Larry Burrows (1926-1971) photographe britannique, né à Londres, fils d’un cheminot, il abandonne les études dès l’âge de 13 ans, il intègre le service artistique du « Daily Express » et de l’agence Keystone. A 16 ans il rejoint la célèbre équipe du Life magazine, travaillant au sein du labo photo de Londres.

  • En 1943 il effectue son service civil dans les mines de charbon du Yorkshire et retourne chez Life. Il réalise en tant que photographe ses premiers reportages, sur des évènements locaux ainsi que les reproductions d’œuvres d’art.

  • Après la seconde Guerre mondiale, il devient photographe pour le « Time ».

  • A partir de 1956, il se spécialise dans la photographie de guerre en débutant avec l’invasion britannique en Égypte et couvre les évènements du Congo.

  • En 1961 il s’installe à Hong Kong et fait parvenir ses reportages documentant la guerre du Viêt Nam de 1962 jusqu'à sa mort en 1971. Il est l'un des reporters de guerre le plus demandés de la profession. Ses clichés sont publiés dans de nombreuses revues, en particulier le « Time » et le « Life ». avec lequel il réalise un nombre important de couvertures, dont l’un des plus célèbres « One Ride with Yankee Papa 13 » qui s’affiche en couverture du Life le 16 avril 1965.

  • Dès 1963, il connait la célébrité avec un premier reportage pour Life, des images en couleur, reportage intitulé, « We Wade Deeper Into Jungle War », qui fait sensation et donne une vision réaliste d’une guerre idéalisée par les médias américains.

  • En 1964 et 1966, il obtient le prix « Robert Capa Prize » de l’Overseas Press Club.

  • En 1967 il reçoit une récompense du magazine « Photographer of the Year », ainsi qu’une seconde du « British Press Picture of the Year ».

  • Le 10 février 1971, il trouve la mort, à bord de son hélicoptère s’écrasant au dessus du Laos, en compagnie des photographes Henri Huet, Kent Potter, Keisaburo Shimamoto et sept soldats vietnamiens.


Considéré comme l’un des plus grands photographes du 20ème siècle, Larry Burrows couvre les guerres avec un œil héroïque et humaniste jusqu’à risquer sa vie pour documenter au plus près l’horreur, le chaos. il offre au monde entier un témoignage de la réalité qui prend place sur le terrain.

Il est toujours resté très anglais alors que son travail prend de l’ampleur. Il apprend le métier de photographe très tôt, d’une exigence sans pareille, le regard affuté par une longue fréquentation des musées européens, il trouve rapidement sa voie sur les champs de bataille, de Suez au Liban, de Chypre au Congo, il se spécialise dans les horreurs de la guerre.

« Souvent je me demande si j’ai le droit de photographier la souffrance des autres, mais si je peux contribuer à faire connaître et comprendre la douleur des autres, alors cela me donne une raison de le faire. » Larry Burrows

En 1962 il est présent au Vietnam et passe neuf années à couvrir les évènements majeurs de ce conflit. Burrows avec le courage, le cran, l’émotion contenue, ne cherche pas à faire de l’image sensationnelle, c’est avant tout de témoigner une réalité poignante. Ses images à la fois réalistes, sans concession et empreintes d’humanité qui conservent toute leur actualité de nos jours.

Pour lui, ce qui prime, c’est le devoir d’informer, d’aller chercher des images, les montrer à ceux qui ne peuvent les voir. Larry, c’est beaucoup plus qu’une simple volonté de capturer des instants, c’est un œil définitif avec toute une capacité de construire une image, de cadrer de manière totalement instinctive. Certains de ses clichés vont au delà du témoignage du rapporteur de guerre, dans lesquels se dégagent un esthétisme, une beauté dans la souffrance.

