Robert Doisneau (1912-1994) photographe français né à Gentilly, d'un père métreur en couverture et plomberie qui épouse une des filles de son patron, Sylvie Duval. En 1919 suite au décès de sa mère, il connait une période difficile. Enfant turbulent, il n'aime guère l'école et préfère jouer dans la rue. En 1922, son père se remarie qui le dote d'un demi-frère, Lucien, pratiquement du même âge, auquel il empreinte son appareil à soufflet, un Folding, utilisant des négatifs en verre de format 9 x 12 cm en réalisant ses toutes premières photographies autour de la Poterne des peupliers et les fortifs.

      • En 1925, après la fin de ses études primaires, il étudie les Arts graphiques à l’école Estienne, après quatre ans, en 1929, il obtient son diplôme de graveur et de lithographe. Après quelques mois poussiéreux passés chez un ancien imprimeur-graveur dans le quartier du Marais, tout en suivant des cours de dessins le soir à Montparnasse, il entre à l'atelier Ullmann, spécialisé en publicité pharmaceutique, employé en tant que dessinateur de lettres sur papier, rôle qui consiste essentiellement à réaliser à main levée des caractères d'affiche. Le dessin et la gravure commencent à être à cette époque supplantés par la photographie, c'est en compagnie du photographe de la maison, Lucien Chauffard que Robert Doisneau fait ses premières armes, il apprend sur le tas avec une chambre en bois, découvre les règles du maniement de l'appareil et effectue ses toutes premières compositions.

      • En 1931, il rejoint en tant que photographe assistant, le sculpteur et photographe André Vigneau qui lui enseigne les rudiments de la photographique, la stylisation des formes et l'exploitation de la lumière. Dans l'atelier de Vigneau, il croise le peintre Raoul Duffy et les frères Prévert, proches des cercles surréalistes et du groupe, « Octobre ».

      • En 1932, il fait l’acquisition d'un nouvel appareil, un Rolleiflex 6 x 6 qui lui permet une plus grande liberté. C’est cette année là, qu’il vend son premier reportage photographique, publié dans les colonnes du quotidien, l’ « Excelsior ».

      • En 1933, suite à ses obligations militaires, il quitte Paris et André Vigneau. A son retour en 1934, il épouse Pierette Chaumaison et rejoint grâce à Lucien Chauffard, devenu chef du service photographique du groupe Renault, les usines de Boulogne-Billancourt, qui le recrute en tant que photographe industriel chargé de documenter les chaines de montage, les bâtiments et de réaliser des publicités.

      • En 1936, il assiste au mouvement du Front Populaire, durant les grèves d'été, il prend connaissance du « Manifeste du parti communiste » de Marx et Engels. En 1937, il s'installe avec sa femme à Montrouge.

      • En 1939, suite à des retards répétés, il est renvoyé de chez Renault, désormais sans emploi, il s'engage dans la photographe en indépendant. Il s’équipe d'un agrandisseur qu'il installe dans son appartement. C'est par l'entremise de la photographe hongroise, Ergy Landau, collaboratrice de Lucien Chauffard, qu'il fait la connaissance de Charles Rado, à la tête de l'une des principales agences photographiques parisiennes, « Rado Photos » qui lui confie sa première commande officielle, un reportage sur la descende en canoë de la Dordogne. Mais à peine sur place, il est mobilisé à la fin août, dans le 81eme régiment de chasseurs à pied et est envoyé en Alsace en tant qu'observateur téléphoniste. Malade, il est réformé temporairement et rejoint Paris en avril 1940, et suit l'exode jusqu’au Poitou. A la fin de l'année 1940, il regagne son appartement de Montrouge.

      • Durant l'occupation, avec la naissance de sa fille en 1942, Annette, il répond à toutes sortes de commandes possibles, afin de pouvoir nourrir sa famille.

      • En 1945, il collabore en même temps qu'Henri Cartier-Bresson et Jean Séeberger, au sein d'« Alliance Photos », en octobre, il est envoyé à Aix en Provence pour dresser le portrait de l’écrivain, Blaise Cendras, une rencontre décisive pour Doisneau.

