Frank Horvat (1928-2020) photographe italien, né à Abbazia. Dans les années 50 et 60, il acquiert une renommée internationale par ses photos de mode, considérées comme un renouvellement du genre. Son parcours de photographe est influencé, en 1950, par sa rencontre à Paris de Robert Capa et Henri Cartier-Bresson, ce dernier le détermine d'échanger son Rollei contre un Leica, en lui déclarant « on ne porte pas ses yeux sur son ventre » et l'incite à entreprendre un voyage en Asie, en tant que photojournaliste indépendant. Ses images en noir et blanc qu'il y réalise lui valent ses premiers succès, notamment la participation à l'exposition The Family of Man, au Museum of Modern Art de New York organisée par Edward Steichen.

    • À partir de 1957, il applique son expérience de reporter à la photographie de mode, avec un style plus réaliste et moins guindé que celui des magazines de l'époque. Ses publications en Europe comme aux États-Unis, dans ELLE, Vogue et Harper's Bazaar, influencent durablement la photographie de mode, tout en lui attirant les foudres de Cartier-Bresson, pour qui son mélange de directivité et de non-directivité est du pastiche.

    • Entre 1965 et 1975 s’annonce une période de crise pour les magazines d'actualité et leurs photographes. Horvat tente des expériences d'illustration, de cinéma et de vidéo, souvent inabouties.

    • À partir de 1976, il trouve la sortie du désert, avec trois essais photographiques entrepris sans commande, destinés à des expositions ainsi qu'à des ouvrages, « Portraits d'arbres », « Vraies Semblances » et « New York », trois projets presque simultanés, à la fois divergents et complémentaires. Horvat les considère comme son triptyque, par rapport à l'orthodoxie cartier-bressonienne, ils représentent une nouvelle transgression, puisque les trois sont en couleur, « Pour une fois, j'ai été mon propre client. » Frank Horvat

    • En 1985, souffrant d'une affection des yeux, il passe temporairement de la photographie à l'écriture, réalisant un recueil d'entrevues avec d'autres photographes, Édouard Boubat, Robert Doisneau, Mario Giacomelli, Josef Koudelka, Don McCullin, Sarah Moon, Helmut Newton, Marc Riboud, Jeanloup Sieff et Joel-Peter Witkin.

    • Les années 90 le conduisent à une rupture encore plus radicale, il l'utilise l'ordinateur qu'il lui permet des manipulations. Dans « Le Bestiaire et Les Métamorphoses d'Ovide », il explore un territoire entre la photographie et la peinture, une recherche qui suscite autant d'objections que d'acclamations, qu'il abandonne par la suite, pour se limiter à des interventions plus subtiles, que seul l'ordinateur est capable de réaliser, mais tout en restant dans le registre de l'instant décisif. Avec ses expériences il est en avance sur son temps, elles sont innovatrices comme l’a été l'utilisation des techniques du reportage pour la mode.


Éclectique, Franck Horvat l’est, à l’évidence, depuis qu’il a découvert cet outil magique qu’est un appareil photographique, dans son travail, il passe avec bonheur du reportage à l’image composée, du paysage à la mode, du nu au portrait, de la photographie de rue à des essais sur la nature et la sculpture. Il multiplie le nombre de combinaisons possibles et se déplace d’un genre à l’autre en enrichissant son style des diverses formes expressives. Il situe ses racines dans la vie qu’il a menée, vivant et travaillant dans sept pays. Pourtant par delà cette diversité de sujets, il y a une constante, un style qui se développe. Ses premières réussites sont ces élégantes qu’il plonge dans un univers qui n’est pas le leur et qui révolutionne la photographie de mode.

Il se rapproche du monde de la mode presque par hasard et il le fait avec une patte personnelle, en élargissant le vocabulaire, produisant des séries d’images modernes pour son époque, des poses plus spontanées que les poses glacées des studios, il insère les mannequins dans des contextes du quotidiens, souvent bizarres et éclairés de façon naturelle.

« Parfois, pour éviter de trop déclencher, je limite délibérément le nombre de films que je prends avec moi. » Frank Horvat

Il est un photographe polyvalent qui maitrise différents thèmes, s'ouvre à toutes les expérimentations, effectue des mises en scène à la manière des maître anciens et par la suite se tourne vers des montages d’images dans la tradition surréaliste. Ses photographies ne sont jamais simples, il recherche en permanence la spontanéité, introduit l'art par des cadrages attentivement étudiés, c’est un dialogue entre hasard et préméditation.

« L'acte le plus difficile est celui que l'on croit le plus simple, percevoir d'un regard en éveil, les choses qui se présentent à nos yeux. » Frank Horvat

Site Officiel : HorvatLand

« La photographie est l'art de ne pas presser sur le bouton. » Frank Horvat

Gare Saint Lazare, Paris, 1956

Pont et Place de la Concorde, Paris, 1956

Cabaret le Sphynx , 1956

« En 1956 Black Star, une agence photographique de New York, me commandita un reportage sur « Paris la Nuit », pour un petit magazine masculin des États Unis: ce n'était pas une commande bien prestigieuse, mais je ne pouvais me permettre de la refuser. Mon principal problème était que les grands night-clubs ne m'autorisaient pas à photographier derrière les coulisses. Je fus donc obligé de me contenter du « Sphynx », un cabaret de deuxième ordre situé rue Pigalle, dont le portier empocha mon pourboire et me fit entrer dans les loges. Au début, les filles ne se montrèrent pas réticentes, peut-être parce que le public, ce soir-là, était si morne, que le seul fait que quelqu'un s'intéressât à elles leur faisaient plaisir. Je pus ainsi exposer trois bobines, avant que l'une d'elles ne commençât à demander une rétribution, ce qui en soi n'était pas injustifié, mais dont je n'avais absolument pas les moyens. Je crus sage de disparaître avant que les autres ne se laissent entraîner par son exemple. Mais le lendemain, en regardant mes contacts, je trouvai les photos si intéressantes que je retournai au Sphinx pour essayer d'en faire d'autres: seulement cette fois l'entrée était gardée par un autre portier, qui devait avoir reçu des ordres formels de ne pas me laisser entrer et qui ne se laissa soudoyer à aucun prix. » Frank Horvat

Au Chien qui fume, Paris, 1957

Jardin des Modes

Chapeau Givenchy, Hippodrome de Longchamp

Paris, 1958

Mariée, Rue de la Chaussée d'Antin, Paris, 1961

Vogue UK

Chaussure et Tour Eiffel, Paris, 1974

Stern

Le Champagne et l'Amour, 1984

Champagne Pommery