Roger Parry (1905-1977) photographe français né à Paris, issu d’une famille modeste, dans sa jeunesse, il se trouve rapidement des affinités pour le dessin. Encouragé par ses parents, il rentre en 1922 à l’École des arts appliqués et débute sa carrière en tant que décorateur pour le magasin Printemps.
A partir de 1927, il dessine des illustrations et des affiches pour la NRF (Nouvelle Revue Française). En 1928, il découvre les richesses de la photographie auprès de Maurice Tabard qui l'initie, en devenant son assistant au studio de photographie publicitaire Deberny-Peignot. Il découvre et expérimentent les procédés alternatifs, en s’inspirant des travaux de Man Ray et du courant photographique nommé la « Nouvelle Vision », courant de plus en plus sollicité par les publicitaires. Il illustre le recueil de poèmes « Banalité » de Léon Paul Fargue pour lequel il est reconnu par la profession. Son nom s'affiche dans les expositions qui le font apprécier des milieux intellectuels, il participe aux expositions collectives qui réunissent de nombreux talents de l’époque comme André Kertész ou Man Ray. Il devient portraitiste attitré des éditions Gallimard.
A partir de 1931, il est chargé de la promotion de romans publiés à la Nouvelle Revue Française qui lui commande plus de 200 couvertures pour des collections populaires. Il voyages et effectue des photoreportages, il parcoure l'Afrique en 1930, puis Tahiti en 1932. Ses photographies sont rassemblées dans un ouvrage, intitulé « Tahiti » et publié en 1934, élaboré avec la complicité de André Malraux.
Réformé en 1939, il continue sa carrière de photographe en indépendant, tout en intégrant pendant la Seconde Guerre mondiale, la rédaction de Match et de Marie-Claire, avant de rejoindre le magazine « La semaine » pour lequel il effectue des clichés de la scène parisienne du Paris occupé, il photographie les galas, les expositions ou encore les pièces de théâtre, période durant laquelle la vie culturelle continue malgré tout.
En août 1944, il rejoint le Comité de Libération des reporters photographes de presse après avoir photographié le soulèvement populaire de Paris. En tant que correspondant de guerre, il suit ensuite les Alliés jusqu'au printemps 1945, de l'Alsace à la poche de Royan. A la fin de la guerre, il entre à Photo-Presse Libération, puis à l'AFP, agence France Presse, qui l'envoie en Allemagne réaliser un reportage sur camps de prisonniers, les usines Krupp endommagées et couvre la visite officielle du Général de Gaulle à New York en 1945 et la Conférence de Moscou en 1947. Vers la fin des années 1940, il délaisse progressivement le reportage de presse terminant sa carrière de photoreporter.
A partir de 1948, aux côtés d’André Malraux, il collabore aux collections de la « Galerie de La Pléiade » et de « l’Univers des formes » dont il est le directeur technique pour les premiers volumes, révélant ainsi la vaste palette de ses talents d'illustrateur, de graphiste, de maquettiste et de photographe.
Connu pour son travail réalisé entre 1929 et 1932, il est un photographe qui innove différents procédés photographiques, la double exposition, le photomontage, le photogramme, la solarisation, le recadrage, les éclairages ou encore les perspectives. Il est resté toute sa vie dans l’obscurité du labo photo et de la chambre noire, homme invisible dans l’ombre des écrivains et la pénombre des agences de presse, un fantôme sous la protection des éditeurs et qui connait la discrétion efficace du faussaire appelé à reproduire les œuvres d’Art. Il cherche à concilier tout au long de sa carrière, l'art de voir et celui de faire voir. Il est un zappeur, d’avant l’heure, un publicitaire, un réalisateur d’affiches, de couvertures de romans policiers, d’œuvres littéraires et un metteur en scène de livres d’Art.
Il est non seulement un photographe mais aussi un artiste dont les photographies témoignent de sa curiosité et de sa créativité. A l'aide d'images aussi dépouillées qu'efficaces, il introduit dans cet art appliqué qu'est la photographie publicitaire les audaces formelles des avant-gardes. La richesse et la nouveauté de ses méthodes sont fondées sur l'usage simultané de différentes techniques où il excelle. Il ose innover en mélangeant des savoir-faire établis par les corporations trop délimitées de l’édition. Il met en œuvre et associe avec bonheur toutes les technologies de son époque, la photographie avec mise en scène et éclairage de studio, les techniques avancées de laboratoire photo ou encore de peinture, dessin traditionnel, typographie, montage, mise en page, quand ce n’est pas un assemblage de tous ces procédés pour arriver à une image parfaitement maîtrisée.
Boulevard Poissonnière, Paris, 1943
Notre-Dame de Paris, 1945