      • Un an plus tard, en 1946, il rejoint « Rado Photos », qui vient tout juste de rouvrir et rebaptisée en « Agence Rapho », avec laquelle Doisneau reste fidèle jusqu'à la fin de sa vie, l'agence avec la nomination d'un nouveau directeur, Raymond Grosset, attire un bon nombre de jeunes photographes, Willy Ronis, Sabine Weiss, Emile Savitry. Durant cette période il fait de nombreuses connaissances, celle de Pierre Betz, éditeur de la revue, « Le Point », de Pierre Courtade, rédacteur en chef du nouvel hebdomadaire communiste, « Action », avec lesquels il collabore.

      • En 1947, naissance de sa seconde fille, Francine, année ou il obtient le prix Kodak pour le meilleur jeune talent. Dès 1948, il entame un projet avec Blaise Cendras, Doisneau réalise les images alors que l'écrivain effectue les mises en pages et écrit les textes en articulant le recueil, ouvrage qui à la fin 1949 est publié sous le titre de « La Banlieue de Paris », en étant son tout premier ouvrage monographique.

      • Il se crée un réseau d'amis et complices qui se partagent une même passion pour le Paris populaire et insolite. Le groupe se réunit dans la boutique de Robert Miquel, dit Romi, antiquaire au 15 rue de seine, à l'intérieur de laquelle en 1948, il réalise une série de photographique intitulée, « La vitrine de Romi ».

      • Chez Romi, il croise, l'historien Jacques Delarue, Michel Ragon, jeune critique d'art et Robert Giraud, ancien résistant et poète des zincs parisiens, qui l’initie au monde de la nuit, c'est en compagnie de ce dernier, que Doisneau mène de nombreuses virées nocturnes dans les bars et cafés. En face de chez Romi, il fréquente le bar tabac, chez Fraysse ou il rencontre le tout jeune sculpteur Cesar, le comédien, Maurice Baquet et les frères Prévert. Dès lors une amitié avec Jacques Prévert s'installe durablement, le poète lui apprend à chercher le merveilleux dans le quotidien.

      • Il participe au Groupe XV, rassemblant des photographes avec pour principaux objectifs de faire reconnaître la photographie comme moyen d'expression artistique à part entière ainsi que de sauvegarder le patrimoine photographique français.

      • En 1949, il est engagé en qualité de collaborateur permanent, au sein du magazine « Vogue », avec lequel il travaille jusqu'en 1951.

      • En 1950, suite à une commande pour le Life magazine, il effectue une série sur les amoureux de Paris au lendemain de la Libération, certains de ses clichés sont des mises en scènes réalisées avec des étudiants en théâtre du cours Simon qu'il a rencontrés à la terrasse d’un café parisien, c'est lors de cette série que nait la plus célèbre de ses photographie, celle du « Baiser de l'Hôtel de ville », à partir de ce moment, il devient une référence de la photographie française contemporaine, autant en France qu'a l'étranger.

      • En 1951, avec Henri Cartier-Bresson, Brassaï, Willy Ronis et Izis, Doisneau participe à l'exposition au Museum of Modern Art de New York « Five French Photographers » organisée par Edward Steichen, grâce à celle ci, il connait la consécration.

      • De 1950 à 1956, il publie six ouvrages différents autour d'un seul thème, celui de Paris, dont « Les parisiens tels qu'ils sont », « Instantanés de Paris », « Pour que Paris soit », et « Gosses de Paris ».

      • En 1955, il est sélectionné pour la nouvelle exposition « The Family of Man » d'Edward Steichen, effectuée de nouveau au MoMA.

      • En 1956, il est récompensé par le Prix Niepce de l'association, « Gens d'Images », qui salue le développement de son œuvre de l'après guerre.

      • En 1960, il se rend aux États Unis, parcoure le territoire américain, effectuant des reportages à New York, Hollywood et Palm Springs, il photographie l'acteur Jerry Lewis sur un tournage et profite pour faire de nouvelle photos de son ami Maurice Baquet qu'il retrouve à New York. En 1966, il voyage au Canada, photographiant la ville de Montréal.

      • En 1967, suite à une commande du quotidien de la CGT, « La vie ouvrière », il réalise un reportage en URSS sur les réalisations du cinquantenaire du pays, série intitulé « 50 ans de réalisations soviétiques ».

      • En 1973, sortie du film documentaire sous forme de montage, « Le Paris de Robert Doisneau », réalisé par François Porcile, comportant des images de Paris et des Parisiens saisis par son objectif à 30 ans d'intervalle, rendant compte de la transformation du paysage de la capitale, du Paris des bombardements à celui de 1972.

