Ernst Haas (1921-1986) Photographe autrichien né à Vienne, il y fait ses études de médecine puis de peinture à l’Institut des Arts Graphiques qu’il doit quitter à cause de ses origines juives. Au début des années 1940 il se tourne vers la photographie puis vers le photojournalisme après la guerre. En 1946, il travaille en Suisse pour le magazine DU avec Alfred Kubler, c’est là qu’il rencontre Werner Bischof qui deviendra son ami. En 1947 un reportage sur le retour des prisonniers de guerre le rend célèbre. Aussitôt publié dans les grands magazines internationaux, ce travail d’un jeune débutant vaut à Ernst Haas d’être contacté par Robert Capa qui lui propose, en 1950, de rejoindre l’agence Magnum qu’il vient tout juste de fonder avec Henri Cartier-Bresson, David Seymour et George Rodger, il en prendra la présidence en 1959. Avec son ami suisse Werner Bischof, ils deviennent, à moins de trente ans, les deux premiers photographes cooptés par les fondateurs de Magnum.
En 1951 il part alors s’installer à New York et réalise ses premières photo en couleurs dans le désert du Mexique. C'est le début de ses recherches personnelles sur l'usage de la couleur en photographie. Il fut le premier et seul photographe de Magnum à travailler en couleur. Il entame une longue collaboration en indépendant avec le magazine LIFE dont il devient progressivement le photographe vedette, mais aussi Vogue, Esquire et Look. Ses premiers travaux avec la couleur ont tellement été bouleversants et révolutionnaires à l’époque qu’en 1953 le magazine LIFE y consacra 24 pages, dans 2 numéros consécutifs. L’article original avait pour titre « Images d’une ville magique » ( Images of a magic city). Il multiplie ensuite les reportages pour les plus grands magazines, publie des livres et travaille sur de nombreuses campagnes publicitaires. C’est avec ces photographies très colorées que son nom est le plus souvent associé. Certains critiques considèrent alors son travail comme « trop commercial ». Mais parallèlement à ces travaux commandités, il poursuit une œuvre personnelle avec des images plus ambigües, plus marginales, plus complexes, plus libres. Il a été le premier photographe à avoir un « one man show » en couleur au MoMA à New York en 1962 avec Edward Steichen et John Szarkowski comme commissaires d’exposition. Bénéficiant d’une consécration internationale, Ernst Haas crée à New York son propre studio et multiplie les travaux de commande pour la presse internationale, le cinéma, le sport, la publicité et les villes comme Paris, Venise. Il reçoit plusieurs prix. À partir de 1964, il travaille pour le cinéma et la TV (The art of seeing). En 1971 paraît « The Creation » qui sera vendu à 350 000 exemplaires.
Ernst Haas est considéré comme l’un des photographes les plus importants de la seconde partie du XXème siècle, il est le précurseur de la photographie couleur. Parmi tous les sujets qu’il lui a été donné de photographier, il en est un qu’Ernst Haas affectionne tout particulièrement ; la ville de New-York. Pendant près de 40 ans il a photographié cette ville dont il rêvait alors qu’il n’était encore qu’un gamin en Autriche. Pour ses premières séries de photographies en noir & blanc sur New York, c’est la complexité architecturale et les lignes abstraites des paysages qui ont inspiré Haas. Plus tard, c’est le mouvement et les couleurs vives de la ville qui lui ont donné envie de réaliser ses toutes premières séries de photographies couleur sur film Kodachrome.
Sa grande affaire sera la couleur… Assez solitairement car à l’aube de la deuxième moitié du XXe siècle, la photographie en couleur pâtit encore d’un ostracisme certain, il se consacre à des études sur le mouvement en couleur et développe une imagerie lumineuse et relativement abstraite de l’univers urbain. Il introduit la couleur dans l’univers de l’image documentaire. Américain de cœur, son ouvrage, « In America » est une ode à l’imaginaire des grands espaces et des mythes fondateurs de l’Amérique profonde. Ernst Haas a fait de la couleur elle-même l’objet de son œuvre. Aucun photographe n’avait travaillé avec autant de succès à exprimer la joie pure, physique, de voir.
Haas exprimait la volonté d'utiliser la photo comme une langue universelle. Son œuvre en noir et blanc fut éclipsée par ses recherches sur la photographie couleur dont il fut l'un des précurseurs. Son travail connu un immense succès et il devint dans les années 1960 et 70 un modèle pour la communauté des photographes amateurs. Haas est véritablement considéré aujourd’hui comme le « père de la photographie couleur ».
À ce jour, l’œuvre d’Ernst Haas, pourtant extrêmement diffusée de son vivant, reste partiellement méconnue, souffrant sans doute d’une trop grande proximité avec l’époque qui l’a vu naître.
« L'appareil-photo ne fait pas de différence. Tous peuvent enregistrer ce que vous voyez. Mais, vous devez voir. » Ernst Haas
Site Officiel : Ernst Haas
« Photographier des nouveautés ne m’intéresse pas, je cherche à voir les choses sous un jour nouveau. Dans ce contexte, je suis un photographe qui a les problèmes d’un peintre et le désir de découvrir les limites de l’appareil afin de les dépasser. » Ersnt Haas
Binoculars, Battery Park, New York, 1952
Locksmith, New York, 1952
Car showroom, New York, 1953
Ivy Nicholson, La Terre des pharaons de Howard Hawks, 1954
Silk Reflection, New York, 1955
New York City, 1957
Taxis on Park Avenue, 1958
Cambridge, UK, 1960
New-Orleans, 1960
Times Square, New York, 1962
Albuquerque, New Mexico, 1969
Pô Valley, Italy, 1970
Red Rose, 1970
New-York City, 1975
Diane Keaton, Woody Allen, Guerre et Amour, 1975
New York City, 1978
Red Tulips, Japan, 1980
New-York City, 1980
New York City, USA, 1981
Calla Lily, Munich, 1982