Ray K. Metzker (1931-2014) photographe américain, né à Milwaukee dans l'État du Wisconsin, issu d'une famille protestante et conservatrice, composée de trois enfants, dont il en est le cadet, d'un père comptable, qui rêve pour son fils d’une réussite dans les affaires, et d'une mère accaparée par sa fille aînée handicapée.


Considéré comme un maître de la photographie américaine, ses créations d'une force visuelle, son œuvre fait la part belle à la photographie, dans son noir et blanc, ses ombres et lumières et ses compositions, tout en lorgnant vers l’expérimentation, il s'adonne à la multiple exposition, la superposition de négatifs ainsi qu'à la juxtaposition d’images.        

« La photo est si ancrée en moi, je ne peux guère imaginer faire autre chose. Elle est mon alter ego, l’autre de mon dialogue intime. » Ray K.Metzker

Depuis le début la lumière se révèle pour lui la chose la plus importante dans son travail, il cherche dans chacune de ses images, d'effectuer synthèse et la complexité plutôt que la simplicité. Il est connu principalement pour ses photographies de paysages urbains en noir et blanc, des images audacieuses et expérimentales ainsi que pour ses grands composites, des assemblages de bandes de films imprimées et d'images individuelles.

Il cherche dans les rues de Chicago, de Philadelphie, ou celles de Washington, le subtil équilibre entre les versants sombre et clair des choses, l’espace urbain est son terrain de jeu afin de le traduire de multiples manières, en réalisant des images conçues au fil à plomb et à la règle, de manière géométrique.    

Les rues dans sa chambre noire, se transforment en aplats abstraits avec un noir et le blanc qui restent sa palette. Il ne cède jamais à la couleur ni au grand format qui sont pourtant à la mode et travaille uniquement à l'argentique. Ses images sont une réalité fragmentée, s’apparentant à des partitions musicales de noirs et de blancs, où le négatif devient le positif.   

« La rue est une scène privilégiée d’interactions humaines. D’abord, j’observe minutieusement tout ce qui s’y passe, l’appareil tourné vers le sol. Puis je le relève et m’intéresse au mouvement, au flot d’hommes et de femmes qui apparaissent et disparaissent, à cette pulsation. » Ray K.Metzker      

Pour lui, un enchevêtrement de branches devient un motif où le noir est moins envahissant, les personnages sont eux solitaires, écrasés par l’architecture des grandes villes américaines, émergeant à la lumière avant d’être avalés par l’ombre.  

« Ce n’est pas le médium qui a des limites, mais l’imagination de l’artiste. » Ray K.Metzker    

Sous l’influence de la photographie brute de William Klein, il se préserve d’un style trop graphique et esthétisant, toute sa vie, il n’a de cesse d’expérimenter, de surexposer, de recadrer ou de revenir sur ses négatifs des années plus tard, il assemble ses images non contiguës en ajoutant une bordure noire entre les deux, les « Double Frame » ou considère la pellicule comme un seul négatif pour ses « Composites », il joue en permanence avec la multiplicité, les variations d’échelle, les cadrages, allant même à intercaler un objet devant l’objectif. Ses photographies, traversent le temps, elles sont toujours actuelles tant leur rendu s’apparente à la finesse du design contemporain.

« L'artiste commence ses explorations en embrassant ce qu'il ne connaît pas. » Ray K.Metzker

Washington, D.C, 1964