      • En 1975, il est invité d'honneur en compagnie d'André Kertesz aux 6eme Rencontres de la photographie d'Arles.

      • En 1981, réalisation du second film de François Porcile, intitulé, « Poète et piéton », lui rendant à nouveau hommage. La même année il se rend à New York.

      • En 1983, le ministère de la Culture lui décerne le « Grand Prix national de la photographie », récompense attribuée à un photographe installé en France, pour l'ensemble de son œuvre.

      • En 1984, il participe à la Mission photographique de la Datar, commande publique passée à douze photographes qui a pour objectif de représenter le paysage français des années 1980, ce qui permet à Doisneau d'explorer à nouveau la banlieue, en réalisant des clichés en couleur.

      • En 1986, il obtient le Prix Balzac créé par Bernard Grasset dans les années 1920, pour primer les ouvrages de sa maison d’édition.

      • En 1992, Sabine Azéma réalise « Bonjour, Monsieur Doisneau », film sous forme d’interviews, dans lequel l'actrice s'amuse à questionner le photographe, autant sur sa vie que sur son oeuvre, sur des sujets aussi divers qu'importants que ceux de la lumière de Paris, des piliers de bar et la beauté des femmes.

      • La même année, le « Modern Art Oxford » organise une rétrospective, la dernière réalisée de son vivant.

      • En 1994, quelques mois après sa disparition, le festival des Rencontres de la photographie d'Arles, lui rend hommage.


« Si je savais prendre une bonne photographie, je la ferais chaque fois. » Robert Doisneau


Robert Doisneau est l'une des figures majeures du courant de la photographie humaniste française. Il collectionne les baisers, les gamins, les ouvriers à l'usine, les vacances, les mariages, les gens du monde, les anonymes, les artistes, Paris et sa banlieue, il est un philosophe de la photographie par excellence.

Ses images spontanées, transpirent toujours la gaité, le bonheur, le bien être, l'humour d'une façon poétique. Pendant près de soixante années de vie, il accumule plus de 500 000 clichés représentant une œuvre riche et diversifiée. Il est le photographe des instants minuscules, du quotidien élémentaire, ne se prenant jamais au sérieux, il dit sans arrêt : « Moi, la photographie, j’y connais rien du tout. », mais la photographie le connaît bien et l’a rencontré souvent au détour de bien de ses images.

Il se considère en tant que pécheur d'images par opposition aux photographes chasseurs, son style est avant tout la recherche d'une simplicité, d'une immédiateté et d'une économie de moyens, une volonté de ne pas se disperser, pour demeurer toujours en alerte, léger, mobile et à l'affut du monde. Il est un passant patient qui conserve toujours une certaine distance vis-à-vis de ses sujets, il guette l'anecdote, la petite histoire, ses photographies sont empreintes d'humour, de nostalgie, d'ironie et de tendresse. Infatigable arpenteur des rues parisiennes et de ses faubourgs, il enregistre les artisans, les bistrots, les clochards, les gamins des rues, les amoureux, les bateleurs.

« Un centième de seconde par ci, un centième de seconde par la, mis à bout, cela ne fait jamais qu’une, deux, trois secondes chipées à l’éternité. » Robert Doisneau

Lorsqu'il débute à l'age de 13 ans son apprentissage de graveur à l’École Estienne de Paris, de ces leçons, il se souvient comme d'une technique obsolète, dont la maîtrise passe par des heures d'ennui à recopier des plâtres d'empereurs romains, il est de suite attiré par la rue, où la lumière est belle et nuancée et où les gens sont vivants, avec son premier appareil photo, un 9x12 en bois, la rue devient son terrain de jeu favori, il y s'immerge au sein du milieu artistique en découvrant les photographies d'André Kertész, Man Ray et Brassaï. Il vend au quotidien Excelsior son premier reportage réalisé sur les marchés aux puces. Ses premières images sont travaillées à la loupe, des gros plans de détails, de choses qui d'ordinaire passent inaperçues, il photographie une bouche d'égout, un tas de pavés et dès lors s’intéresse au mouvement, au flux de la vie dans les rues de la capitale.

