Cornell Capa (1918-2008) né Friedmann Kornél à Budapest, photographe américain d'origine hongroise. En 1936, il quitte la Hongrie pour rejoindre à Paris son frère Robert Capa, avec l'intention d'y poursuivre des études de médecine. Ne parlant pas le français, il devient l’assistant de son frère, dans une chambre d’hôtel, la nuit, il développe et tire les photos de Robert, ainsi que celles d’Henri Cartier-Bresson et de David Seymour. Le jour il travaille au studio d'un compatriote et ami hongrois, le photographe Emeric Féher, qui lui permet de faire sécher les épreuves sur sa glaceuse. Influencé par toutes ces relations, il trouve dans la photographie, une voie et renonce à son ambition de jeunesse.

    • En 1937, il part en compagnie sa mère à New-York, il continue son travail de tireur auprès de l’agence « Pix ». Avec l’aide de son frère, il entre la même année au laboratoire photographique du magazine « Life », débutant ainsi sa carrière de photoreporter. En 1939 il effectue son premier grand sujet, celui sur la foire de New York, publié dans le journal « Picture Post ».

    • En 1941, il s’engage dans l’US Air Force et sert dans l’unité « Photo-Intelligence », jusqu’en 1945. En 1943, il obtient la nationalité américaine et adopte le même patronyme que son frère, Capa.

    • En 1946, il devient photographe permanent au sein le magazine Life avec lequel il travaille jusqu’en 1954 et continue par la suite une collaboration en free lance parcourant au départ les États Unis avant d’être envoyé en Angleterre. De 1953 à 1955, il est vice-président de l' « American Society of Magazine Photographers ».

    • En 1954, après la mort de Robert Capa, il rejoint l'agence Magnum Photos afin de faire perdurer l’esprit de son frère ayant co-fondée la célèbre coopérative. Suite au décès de son ami David Seymour en 1956, autre photographe fondateur de Magnum, il est élu président de l’agence, fonction qu’il occupe jusqu’en 1959. Il introduit l’idée auprès de grandes entreprises, d’illustrer leur rapport annuel en faisant appel aux photographes de Magnum.

    • En 1957 « Retarded Children Can Be Helped », sera son premier livre, issu d’un projet débuté en 1954 sur les enfants retardés mentaux. En 1958, il fonde la « Robert Capa - David Seymour Photographic Foundation » en Israël et réalise un sujet sur la compagnie de ballet du Bolchoï à Moscou.

    • En mars 1960, il couvre la campagne des élections primaires dans le Wisconsin, pour Life, et rencontre le jeune sénateur John F. Kennedy pour la première fois. Partisan d’Adlai Stevenson, candidat à la présidence qu’il suit en 1952 et 1956, il se laisse convaincre par le charisme dont fait preuve ce nouveau candidat qu’il est amené à photographier en juillet, à Los Angeles pour les assises nationales. Le sénateur Robert Kennedy élu, Capa le suit durant le reste de sa campagne présidentielle, signant de nombreux clichés d’anthologie.

    • Il décide de mettre en place un projet pour l'édition d'un ouvrage, racontant les 100 premiers jours de la présidence de JFK, en collaboration avec Elliott Erwitt, Henri Cartier-Bresson, Marc Riboud, Burt Glinn, Inge Morath, Constantine Manos, Nicholas Tikhomiroff, et Dennis Stock. « Let Us Begin: The First 100 Days of the Kennedy Administration » reçoit de suite un excellent accueil. Les images sont qualifiées par le Time « D’histoire instantanée ». Il signe de nombreux clichés d’anthologie dont sa photographie qu’il effectue en 1961 du président Kennedy assis dans son fauteuil à la Maison Blanche devient une photo symbolique.

    • En 1964, cette fois ci, il suit Robert Kennedy tout juste élu sénateur, et en 1968 dans la course à la présidence.

