Bruce Gilden (1946) photographe américain, né à New York, dans la quartier de Brooklyn ou il passe son enfance. Il étudie la sociologie à l'université d'État de Pennsylvanie.

  • En 1966, grâce au film « Blow-Up » de Michelangelo Antonioni, c'est pour lui une choc, une révélation à travers lequel il découvre la photographie, il s'achète son premier appareil photo et décide de suivre les cours du soir de la « New York School of Visual Arts ». Dès lors son intérêt pour le caractère et la singularité des personnages se manifeste rapidement, il apprend à observer les coutumes et les comportement urbains qu'il photographie.

  • En 1971, il effectue sa première exposition personnelle. En 1979, obtient une bouse de la « New York Foundation for the Arts » puis en 1980 celle de la « National Endowment for the Arts ».

  • En 1981, il arpente les rues de sa ville natale, photographiant tout azimut les passants, les habitants. Et couvre les célèbres Mardis Gras de la Nouvelle-Orléans.

  • En 1984, il se rend régulièrement à Haïti pour y observer les rites, les croyances et les lieux du vaudou.

  • En 1986, il achève son premier grand projet majeur, en s'intéressant à l'intimité des corps, gros ou maigres, étendus sur la plage de Coney Island à New York. La même année il est exposé à Arles, aux « Rencontres Internationales de la Photographie ».

  • En 1992, son projet sur New York, voit le jour avec la publication de son premier ouvrage intitulé, « Facing New York ».

  • En 1996, il publie son ouvrage « Haïti », rassemblant une grande partie de ses clichés réalisés sur le peuple haïtien.

  • En 1998, il intègre l'agence Magnum Photos, et revient à ses racines, dans la lignée de son travail sur les rues de New York en tentant une approche nouvelle des espaces urbains. Il enchaine les projets, en explorant l’Irlande rurale avec son goût effréné pour les courses de chevaux, il sillonne la planète, la France, l’Inde et la Japon, pays dans lequel il effectue un reportage sur la face sombre de l'ile du soleil levant, des photographies sur les sans-abris et les gangs mafieux, les Yakuza, ou il porte un regard lucide, avec des images qui s’écartent résolument des habituels clichés visuels de la culture populaire, série photographique qui aboutit en 2000 à la publication de son ouvrage, « Go ».

  • En 2002, il devient membre à part entière de l'agence Magnum Photos et publie sous forme de livre ses anciennes photographies de New York, sous le titre, « Coney Island ».

  • En 2005, avec la parution de son ouvrage, « A Beautiful Catastrophe », il cherche à établir un rapport encore plus étroit avec ses sujets, en élaborant un style expressif et théâtral, en présentant le monde à la manière d'une vaste comédie de mœurs.

  • En 2015, pour la sixième édition culturelle de la RATP, il est exposé dans seize stations du métro parisien ainsi qu'à la « Galerie Polka ».

  • Son travail fait partie de nombreuses collections permanentes à travers le monde, au « Museum of Modern Art » de New York, au « Victoria & Albert Museum » de Londres, au « Metropolitan Museum of Photography » de Tokyo.


Photographe autodidacte, influencé par l'école de William Klein et Diane Arbus, il se démarque en étant un adepte du petit format, de la lumière naturelle et du flash électronique qu'il utilise à bout de bras, en tant qu'extension, ces trois paramètres sont des constantes techniques et esthétiques dans sa photographie, il pratique le portrait de rue, en développant une vision de rue dynamique.

Depuis son plus jeune âge, il regarde les gens par sa fenêtre comme une pièce de théâtre, il épie tout ce qui se passe sur les trottoirs, à la recherche des personnes, de la vie de quartier qu'il côtoie chaque jour.

Il est un vétéran de l’asphalte, toujours passionné par la rue, qu'il arpente sans relâche, qu'il explore avec la même frénésie, armé de son Leica, coiffé d’un bob, vêtu d’un gilet multi-poches, en chasseur de têtes équipé pour des safaris urbains avec le seul objectif, celui de traquer des tronches.

La distribution des rôles dans le théâtre de rue de Bruce Gilden est parfois sordide et extraterrestre, les acteurs y sont mystérieux. Ses complices new-yorkais sont de simples voisins, il capte ses sujets dans les termes les plus ordinaires et directs avec une grande autorité dans l’expression, il enregistre la personnalité individualiste, auto-stylée de New York en pleine action. Dans son univers, personne ne reste sur les cotés de la scène, chacun a le premier rôle. Pour lui il est important que ses sujets soient conscients de sa présence.

Il se définit en tant que « street photographer », en s'intéressant à la façon dont les gens partagent physiquement le même espace urbain.

Fasciné par la rue qu'il observe en permanence, il adopte une démarche de magnifier le quotidien dans ses moindres petits détails, en les capturant avec une lumière crue et dure, choisissant de mettre en avant ceux qu'on ne voit pas. Ses images sont à premières vues déstabilisantes, et deviennent d'un seul coup rafraîchissantes, criantes de vérité dans un monde aseptisé où l'on ne met en avant que les corps filiformes et les sourires étincelants, ce qui est important pour lui est la face cachée, ce qui ne correspond pas aux canons de beauté dictés, de ces personnes souvent invisibles, qui possèdent une histoire, un vécu.

« J'aime les gens que je photographie. Ce sont mes amis. je n'ai jamais rencontré la plupart d'entre-eux, je ne les connais pas du tout, mais à travers mes photos, je vis avec eux. » Bruce Gilden

La lumière naturelle à laquelle il ajoute celle du flash, crée une lumière contrastée, soulignant les imperfections des visages. Cette lumière additionnelle est primordiale pour Gilden, elle lui permet de montrer clairement ses modèles.

Avec ses images contrastées, ses cadrages chaotiques, ses visages grimaçants, sont but est de capter l’énergie du moment, un style unique mêlant compositions inattendues et contre-plongées. Il est un franc-tireur, sans aucune timidité, s'approche au plus prés de ses sujets, allant jusqu'à bondir sur eux comme pour les mordre, et les flasher rapidement.

« Ce qui importe dans une photo, ce sont les détails, de petites choses, un bouton qui manque, une mèche de cheveux qui part de travers. » Bruce Gilden

Il aime que les gens aient conscience de sa présence, pour pouvoir obtenir l’authenticité du mouvement, un cadrage serré, un tête bien droite, un regard pénétrant, une dent de travers, un nez cassé, une goutte de sueur sur un maquillage trop gras, il ne manque jamais de citer le photographe Robert Capa, qui citait « « Si ta photo n’est pas bonne, c’est que tu n’étais pas assez près ».

« Si vous pouvez sentir la rue par la photo, c’est une photo de rue. » Bruce Gilden

New York City, 1979

New York City, 1984

Yakuzas, Tokyo, Japon, 1998