ses plus célèbres. La même année, il a une fille Sarah en 1989, suivit d'un fils en 1990, Jeremy. Il voyage en Asie, se rend en Malaisie, en Indonésie et en Thaïlande.

  • En 1993 il publie son ouvrage, intitulé, « Portrait de Conflans-Sainte-Honorine », année ou il devient président de l'agence Magnum jusqu'en 1995.

  • Depuis il collabore régulièrement avec le « World Economic Forum », en parcourant la planète, de Davos à Salzbourg, de Varsovie à Sao Paulo, de Rio de Janeiro au nord de la Grèce.

  • En 2007, la Maison européenne de la Photographie lui consacre une importante rétrospective, qu'accompagne la publication de son ouvrage « Terriens ».

Sans rien connaître à la photographie, dès l'âge de vingt ans, il effectue ses premières images, fait la connaissance par hasard d'un photographe de mode français, Jérôme Ducrot, travaillant à New York, dont il en devient son assistant. C’est avec lui qu'il apprend les rudiments de la photographie, sans que l’univers de la mode et de la mise en scène l’intéresse réellement.

« Quand j’ai débuté la photographie j’étais très impressionné et très attiré par le travail de Robert Frank, Les Américains qui racontait la vie sans le filtre des sentiments. » Richard Kalvar

Avant de s'établir durablement à Paris, Richard Kalvar ne cesse de voyager entre l'Europe et les États-Unis, perfectionnant sa technique photographique, en maîtrisant le noir et blanc. Ses clichés sont essentiellement urbains, des scènes de rue, ou tour à tour il place drôlerie, gravité, ironie, malice, poésie et absurdité, il ne cesse d'interroger les enjeux de la représentation du réel et des apparences en déployant une forme d'ambiguïté fascinante qui revisite en creux certains standards de la photographie humanisme.

Il est tout à la fois un flâneur et un guetteur qui est à l'affût de ce qui se trame dans la rue provoquant des effets de distorsions de la réalité qu'engendre l'art de la photographie. Il a un sens inné de l'observation, pose sur le monde son regard facétieux, collectionnant des mises en scène dans l’immédiateté hasardeuse.

Il mène de front, projets personnels, photographie de presse et commandes commerciales, il parcoure la planète appareil en bandoulière, réalise un nombre abondant images à travers le monde, particulièrement en France, en Italie, en Angleterre, au Japon et aux États-Unis.

Ses photographies sont marquées par une forte homogénéité esthétique et thématique, jouent souvent sur le décalage, une divergence entre la banalité d'une situation réelle et un sentiment d'étrangeté provoqué par le choix singulier du moment et du cadrage. Le résultat est un état de tension entre les différents niveaux d'interprétation, atténué par une touche d'humour et une pointe d'ironie.

C'est du burlesque dans les situations, les attitudes, les visages, les rues et les trottoirs qu'il enregistre, non loin du fou-rire, quand l’absurde se charge de bouffonnerie involontaire. Il contemple l’humanité en noir et blanc, comme au cinéma muet, son travail est peuplé de solitudes, souvent à deux, deux hommes, une femme et un oiseau, un homme et un chien, un chien et un crocodile, deux capots de voitures qui se font face. Chaque image, il la conçoit en empruntant les codes du théâtre, ceux des quiproquos et des dialogues de sourd, son monde est une vaste scène où chacun tente de jouer un rôle qui le dépasse.

L’instant décisif est pour Kalvar celui où chacun trouve sa juste place dans cette pièce théâtrale de tous les jours, ou il partage avec ses acteurs, solidairement, un sentiment de chute possible.

« Tout simplement parce que je ne cherche pas à reproduire la réalité, je préfère plutôt jouer avec elle. Pour moi, elle est juste une matière première. Je pense que reproduire la réalité, telle quelle, est ennuyeux, je réalise mes clichés sans aucune mise en scène car je considère que c'est magique de trouver une pièce de théâtre sans en avoir écrit la mise en scène. » Richard Kalvar

Assimilé au mouvement de la « street photography », il n'en reconnaît pas son appartenance et la réfute.

« Oui je suis un genre de photographe de rue mais je dois avouer que le mot rue me gêne un peu car je me fous d’être dans une rue, un bar ou dans un bal quand je suis intéressé par faire une image. Mon style, c’est la photo non posée des gens. Autrement dit, mes photos existent par elles-mêmes, elles ne font pas partie d’une histoire où il faut dix clichés pour raconter quelque chose, chaque photo a une signification. » Richard Kalvar

Il préfère le noir et blanc à la photo couleur, utilise un Leica M4, un Leica M5 et un Leica Summicron.

« La vie est une farce, encore faut-il savoir le montrer. » Richard Kalvar

Woman looking at herself in store window, New York, 1969

Rue de l'Ouest, Paris, 1974

Manchester, New Hampshire, 1976

Central Park, Woman with pigeons on head, New York, 1976

Two Fiat 500's, Rome, Italy, 1978

New York City, 1978

Piazza della Rotonda, Rome, Italy, 1980