Eddie Adams (1933-2004) photographe américain, né Edward Adams à New Kensington dans l'état de Pennsylvanie.

    • Dès 1950, il devient photographe combattant au sein des marines pendant la guerre de Corée. Durant la guerre du Vietnam, il travaille pour l'AP, Associated Press, agence et coopérative de presse, il réalise l'une des plus célèbres photographie, celle de l'exécution en 1968 en pleine rue d'un vietcong abattu par le chef de la police nationale à Saïgon avec laquelle il obtient l'année suivante en 1969, deux récompenses, le prix Pulitzer et celui du World Press Photo.

    • L'image parcoure la planète publiée dans de nombreux magazines, choque, heurte et révolte l'opinion publique, en étant tout à la fois extraordinaire et effrayante, donnant une preuve évidente comme seule la photographie peut offrir, avec une exécution atroce, l'absurdité et rendre compte de la violence de la guerre.

    • En 1977, il réalise lors des Boat-people, un reportage sur les réfugiés vietnamiens, intitulé « Boat of No Smile ».

    • En 1984, après avoir attendu Fidel Castro deux semaines dans une chambre d’hôtel, il quitte La Havane, tout juste rentré aux Etats unis, le chef cubain lui fait parvenir un avion, il effectue de nombreux clichés, terminant ensemble la séance photo pendant une chasse aux canards. Au cours de sa carrière, il couvre treize conflits, et parallèlement dresse de nombreux portraits de célébrités, de Malcom X à Louis Armstrong, du Dalaï-Lama à Fidel Castro. Longtemps membre du l'équipe photographique de l'agence Associated Press, il s'intéresse également à d'autres domaines comme la mode ou le spectacle.

    • En 2005, le festival de photojournalisme « Visa pour l'image », à Perpignan lui rend hommage, tout juste un an après sa disparition .

    • Il reçoit plus de cinq cents récompenses, parmi lesquelles le prix « George Polk » pour un de ses photo reportages d'actualité en 1968, 1977 et 1978, ainsi qu'un grand nombre de distinctions, le prix photo d l'année décerné par le « World Press Photo », le prix du « National Press Photographers Association », le prix « Sigma Delta Chi » et celui de l' « Overseas Press Club ».


A 35 ans, Eddie Adams est déjà un photographe confirmé avec à son actif une série de reportages sur l'actualité, de la guerre de Corée à l’assassinat de John Fitzgerald Kennedy, il aime la compétition entre professionnels, tout en racontant l’humain face à la maladie, dans la pauvreté, la célébrité et la vie quotidienne.

Il traitre de la même façon, avec la même dignité, le même respect et la même exigence, un criminel de guerre, un réfugié, une célébrité ou encore un roi, en devenant la personne qu’il photographie.

Il n'a jamais aimé sa photographie de 1968 à Saïgon, et n'aime pas que l'on se souvienne de lui avec ce cliché, il préfère que l'on se rappelle de sa série, douloureuse et intense, sur un groupe de réfugiés vietnamiens réalisée en 1977.

Par la suite il apprend que le Vietcong avait tuer le meilleur ami de Loan et toute sa famille, il regrette alors d’avoir pris cette photographie et présente ses excuses en personne à Loan pour les conséquences qu’il a causé à sa réputation. Après la disparition de Loan, Adams déclare : « Ce type était un héros. L’Amérique devrait le pleurer. Je déteste l’idée de le voir partir de cette manière, sans que personne ne connaisse rien de lui. » Mais l'histoire a ses raisons et sa photo est devenue, sans appel ni excuse, la preuve ardente de ce que signifie la guerre, la violence humaine et la difficulté à en être le témoin oculaire.

Preuve également de la dure loi qui s'impose au photographe de guerre, obligé d'immortaliser les horreurs des conflits en une vision presque manichéenne, entre vainqueurs et vaincus, tortionnaires et victimes, contraint d’émettre un jugement malgré soi, et de raconter la réalité en noir et blanc quant on veut y mettre quelques nuances.

L’éclectisme qui caractérise son œuvre, est à la fois d’être photographe de mode, de spectacle et photojournaliste, son aptitude est d’illustrer, de dépeindre l’homme en toute situation, il exerce son pouvoir de captation quelque soit le lieu, du studio au champ de bataille. Il s’engage avec le medium photographique dans une quête de saisissement de l’essence de son sujet quel qu’il soit en se projetant en lui. Au lieu de l’envisager de l’extérieur, opérant une certaine mise à distance qui favorise le jugement, il fait corps avec lui. Il traite de façon indifférenciée ses sujets, leur ménageant la même place dans son travail quelque soit leur identité, leur appartenance géographique ou sociale.

Si le medium photographique agit au service de la retranscription d’événements, il regrette parfois son caractère synchronique, l’absence de visibilité sur le contexte dans lequel il s’inscrit, sur les facteurs qui en sont à l’origine. Ses images sont soumises à la capacité de narration du regardeur, elles sont des mises en récit.

« Une photographie, c’est capturer la joie, l’amour, la terreur, l’agonie, la peur, l’espoir. » Eddie Adams

Saïgon, 1968

Suite à la terrible offensive du Têt, dans une rue de Saigon, le 1er février 1968, Eddie Adams arme son appareil et en une fraction de seconde déclenche, sans savoir sur le moment que son cliché va faire le tour du monde avec une photographie puissante, d'un moment figé qui met un visage sur l'horreur.

L'image d'une exécution sommaire, celle d’un insurgé Vietcong du Front national de libération du Sud Viêt Nam, fait prisonnier, Nguyen Van Lem, vêtu d’un short noir et d’une chemise à carreaux, les cheveux encore ébouriffés par les derniers affrontements, les sourcils froncés, dans une grimace finale donnée par le chef de la police nationale de la République du Viêt Nam, Nguyen Ngoc Loan lui tirant une balle dans la tempe.

« Le général a tué le Vietcong, moi j'ai tué le général avec mon appareil photo, c'est l'arme la plus puissante qui existe au monde, les gens croient aux photographies, mais elles mentent, même sans retouche, au fond elles ne sont que des demi-vérités. » Eddie Adams