« La rue me semblait être la voie. » Robert Doisneau

En 1933, à 21 ans, Robert Doisneau entre au service photographique des usines Renault à Boulogne Billancourt. Il est mandaté par la marque pour une double tâche, d'une part de contribuer à diffuser la marque en réalisant des réclames publicitaires de prestige pour des brochures, et d'autre part à constituer des archives sur tout ce qui concerne la vie de l'usine, les ouvriers, les chaînes de montage et les ateliers de fabrication. Deux mondes totalement inconnus pour le jeune photographe, dans lesquels il s'immerge avec un professionnalisme naissant et un humanisme qui s’ancre dès le départ. Il s'efforce de mettre en valeur les automobiles de la régie avec parfois des femmes raffinées, des élégantes à la mode de leur temps. Il est l'un des pionniers de la publicité avec toutes les mises en scène qui découlent de ses images, il associe la douceur de la féminité à la puissance de la voiture. Ces réclames féminines contrastent avec ses images des hommes qui travaillent durement dans le cambouis et la graisse des machines, des images qui dès lors s’inscrivent dans le courant de la photographie humaniste. Humaniste car elle oscille entre deux pôles, d’une part la poésie touchante et la vie quotidienne, d’autre part le contrat social plaçant au centre la figure humaine, accordant au plus humbles, un traitement réservé habituellement aux plus grands. L'un des usages de sa photographie est destiné à valoriser la production faite par les ouvriers. Doisneau s'intéresse aux différents lieux et moments de la vie ouvrière, il passe de la cantine, s'invite durant les pauses, parcoure les vestiaires, réalisant de remarquables portraits de ceux qui travaillent sans relâche. Progressivement il se fond avec eux, et les photographie de plus près avec une tendresse respectueuse, toujours soucieux de ne pas les déranger.

La frontière entre photographie de commande et photographie choisie s'estompe au fur et à mesure qu'il se familiarise avec le lieu. A la suite de retards répétés, il est licencié en 1939. De ces cinq années qu'il passe chez Renault naît une prodigieuse collection d'images précieuses qui témoignent de cette entreprise mythique. Les usines Renault sont l'emblème d'un développement économique sans précédent, associé à celui de la voiture, symbole de liberté, permettant aux français de vivre leurs premiers congés payés dès 1936.

Il décide alors de se tourner résolument vers la rue, retrouvant l'un des thèmes qui lui est cher, celui des enfants, devenat son leitmotiv, qui lui-même en est resté un, ils constituent ses premiers modèles avec des clichés qui illustrent tout l'amour qu'il porte pour cet âge naïf et privilégié. Dans les années quarante et cinquante il mitraille à Paris les mômes, gamins, gosses, gavroches, poulbots, chenapans, cancres à la Prévert et continue à le faire jusqu'à la fin de sa vie.

Juste après la Seconde Guerre mondiale, il collectionne les images, à force de flâner dans la capitale, dans sa banlieue, jusqu’en bord de Marne, de jours en jours, il remplit sa sacoche d’images insolites, il s’invite dans les cafés, parcoure le pavé à la recherche du moindre baiser qui se jouent face à son appareil, il est un voyeur de tout les recoins de Paris, il enregistre dans sa boite noire, ceux qui vont deux par deux, joue contre joue, lèvres sur lèvres, bras dessus, bras dessous, il passe du Pont Neuf à l’Hôtel de Ville, d'un triporteur à ceux qui sont de retour du marché. Il lui suffit d’un simple coup d'œil pour réaliser des photographies inattendues, prise ou non sur le vif, des couples comme seul au monde, s’étreignant le temps d'une photo, période marquant le début des « trente glorieuses » ou ces hommes et ces femmes peuvent s’afficher au grand jour, en toute liberté, en pleine rue.

« La qualité d'un photographe doit être l'espoir du miracle contre toute logique. Une espèce de foi dans l'heureux hasard. N'importe quoi peut arriver. Je me fais un décor, un rectangle et j'attends que des acteurs viennent jouer je ne sais pas quoi. » Robert Doisneau

« Suggérer, c'est créer. Décrire, c'est détruire. » Robert Doisneau

Site officiel : Atelier Robert Doisneau

Ballade en famille, c.1930

Hélène Boucher au volant d'une Renault Vivasport, 1934

L'aviatrice Hélène Boucher, image pour une réclame de la société Renault vantant les mérites de la toute nouvelle automobile de la marque, affichant comme slogan, « La célèbre aviatrice, la plus rapide du monde, ne pouvait choisir que la sportive et fougueuse 6 cylindres Vivasport Renault, 130 à l'heure, 16 litres au 100, à partir de 27000 Frs. »

Le bonhomme à la craie, 1934

Déjeuner sur l'herbe, Renault, 1936

Photographie publicitaire réalisé par Doisneau pour la firme Renault en 1936. Les figurants sont des employés de la firme et des membres de leur famille, deux symboles dans une même image, chers au photographe, sa passion pour l’automobile et aux êtres humains.

