Paolo Roversi (1947) photographe italien, né à Ravenne. Adolescent, il aime la littérature et la poésie de Pétrarque, Leopardi et Eugenio Montale ainsi que les auteurs comme Kerouac et Ginsberg qu'il rencontre un peu plus tard.

    • C'est lors d’un voyage en Espagne, à l’âge de 17 ans, qu'il commence à s’intéresser à la photographie. Trois ans plus tard il travaille en tant que reporter au sein d'une agence de photos. En 1968, il étudie à Bologne et suit les cours d'Umberto Eco. En 1970 il ouvre son premier studio dans une cave, à Ravenne et se consacre à la nature morte et aux portraits. Il collabore avec l' « Associated Press ». En 1971 il fait la connaissance de Peter Knapp, directeur artistique du magazine « Elle ».

    • En 1973 sur les conseils de Peter Knapp, il s’installe à Paris ou il aborde la photographie de mode, travaille pour l'agence « Huppert » et après avoir rencontré le photographe britannique, Laurence Sackman, il devient son assistant. En 1980, il effectue une campagne publicitaire pour la marque Dior ainsi que des clichés pour Yohji Yamamoto et Rei Kawakubo. Dans les années 1980, sa notoriété est grandissante avec l'adoption d'un nouvel outil, un Polaroid de format 20 × 25, qui révèle l'image comme par magie après une minute.

    • En 1981, il choisit de devenir photographe indépendant et ouvre son studio parisien dans un immeuble cubiste des années 1930 au 9 rue Paul Fort. Il travaille pour de nombreux magazines, « Harper’s Bazaar », « Elle », « Depeche Mode », « Marie Claire », le « British Vogue » et « Vogue Italia ». Petit à petit il assoit sa renommée et rencontre des grands noms de la photo, entre autres, Helmut Newton et Guy Bourdin.

    • Ses photos sont exposées dans l'une des plus importantes galerie de New York « Pace-MacGill ». Il photographie la plupart des grands mannequins du 20e siècle, dont Isabella Rossellini, Kate Moss, Laetitia Casta er Natalia Vodianova.

    • En 2008 il est exposé aux Rencontres d'Arles.


Paolo Roversi apprend la photographie en autodidacte lorsqu'il est enfant, et au fils du temps se perfectionne. Se définissant comme un photographe lent , élégant, parlant couramment français, il appartient au carré des photographes de mode et de nus les plus reconnus à travers le monde.

« Prendre une photo, ce n'est pas encadrer quelque chose du monde extérieur et le ramener à l'intérieur de la caméra, mais plutôt éveiller quelque chose à l'intérieur de soi et le porter à la lumière. C'est pourquoi je dis qu'on ne prend pas une photo mais qu'on donne une photo. » Paolo Roversi

Dans le domaine de la photographie de mode, il s'aventure aux limites du genre, avec une inclinaison croissante pour la pureté du noir et blanc dans ses portraits, les nus, et les natures mortes. Avec une sensibilité particulière pour la lumière et la couleur, il crée des images délicates qui sont la suprême expression de la grâce et de la beauté fragile. Il travaille avec le grand format et de long temps de pose, ce qui lui permet d’utiliser sa lumière de prédilection, la lumière naturelle qui entre par une fenêtre de son studio parisien.

« Toutes les photos sont révélatrice, le portrait n’est pas qu’esthétique, il a une dimension psychologique. » Paolo Roversi

Il est le premier photographe a utiliser le Polaroid au format 20x25 , ouvrant la voie à de nouvelles expérimentations caractérisées par l’utilisation d’une lumière intense d’une grande force expressive.

« La photographie est avant tout la représentation de l’inconnu, de l'irréel, pour moi la photo est un rêve. » Paolo Roversi

Depuis le début de la photographie, on pense souvent que les photographes avec leur appareil, ont le pouvoir de voler l’âme de leurs modèles, comme ci sur la pellicule, l’âme laissait mystérieusement une empreinte physique. Paolo Roversi équipé de son Polaroid, fait redécouvrir de manière très esthétique ce pouvoir presque magique. Les modèles invités à poser devant son objectif sont transformés en anges, en personnage fantomatiques flottant dans un univers intemporel et hypnotisant.

« Il s’agit de portraits de rencontres, lorsqu’elles sont nues, les masques tombent, elles n’ont plus de défense et le rapport photographe de mode-modèle disparait. Reste leur regard, leur corps, reste un moment de vide et pour moi ce moment de vide devient un instant de plénitude. » Paolo Roversi

Sa photographie devient la représentation de l’inconnu, le moment précis ou le présent est happé pour toujours dans la passé. Dans un monde ou l’image règne, Roversi leurre le désir de tout voir, il s’approche des corps et des visages avec délicatesse, sans les scruter, sans les malmener.

« Poser nu n’est pas facile, il y a de l’intimité, de la pudeur, c’est une confrontation, certains trouvent mes photos très pures et innocentes, d’autres très perverses, d’autres érotiques et d’autres encore y voient non pas des corps nus mais des fantômes, des anges diaboliques. » Paolo Roversi

« Dans une photo, je recherche le mystère de la beauté. » Paolo Roversi

Jaime, Paris, 1993

Une figure centrale, imaginée par Roversi comme une femme enfant, qui regarde le spectateur à travers les yeux du photographe, debout, dessinée d’un trait fin. Seuls les contours du corps esquissé, à peine éclairé et un visage qui s’accorde aux tons monochromes du fond. L’impression de transparence du corps sur ce fond, la rend presque abstraite, mais les deux points forts de cette image c'est le visage et le sexe, ils sont là pour rappeler qu’elle existe, qu’elle est un ange qui apparait dans un espace mystérieux la rendant intouchable.

Oiseau de Paradis, 1997

Natalia Vodianova, 2003