Giovanni Gastel (1955) photographe italien, né à Milan, il est le dernier et septième enfant de la famille, ainsi que le neveu du réalisateur Luchino Visconti.

    • En 1967, dès l'âge de douze ans, il commence à montrer des signes d’une vocation artistique, en rejoignant une compagnie de théâtre expérimentale, une troupe avec laquelle il joue jusqu'à l'âge de dix-sept ans. Dans le même temps, il cultive une passion pour la poésie et à seize ans il publie une collection intitulée Casbah chez l'éditeur Cortina. Il comme à travailler en tant que photographe pour la maison de vente « Christie’s », tout en collaborant avec diverses revues de décoration.

    • Au début des années soixante-dix, il se passionne pour la photographie, et entame une période d'apprentissage en réalisant des photos de mariages, de portraits ainsi que des natures mortes.

    • En 1981, il rencontre Carla Ghiglieri, qui devient son agent et le rapproche du monde de la mode. Il collabore avec le magazine « Vogue Italia » et travaille pour les plus célèbres magazines de mode italiens, très vite sa réputation dépasse les frontières de son pays.

    • A partir de ses premières publications, son activité professionnelle s'intensifie et prend de plus en plus d’importance avec d’autres magazines de mode tant en Italie, qu’à Paris et à travers le monde.

    • Il développe son style, un style inimitable, caractérisé par une ironie poétique, tandis que sa passion pour l'art l'amène à introduire dans les photographies le goût d'une composition équilibrée.

    • Il fait référence au Pop Art et au travail photographique d'Irving Penn, tout en puissant son inspiration dans l'art de la Renaissance, Gastel recherche constamment un idéal d'élégance.

    • En 1995, il fonde avec Angelo Annibalini et Uberto Frigerio, « Gastel & Associati » afin de promouvoir l'insertion de jeunes photographes dans le monde professionnel.

    • De 1996 à 1998, il est président de l'Association des photographes professionnels italiens.

    • En 1997 une exposition intitulée « La fotografia velata » lui est consacrée à la Triennale de Milan, organisée par l'historien d’art contemporain, Germano Celant, avec plus de 200 de ses photographies présentées.

    • En 2002, il obtient l'Oscar de la photographie lors de « La Kore Oscar della Moda ».


Depuis les années 80 il est l’un des photographes italiens de mode des plus reconnu à travers le monde. Dans la décennie suivante, son succès professionnel est consolidé avec l'apparition dans des magazines, de son nom aux cotés des photographes tel que Ferdinando Scianna, Helmut Newton, Richard Avedon, Annie Leibowitz et Mario Testino.

Il a un sens aigu de la mise en scène, un goût pour les compositions cadrées, créant sur mesure un univers ludique, il s’aventure dans toutes sortes de genres, l’art du portrait, sobre, inspiré des peintures de la Renaissance, des scènes baroques, piochant des idées dans le monde du cirque, jusqu’à ses clichés en noir et blanc pris dans la monumentale piscine Foro-Italico, construite à Rome par Mussolini. Ses images transpirent l’élégance, le luxe du milieu de la mode, c’est sa marque esthétique.

« J’ai toujours établi des liens entre poésie et photographie, et j’ai retrouvé dans la photographie certains éléments caractéristiques de mon amour pour la poésie, la concision et la nécessité de concentrer toutes les interprétations à travers une image brève et pleine de sens. D’une certaine manière, j’essaie de faire de la poésie au travers de mes photographies. » Giovanni Gastel

Gastel travaille avec de grands formats et de vieux Polaroid à soufflet, le mélange est sa méthode, le vieux mix, l’appareil est ancien et la technique s’inscrit dans l’ère du digitale, il utilise les reprises picturales, le doublage, les stratifications, la coloration, le montage, le collage, la retouche numérique et l’éclairage qui sont pour lui le moyen de créer des visions singulières dans lesquelles, un corps, un objet devient une énigme.

L’urgence de faire émerger ce merveilleux quotidien qui se manifeste à travers la lecture du réel marque le cours de l’exploration photographique de Giovanni Gastel, son œuvre se situe à différents niveaux, à la fois dans et hors de la publicité ainsi que de la mode. Il joue avec les frontières, voile les contours et brouille les codes de la perception. Il empêche l’identification du produit, ses atmosphères irréelles et oniriques éloignent les corps en une présence-absence qui les rend impossibles à définir, familiers et en même temps étrangers, mais toujours beaux et d’une élégance dérangeante.

Auteur d’importantes campagnes publicitaires, il est le photographe de prédilection des grands stylistes, il empêche la contemplation et souvent l’identification du produit, ce mécanisme qu’un si grand nombre de photos visent à déclencher.

Ses Images sont à mi chemin entre recherche artistique et communication publicitaire, Gastel traverse et renouvelle l’une et l’autre de façon raffinée et avec un sens poétique.

« J’essaie de faire de la poésie au travers de mes photographies. » Giovanni Gastel

« Il n’y a pas de présent sans passé. » Giovanni Gastel

Femme, Milan, 1983

Pour photographier un escarpin, Giovanni Gastel en superpose quatre identiques, inventant une forme nouvelle, un style caractéristique du photographe milanais qui dans une nature morte agit dans le respect de la tradition, associant à la recherche permanente de nouvelles solutions. Dans cette image, le dessin recrée la disposition des objets qui est à la fois articulé et élégant. Leur silhouette donne vie à un jeu de lignes sinueuses qui se poursuivent comme dans une toile de Joan Miro et semble dévorées par une grande bouche à l’air surréaliste, faisant référence au célèbre canapé, aux lèvres de Mae West, dessiné dans les années 1930 par Salvador Dali. Il produit une image tout à la fois ironique et combinée à une extraordinaire perfection technique.

Pour réaliser cette photo, il utilise un appareil grand format, un Deardorff à plaques de 20 x 25 cm, qui lui permet d’obtenir un rendu parfait des détails et des chromatismes, le rouge est décrit dans la moindre nuance, d’une extrême pureté et constitue un indispensable élément de l’ensemble. La couleur est une partie intégrante du pouvoir de séduction et l’un des points forts dans son travail.

Madame Germania, Zofia Borucka, Milan, 1996

Le mannequin britannique Zofia Borucka méconnaissable, transformé par Giovanni Gastel en 1996 pour la maison de haute couture « Madame Germania ». Une image ou le regard se perd, surpris par la charge énigmatique d’une étrange métamorphose, un guépard et un profil de femme deviennent quelque chose d’autre qui n’est pas encore défini. Le fondu des contours répond à une volonté de résister à la définition et de laisser la lecture ouverte. La transformation est encore en cours, inachevée et déjà sur le point de s’évanouir.