Sur la Dordogne, 1939

Les jardins du Champ de Mars, Paris, 1944

La voiture fondue, Paris, 1944

Derrière leurs airs frondeurs, ces petits gavroches aux allures d'enfants perdus menés par un Peter Pan en culottes courtes, jouent leur vie dans leur bravade. Ces regards inquiets, amusés, confiants ou concentrés sont autant de miroirs d'histoires qu'ils sont condamnés à imaginer. Et loin d'être le fait d'une bande, le jeu commun d'un groupe égaré dans leur arche à eux, un vaisseau immobile est bien ce qui les plonge dans leur propre identité. Car à y regarder de plus près, de gauche à droite, ce sont autant de postures, autant d'imaginaires qui sont présents. A commencer, par une princesse apeurée, comme seule au fond de son carrosse doré, attendant, gênée, le départ de l'embarcation, à ses cotés, une seconde petite fille, le dos tourné, jette un œil alentour, comme si elle s'aventure au rebord d'un ballon dirigeable, les yeux sur le sol que l'on vient de quitter. Les mains sur le volant, le jeune garçon rejoue sa course automobile, fixant avec anxiété et bonheur ses concurrents imaginaires, ou comment l'effectuer en tête. Perché sur le toit, un second petit homme brandit sa tige de métal comme les rênes d'une diligence, plongé dans son Far West. Aux avant-postes, le meneur, distingué et confiant, petit Tom Sawyer libre et pensif, fixe l'horizon, assis sur la proue de ce bateau qu'il doit mener à bon port.

Concierge, rue Jacob, 1945

Chaine de Montage, Usine Renault, Boulogne-Billancourt, 1945

La Fontaine Wallace, Place St Sulpice, Paris, 1946

Chez Gégène, Bords de Marne, 1947

Café Noir et Blanc, Joinville-le-Pont, 1948

Regard Oblique, Paris, 1948

Robert Doisneau s'invite chez son ami l'antiquaire Romi au 15 rue de Seine à Paris, il se dissimule à l'intérieur, se cache derrière la devanture et braque son appareil sur les passants qui s'arrêtent devant la vitrine, ou un des tableaux exposé montre une femme nue. Inconscients d'être pris en photo, il laisse le naturel faire surface et attrape ses proies, il intitule sa série « La vitrine de Romi » puis la renomme avec humour « Le regard oblique ». Ce sont des mises en scène naturelles qu'il crée au travers de cette vitre qui lui sert de cadre, encadrant comme le tableau des poses suggestives, des comportements aussi savoureux que comiques de la part de ceux qui plongent leurs regards.

« La gesticulation de la rue, ça m’ennuie, pour moi il faut qu’il y est une intention, que ce soit vraiment subjectif, du faux témoignage. » Robert Doisneau

Le vélo du printemps, 1948

A Raizeux, la douche, 1949

La dernière valse du 14 Juillet, Paris, 1949

Le Baiser Blottot, Paris, 1950

Série Life

Le Baiser de l’Hôtel de Ville, 1950

Série Life

Suite à une commande du magazine Life, Robert Doisneau effectue un reportage sur les amoureux parisiens, en pleine recherche d'inspiration, prenant un verre sur la terrasse d'un bistrot près d'Invalides, il remarque un couple, les aborde, et apprend que les deux sont des apprentis comédiens, de suite il leur propose de poser. 30 ans plus tard, en 1986, son cliché édité sous forme de poster devient un succès planétaire, en 1992 ce concentré d'amour c'est déjà vendu à plus de 410 000 exemplaires, un record mondial sachant que les meilleures ventes de photos tournent généralement au environ de 15 000 exemplaires.

