Martin Munkacsi (1896-1963) photographe hongrois, né à Kolozvar, issu d’un milieu modeste. A Budapest, jeune reporter, il travaille essentiellement comme photographe de sport, en s'imposant rapidement avec des reportages et photos d’événements sportifs. Son appareil en main, il est par hasard le témoin d’une rixe mortelle, réalisant des clichés de la scène de bagarre grâce auxquelles l’accusé est innocenté, s’étant trouvé au bon endroit au bon moment, il est de suite reconnu en tant que photographe.


Il est l'un des plus illustres pionniers du photojournalisme moderne, photographe le mieux payé de son temps, les étapes de son succès se nomment Budapest, Berlin et New York. il photographie les sportifs et danseurs en action, sort la photographie de mode des studios et met le médium statique de la photographie en mouvement, il peut appuyer en une seconde tout en prenant le temps de toujours réfléchir. Il marque une césure et révolutionne le domaine de la photographique, là ou il y a statisme, à présent il y a mouvement, là ou il y a répétition de formules stéréotypées, c'est son appareil qui prend place avec invention et émotion.

Avec un nouveau regard et une grande modernité, il travaille au sein de l’innovant « Berliner Illustrirte Zeitung » des éditions Ullstein, qui tire à l'époque à plus d’un million d’exemplaires, fournissant à l’hebdomadaire des reportages fascinants et des brillants essais photographiques, avec une structure formelle qui sert encore de modèle de nos jours, il associe constamment l’exactitude journalistique et l'esthétique.

Il ne se considère pas comme un photographe spécialisé dans le sport et la mode, il est un homme à tout faire, photographiant à Berlin, aussi bien, des caves transformées en appartements pour pauvres que les nobles logements des célébrités. Fasciné par des prises aériennes, il réalise des images d'avions comme des icônes de la technique et voyage lui-même en zeppelin jusqu’en Amérique du Sud, toujours empreint de cadence et de dynamique.

Il apporte un air nouveau dans la photographie, le rêve d'un monde différent, fait de mouvement, d’intuition, de rapidité d'exécution. La mode, le sport, mais aussi des photos volées dans les rues de Berlin sont ses sujets de prédilection, puis enchaine avec des photographies ariennes, des expérimentations visuelles hardies et des images de ses nombreux voyages.

Sa photographie apporte une fraicheur du regard, une touche ironique mais jamais banale, il est rapide comme les temps modernes l'imposent avec ses portraits ainsi que les inventions photographiques qui sont sa signature. Il installe une atmosphère qui fascine et ravit, une façon d’être léger sans rien concéder à la superficialité, élégant sans jamais devenir emphatique.

Son appareil de prédilection qu'il utilise est une lourde chambre reflex mono-objectif « Adams Minex », en bois, de format 4 x 5, équipée d'un objectif Tessar.

Avec lui la photographie de mode se renouvelle, au point que le jeune Richard Avedon, à peine âgé de 11 ans, fasciné par le travail de l'artiste, tapisse les murs de sa chambre avec les images de Munkacsi découpées dans des magazines, qui par la suite s'en inspire pour la réalisation de ses clichés sur la mode.

« Il a apporté un vent de gaité, d’honnêteté, un amour des femmes dans ce qui était avant lui un univers triste et mensonger, aujourd'hui le monde de la mode est fait de ses héritiers. » Richard Avedon

« Réfléchis et appuie sur le bouton. » Martin Munkacsi

Garçons dans les Vagues du Lac Tanganyika, Liberia, 1931

En 1928, Martin Munkacsi s'installe à Berlin, sa vision rigoureuse devient un modèle dans le domaine photographique, il effectue de nombreux voyages pour l’hebdomadaire, le « Berliner Illustrierte Zeitung » , c'est de là, qu'il rapporte cette image, au Liberia, premier État indépendant du continent africain, de trois garçons nus vues de dos entre sable et embruns, qui jouent dans les vagues sur les rives du lac Tanganyika, des silhouettes noires qui se détachent de l'écume blanche ou se reflètent les rayons du soleil, créant au sein de son cliché, une parfaite géométrie.

« Pour moi cette photo a été la flamme qui a attisé mon engouement, j'ai soudain compris que la photographie, en capturant l'instant, pouvait prétendre à l'éternité. C'est la seule photo qui m'ai jamais influencé, il y a une telle intensité, une telle joie de vivre, un tel émerveillement qu'elle me fascine encore aujourd'hui. » Henri Cartier-Bresson

Marianne Winkelstern, Londres, 1933

A Londres, ce jour là, il effectue cette image, celle de la danseuse et actrice allemande, Marianne Winkelstern, qui parapluie à la main, saute sur le trottoir par une journée pluvieuse, une photographie dans laquelle le statisme n'existe plus, c'est le mouvement qui est à l'honneur.