Isabelle MASSIN

Du fil à l’encre

estampes et techniques mixtes

exposition du 7 janvier au 7 février 2021 du jeudi au dimanche de 15h à 19h

en raison du couvre-feu à 18h les horaires sont modifiés à partir du 16 janvier : du jeudi au dimanche de 14h à 17h30

présence de l’artiste tous les samedis et dimanches



Gammes 28x38 © Isabelle Massin - photo Pierre Desmazières




Gorgonne 28x38 © Isabelle Massin

photo Pierre Desmazières

Isabelle Massin propose en janvier à Alter Art plusieurs séries de variations : « Du fil à l’encre ». Estampes, livres d’artistes, techniques mixtes, déclinent leurs lignes pleines ou brisées, leurs liserés de prédelles, aplats de festons, fragments de guipures, dans des teintes chaudes qui s’allient, se fondent ou vibrent.

Les œuvres sur papier sont essentiellement des gravures de petit ou moyen format, où l’artiste superpose souvent les matrices constituées à partir de matériaux récupérés. Pour certaines œuvres tirées en pleine page, l’artiste est intervenue directement sur les fonds par du dessin au trait, par des collages de photographies glanées au passage ; ces inclusions font naître des plans différents, créent une profondeur, une nouvelle géographie de l’œuvre. Vingt deux livres d’artistes viennent enfin restituer la mémoire de la recherche.

Le regard se construit au travers des transparences, revient au nuancier d’un fond, suit la ligne d’une construction, se déploie dans un espace à la fois rigoureusement construit et mouvant puisqu’il se recompose au fil de notre observation ; les éléments parfois se tuilent, voilent la vision.

« Dentelles oubliées

édentées malmenées déchiquetées

transformées recomposées revisitées colorées

dentelles magnifiées » écrit Isabelle Massin.

Certes le propos trouve ses origines dans la tradition dentellière de Bretagne. Mais l’artiste poursuit ici sa recherche graphique inspiré du motif qui est bien plus qu’un ornement. Algues, roches, textiles dévoilent leurs similitudes ; la gorgone des mers se trame, l’écume de mer se résille, la falaise se tisse...

Ces motifs recomposés sont comme l’ombre portée de détails - des miniatures du monde vivant. Ils témoignent de notre univers, des nœuds et liens qui l’animent, de la beauté même de ses fractures, au fil du trait, au travers des marques du temps -une mémoire sensible.

L’œuvre dessine ainsi un système d’échos métaphoriques entre les éléments ; et notre imaginaire prend son essor, voyageant du microcosme au macrocosme. On rêve à un drakkar face à telle association de fragments. On ne sait si telle ligne est bord de dentelle ou horizon d’un infini qui appelle. Le regard de l’artiste nous ouvre cet « espace intérieur au monde » dont parlait le poète Rilke :

« Un même espace unit tous les êtres :

espace intérieur au monde.

En silence l’oiseau vole au travers de nous.

O moi, qui veut grandir,

je regarde au-dehors, et en moi grandit l’arbre. »

Un art poétique du recommencement, gravé d’empreintes.

Janine Lautier-Desmazières (décembre 2020)

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