Life Magazine du 12 juin 1950

Le Baiser de l'Opéra, 1950

Série Life

Les amoureux aux poireaux, Paris, 1950

Série Life

Photographie aérienne, 1950

Le Ruban de la Mariée, 1951

La Fuite des Mariés, 1951

Cabaret l'Enfer, Paris, 1952

Un gardien de la paix habillé de sa cape flottante, une hirondelle comme on l’appelle à l’époque, qui rappelle aussi bien l'oiseau que la marque de son vélo, passe devant le numéro 53 du boulevard de Clichy qui abrite le cabaret l'Enfer, surprenant lieu à l’ambiance satanique, créé à la fin du 19ème siècle, sur sa porte d’entrée est sculptée une tête de diable aux yeux exorbités, de suite repérable. A l'époque le portier accueillait les clients par la formule « Entrez et soyez damnés ». Cet endroit devient un lieu de rendez vous incontournable pour les Surréalistes regroupés autour d'André Breton. En 1950, jugés comme un lieu de débauche et de provocation, tournant la religion en dérision, il est définitivement fermé puis quelques années plus tard racheté par la firme Monoprix qui le détruit afin d’agrandir son magasin.

Créatures de rêve, 1952

Photographie que Robert Doisneau avec humour, intitule « Créatures de rêve », il capte son ami Claude, allongé sur le lit, dans un moment de grande évasion, qui fume en rêvant à toutes ces créatures punaisées sur les murs.

« Pin-up deshabillables de 75 cm, Claude aime s’entourer de belles choses, sa femme m’a demandé, ce sont de vraies photos ou des dessins ? des dessins madame Mireille, que je lui répondis et elle me rétorqua, bien moi je ne suis pas comme tant d’autres, quand une femme est bien foutue, je suis la première à le reconnaître. » Robert Doisneau

Les pains de Picasso, Vallauris, 1952

A l'heure du repas chez Pablo Picasso qui est proche et ami du photographe, les deux complices n'hésitent pas à partager du bon temps ensemble. La photographie que réalise Doisneau ce jour là est un petit chef-d''œuvre, elle possède deux axes principaux, la pose de l'artiste et la mise en scène, le grand maître de la peinture cubiste avec un regard enfantin qui se porte vers l'extérieur, ayant les yeux dans le vague mais insistant. Il semble vouloir jouer, une image qui ne parait pas naturelle, on sent une mise en scène intéressante voulue par Doisneau, l'assiette, les couverts et le verre de Picasso sont posés sur la table et quatre pains sont disposés à l'endroit ou peux se trouver ses mains, les remplaçant par des pains, jeu de mot qu'adore effectué Doisneau, Pains et Peint avec les mains qui sont l'outil premier du peintre.

Rue Julien Lacroix, Ménilmontant, 1953

Le peintre du Pont des Arts, Paris, 1953

Fox-Terrier au Pont des Arts, Paris, 1953

Le Petit Balcon, Paris, 1953

Écoliers curieux, Paris, 1953

L’œil de Biche dans le rétroviseur, 1955

La Ronde des Pompons, 1955

Rue de Nantes, Paris, 14 juillet 1955

Calcul mental, 1956

La trottinette, Paris, 1956

La dent, 1956

La Pêche à Pénestin, Bretagne, aout 1956

La pendule, 1957

Musique de chambre, Maurice Baquet, Chamonix, 1957

Robert Doisneau et Maurice Baquet, c'est une longue histoire d'amitié, 57 années de complicité entre les deux artistes. L'un des grands photographes français immortalise son ami comédien et violoncelliste à de nombreuses reprises et sous toutes les coutures, dans des lieux les plus inattendus, dans l'eau, dans le métro, les skis aux pieds ou encore comme ce cliché réalisé en 1957 à Chamonix, ou il interprète un morceaux de violoncelle, niché en pleine montagne. Maurice Baquet est artiste tant au théâtre, qu’au cinéma, au violoncelle ou en montagne dont il est membre de l'équipe de France de ski pendant plusieurs années. Tel un aventurier, un acrobate musicien, entraîné par son instrument dans des situations les plus incongrues soigneusement orchestrées par son ami photographe qui s'amuse et joue avec son modèle fantaisiste, des images qui détende Doisneau. Maurice Baquet est l'un des personnages qu'il photographie le plus, en lui consacrant en 1981 un ouvrage intitulé « Ballade pour Violoncelle et Chambre noire », avec lequel il lui témoigne sa profonde amitié.

Décapotable, Nationale 98, 1959

Les Sables d'Olonne, Vendée, Août 1959

Affiches, Paris, 1959

Assistance spontanée, 1961

Plage de Deauville, 1963

Vénus prise à la gorge, 1964

Le pigeon indiscret, Paris, 1964

Vice à Versailles, 1966 - (Vice et Versa)

Sous les pavés la plage, Paris, c. 1970