    • En 1965, suite à la disparition de nombreux magazines d’actualité, et face à l’avènement de la presse télévisuelle, il crée ICP, l’ « International Fund for Concerned Photography » à New York, en mémoire de son frère ainsi que des photographes qui sont morts dans l’exercice de leur profession. En 1967, il est envoyé en Israël pour couvrir la guerre des six jours.

    • En 1972, il se rend en Chine pour photographier la grande muraille, puis abandonne la photographie en 1974 pour se consacrer totalement à l’ « International Center for Photography », ce lieu entièrement dédié à la photographie dont il en assure les fonctions de directeur jusqu’en 1994, lui permet de conserver les archives photographiques de son frère et de présenter des photographes ayant marqué l’histoire du photojournalisme comme Werner Bischof, Leonard Freed, André Kertész, David Seymour, Dan Weiner et d'autre part de faire connaitre des photographes représentant des tendances artistiques de la photographie contemporaine.

    • En 1975, il est récompensé en recevant le « Honor Award » de l’American Society of Magazine Photographer, puis en 1999, on lui décerne le « Lifetime Achievement Award » de l’Aperture Foundation.

« L’époque dans laquelle j’ai grandi fait partie de ma conscience et de ma photographie. Je n’étais pas un photographe d’art et ne le suis jamais devenu. Je n’ai jamais photographié un paysage qui ne fasse partie d’une histoire. Si je voyais un paysan travaillant dans un champ-tâche qui lui était rude-, alors je prenais une photo d’un paysan avec un champ. Mais je n’ai jamais pris le champ sans le paysan. » Cornell Capa

Cornell Capa signe plusieurs couvertures, avec des portraits de Jack Paar, un célèbre animateur de télévision américain, de Grandma Moses artiste peintre, ou encore de Clark Gable en 1960 qu’il photographie sur le tournage du film « The Misfits », au côté de Marilyn Monroe. Parallèlement, il réalise des reportages sociaux sur la vieillesse en Amérique, documente la répression péroniste en Argentine avec un étonnant portrait de Juan Peron. Il se rend en Union Soviétique, pour un reportage sur les moines de l’Église orthodoxe. Il effectue plusieurs voyages en Amérique Latine qui aboutissent à la publication de « Farewell to Eden » en 1964, le premier ouvrage d’une trilogie, fruit de cinq années passés auprès des indigènes Amahuaca.

Surnommé « The Little Capa », le cadet de la famille a su acquérir une notoriété non négligeable, surtout outre atlantique, et plus particulièrement à New-York. Il est l'un des plus grands photographes du 20eme siècle. Il reste également dans les mémoires comme un humaniste qui a promu la photographie et le photojournalisme avec persévérance et talent tout au long de sa vie.

Il confie au journal Newsweek, en 1994, que du jour de la disparition de son frère, il est hanté par la question de savoir quoi faire des archives photographiques, et de quelle façon, voulant faire vivre l’œuvre de son frère Robert Capa.

« Les images isolées ne sont pas les plus représentatives de mon travail. Ce que je fais de mieux, ce sont plutôt des groupes de photos reliées entre elles qui racontent des histoires. Mes images sont les mots qui font des phrases, qui à leur tour, constituent l’histoire. Je ne fais pas d’images valables seulement du point de vue esthétique. » Cornell Capa

École du ballet du Bolchoï, Moscou, Russie, 1958

Il profite d'un moment d'ouverture et d'un accès plus facile pour se rendre en URSS en 1958, sous l'ère de Nikita Khrouchtchev qui instaure une certaine liberté dans le domaine des arts. Capa peut alors pénétrer les coulisses du ballet du Bolchoï à Moscou afin de réaliser un reportage. Image dans laquelle il capte l'élégance, la grâce et l'agilité de trois ballerines à l'entrainement, un main sur la barre, répétant inlassablement leurs pointes, face à un large miroir en bout de salle.

Ticker-Tape Parade for Senator and Mrs. John F. Kennedy

on Broadway, 1960

John Fitzgerald Kennedy at the first meeting

Maison Blanche, 1961