Avec un œil, un regard empli de compassion et d’humanité, il est capable de tout, d’aller puiser au bout de son énergie comme de son imagination. Il trouve la force de déclencher, d’aller au plus près, de côtoyer la mort en 35mm. Ses clichés sont la pour témoigner de la guerre, dans toute sa cruauté, d’américains foudroyés dans ce conflit, images qui contribuent pour lui, une manière d’imposer la paix, comme son cliché d’un soldat américain en larmes, après la mort de ses frères d’armes, image fait le tour du monde.

Il photographie dans l’urgence, presque instinctivement, « Tu ne peux pas te permettre de réfléchir. » déclare Larry Burrows

Dans le Viêtnam de Burrows, la guerre apparaît surtout comme un non sens incandescent, capable d’aspirer tout et tous dans un unique tourbillon de destruction et de souffrance, les militaires, les civils et la nature, en un mot l’équilibre.

Il se fait connaître aussi par la photographie couleur, nombre d’entre elles sont publiées dans les pages du Life à une époque ou les photographies de guerre en couleurs sont encore extrêmement rares, il est l’un des premiers maitres de ce medium, imposant des standards qui restent encore aujourd’hui difficiles à satisfaire. Ses images en couleurs avec une subtilité des nuances de teint de peau des blessés et des mourants, les bandages rouges contrastant avec la saleté de la boue, font de ses photos des chefs-d’œuvre de la mélancolie.

Burrows sur le terrain, est équipé en permanence de ses héros éternels, quatre boîtiers, deux Leica M3 et deux Nikon F, il est méticuleux et inventif, prend extrêmement soin de son matériel, allant jusqu’à concocter ses propres accessoires.

« Dieu merci, ce n’est pas ma guerre ! » Larry Burrows

One Ride with Yankee Papa 13, Viêtnam, 31 mars 1965

Le 31 mars 1965, au dessus des forêts du Viêtnam, même le ciel est un front de guerre féroce, traversé par les trajectoires des balles et le sifflement des bombes larguées sur les villages. Larry Burrows ce jour là, à bord d’un hélicoptère lors d’une mission à haut risque, le Yankee Papa 13, photographie cet enfer dans une série de clichés, allant jusqu'à utiliser un appareil photographique monté sur le fuselage. Un soldat surveille le dehors main sur la mitrailleuse, à terre le corps d’un pilote d’un autre hélicoptère abattu, « One Ride with Yankee Papa 13 » s’affiche quelques jours plus tard le 16 avril 1965 en couverture du Life Magazine.

One Ride with Yankee Papa 13, Viêtnam, 31 mars 1965

Sud de la DMZ, Vietnam, 1966

1966, Colline 484, au sud de la zone vietnamienne démilitarisée, la ligne de démarcation entre le Nord et le Sud-Viêt Nam, après de violents combats, le marine Jeremiah Purdie, est en état de choc, la tête enveloppée d'un bandage ensanglanté, avant de se faire évacuer, soutenu par les secouristes, cherche à rejoindre son compagnon d'armes au sol blessé. Une image qui traduit le calvaire de cette guerre du Vietnam, d'un enlisement sans précédent, dans un contexte absolument inhumain.

La guerre du Vietnam est sale, boueuse, sanglante, et jamais avant ce jour l'horreur d'un conflit n'a été rendue avec un tel réalisme chromatique et émotionnel, jamais avant cette photo de Larry Burrows, les violences faites aux hommes et à la nature, le désespoir, la solitude, la cruauté de son propre pays ce sont retrouvés mêlés à l'eau, la boue, la terre, le sang dans une seule et même image.

« Reaching out », les bras tendus, telle est la légende qu'il choisit lorsqu'elle est publiée. Il encadre, compose, son esprit de journaliste, de photographe, d'homme sensible, il prend des clichés du front des deux cotés, dans cette image il se concentre sur la seule tache rouge, celle du sang sur un bandage, qui donne tout son sens à sa photographie. Les deux hommes se regardent dans une géométrie de bras, autours d'eux, un soldat regarde à terre, l'un est de dos, les autres plus loin, formant le paysage d'un tableau du 15eme siècle.

Taj Mahal, outside Agra, Inde, 1967