George Rodger (1908-1995) photographe anglais, né à Hale, dans le Cheshire. Le jeune Rodger est surtout turbulent et, comme il se plaît à l'écrire, « se distingue essentiellement par son talent au tir à la carabine ». Après deux tours du monde sur un cargo de la marine marchande et un séjour aux États-Unis entre 1929 et 1936, il rentre à Londres et devient photographe pour la B.B.C.

    • En 1939, l'hebdomadaire américain LIFE l'engagera pour couvrir la guerre, et entre autres le Blitz sur Londres. Devenu par hasard correspondant de guerre, il assistera à toutes les batailles de la libération de l'Europe, depuis les campagnes d'Afrique jusqu'à la libération du Danemark par l'armée anglaise. Le résultat des milliers de pages publiées dans les magazines qui seront pour lui sa plus grande fierté, il sera dix-huit fois médaillé pour faits de guerre. C’est à cette époque qu’il nouera des liens d’amitié avec Robert Capa. Sa seule escapade lointaine l'amènera, en 1942, en Birmanie, d'où il rapportera, outre ses reportages sur les militaires, un point de vue totalement personnel et sensible sur un pays alors pratiquement inconnu. Il en tirera un livre délicat et respectueux, dont il rédigera lui-même le texte, et qui ne figure malheureusement dans aucune de ses bibliographies. En avril 1945, il découvre à Bergen-Belsen l'horreur des camps de la mort. Il saura photographier avec pudeur des corps disloqués au pied d'un arbre, mais il enverra le jour même un message à la direction de LIFE dans lequel il demandera de ne plus devoir photographier la guerre « après avoir été témoin du stade ultime de l'avilissement humain ». Il photographiera en mai 1945, toujours pour « Time & Life », la capitulation de l’Allemagne à lunebourg. Il continuera à travailler pour le magazine LIFE jusqu'en 1947, tout en réalisant de nombreuses couvertures pour le « Ladies Home Journal ».

    • Traumatisé par l’impossible confrontation entre le « cadrage agréable » nécessairement recherché par le photographe et la réalité de la mort. La carrière de Rodger va alors changer, par un long périple de 45000 kilomètres à travers l’Afrique et le Moyen-Orient, au cours duquel il va s’intéresser à la vie animale, aux rituels et aux modes de vie qui témoignent d’une proximité avec la nature.

    • En 1947, George Rodger fonde avec Robert Capa, Henri Cartier-Bresson, David Seymour et William Vandivert, l'agence Magnum.

    • George Rodger sera un grand aventurier et sillonnera pendant plus de 30 ans l’Afrique restera pour lui un de ses principaux centres d’intérêt. Il se lancera a nouveau dans un autre grand voyage du Cap au Caire durant lequel il réalisera un extraordinaire documentaire sur les peuples Noubas de Kordofan au Soudan qui deviendront des images particulièrement remarquables et paraitrons pour la première fois en 1951 dans le « National Geographic ». Il continuera à réaliser plusieurs autres séries de photos sur les tribus africaines pour le magazine du « National Geographic ».

Ses reportages marqueront non seulement l’histoire de la photographie mais celle plus générale de l’humanité tout entière. George Rodger a eu le temps, avant de mourir à 87 ans, de voir la grande rétrospective et l'important album qui faisaient le point sur une carrière à la fois britannique et internationale.

« Lorsque je me retourne sur mes cinquante ans de carrière, je ne vois aucun désir brûlant de devenir photographe. J'éprouve plutôt une sorte de surprise émerveillée d'avoir réussi dans cette profession.». C'est bien sûr ce même émerveillement, cette curiosité pour l'autre, qui restera de George Rodger comme l’un des plus grands photographes.

« La photographie n'est rien d'autre que le résultat de ce que tu décides de faire de cette réalité. » George Rodger

Portrait de Robert Capa, Naples, 1940

Claudia Cardinale, Les Centurions, 1966

Venice, water lapping the sidewalk, 1969

Venice in winter, Gondolas docked, 1969