Larry Towell (1953) photographe canadien, né à Chatham-Ken, fils d'un mécanicien réparateur, il grandit dans une famille nombreuse de l'Ontario rural.

  • De 1972 à 1976, il suit des études en Arts Visuels à la York University de Toronto, durant cette période, il se voit offrir un appareil photographique et apprend à développer en noir et blanc.

    • En 1976, dans le cadre d'un voyage d'étude, il effectue une mission humanitaire en Inde, à Calcutta, endroit ou il éprouve le désir d’écrire et de photographier.

      • De retour au Canada, il se forme à la musique folk, et enseigne la musique pour subvenir à ses besoins et à ceux de sa famille.

    • En 1984, il devient écrivain et photographe free-lance, il s’intéresse aux déshérites, à l'exil et à la rébellion paysanne. Il réalise des reportages sur la guerre des Contras nicaraguayens, sur les parents des disparus au Guatemala, sur les vétérans américains de la guerre du Viêtnam revenus participer à la reconstruction du pays.

      • Son premier travail, « Paradise Lost » est publié en magazine, rendant compte des conséquences écologiques de la marée noire provoquée par le naufrage du 24 mars 1989 de l' « Exxon Vadez » dans le détroit du Prince William, en Alaska.

      • En 1988, il est nominé par l'agence Magnum Photos et en devient membre en 1993.

      • En 1994, il obtient le prix du « World Press and Picures of the Year Awards ».

      • En 1996, il achève un travail de dix années sur le Salvador. Sa fascination pour les sans terre le conduit à s'intéresser aux travailleurs mennonites émigrés au Mexique qu'il photographie sur une période de onze années, de 1989 à 2000, année ou il publie « The Mennonites ».

      • En 2003, il reçoit le prix d'aide à la création Henri-Cartier Bresson qui lui permet d'achever son projet sur le conflit israélo-palestinien, « The walls of no man’s land : Palestine », qui aboutit à la publication d'un ouvrage avec lequel il obtient en 2005, le « Prix Nadar ».

      • A partir de 2006, il réalise un reportage, intitulé « The World From My Front Porch », consacré sur sa propre famille dans l'Ontario, ou il possède en métayage une ferme de 37 hectares, travail qu'il publie en 2008.

      • Au cours de sa carrière, il réalise de nombreuses expositions, en Europe et en Amérique du Nord. Ses reportages sont publiés dans les plus célèbres magazines, le « New York Times », « LIFE » , « Géo » et « Stern ».

Ses expériences en tant que poète dans les années 70 et en tant que musicien folk dans les années 80, contribuent au développement de son style. Où qu’il aille, il se concentre sur l’intimité avec une fascination pour les personnes sans terre, qui le mène à entamer des projets sur les travailleurs. Sa carte professionnelle porte pour seule mention « Être humain », il l’un des rares photo-journalistes qui comme Robert Doisneau ne photographie que ce qui lui tient vraiment à cœur.

Par là même poser son appareil photographique sur une table ou entre les plis d'un coussin signifie raconter l'humanité tout en restant ancré dans la réalité, cette réalité qui le pousse à sortir de chez lui et à voyager au Salvador, au Nicaragua, en Palestine pour connaître et photographier les peuples opprimés qui ont perdu leurs terres.

« La terre fait prendre conscience aux gens de ce qu'ils sont vraiment, quand il perdent leur terre, ils perdent leur identité. » Larry Towell

Il faut du talent pour raconter les gestes du quotidien, les moments faits de petits rien, de tendresse et de silence, de regards qui se croisent dans l'intimité d'un intérieur. Et ce talent et ce sentiment Larry Towell le détient, il ne ferme rien au point de former un tout, en pensant que la photographie est essentiellement une affaire de famille.

Depuis le début de sa carrière, ce thème de la terre et des hommes est sa priorité, il est simple et complexe à la fois. Près de sa ferme en Ontario, il fait connaissance des mennonites, une communauté minoritaire protestante d'origine allemande qui refuse le progrès technique et vit de ce qu'elle produit. Le Mexique abrite le centre de cette communauté, mais de nombreux membres sont obligés de migrer pendant la saison des récoltes, allant jusqu'au Canada, terre natale du photographe.

Il veut les photographier dans leur rythme, témoigner de leur vie ancestral ou il trouve quelque chose de familier, veut en savoir plus en décidant de les accompagner dans leur voyage de retour au Mexique, dans un retour ou le temps s'exprime par la dureté et la pauvreté de la condition rurale, les règles et les contradictions de la religion, la lutte continue pour le travail et la terre, le sens de la communauté.

« La guerre et la misère ne sont rien d'autre qu'une famille de situations dramatiques. » Larry Towell

Les Mennonites, Chihuahua, Mexique, 1996

En 1996 dans l'État de Chihuahua au nord du Mexique, un groupe de mennonites, marche sur la terre desséchée, les hommes dans le rétroviseur, écrasés par la chaleur baissent la tête, les femmes avec leurs lourdes robes prussiennes qui volent au vent comme un pied de nez au monde moderne et corrompu. Un horizon plat ne semble leur offrir aucune perspective accueillante, pourtant le sens de leur promenade réside dans le fait de marcher ensemble.